Les expéditions de pétrole et de GNL en provenance du Moyen-Orient et des pays du Golfe sont de plus en plus retardées, car les pétroliers et les méthaniers sont contraints de détourner leur itinéraire initial, via le canal de Suez.
Les attaques des Houthis contre la navigation commerciale dans la mer Rouge ont ainsi contraint de nombreux opérateurs à réacheminer leurs voyages via l'Afrique, ce qui a augmenté les temps de trajet, retardé la livraison des marchandises, perturbé les chaînes d'approvisionnement et augmenté les coûts d'expédition.
Le trafic des pétroliers a notamment été affecté par la menace qui pèse sur la navigation commerciale à proximité du détroit de Bab El Mandeb et de la mer Rouge, ce qui a incité les majors pétrolières à détourner le trafic via l'Afrique. Shell a été la dernière en date à interrompre toutes ses expéditions via la mer Rouge la semaine dernière.
A la mi-décembre, une autre grande major basée au Royaume-Uni, BP, a temporairement suspendu toutes les expéditions via cette route, «à la lumière de la détérioration de la situation sécuritaire du transport maritime dans la mer Rouge». Selon des estimations répercutées par Bloomberg, au 19 janvier, les pétroliers transportant près de 9 millions de barils de pétrole en provenance d'Arabie saoudite et d'Irak ont retardé leurs livraisons.
L’itinéraire, via le cap de Bonne-Espérance en Afrique augmente la durée du voyage entre le Moyen-Orient et l'Europe d'environ deux semaines par rapport à une transition par le canal de Suez, ce qui induit aussi des coûts plus élevés.
«Une itinéraire plus long augmente les tarifs de fret et immobilise les pétroliers et les porte-conteneurs plus longtemps que prévu initialement, ce qui signifie non seulement que les clients recevront leurs marchandises environ deux semaines plus tard que prévu, mais également qu'il faudra davantage de navires pour remplacer ceux qui transportent encore du pétrole, du carburant, des marchandises conteneurisées ou congelées sur les itinéraires les plus longs», indique Oil Price.
Les cargaisons de GNL expédiées vers l’Europe par le Qatar sont également retardées en raison de problèmes en mer Rouge. «D'éventuels retards de fret poussent les acheteurs italiens à se tourner vers d'autres sources d'approvisionnement», selon des sources citées par Platts. «Afin de maintenir les niveaux actuels d'exportations qataries vers le marché européen sans transiter par le canal de Suez, les Qataris devraient s'appuyer sur le marché spot des pétroliers pour apporter du tonnage supplémentaire afin de soutenir leurs activités commerciales», poursuit le média.
Les analystes de S&P Global ont déclaré que si la crise en mer Rouge se prolongeait, organiser des échanges ou réacheminer des cargaisons à destination de l'Europe serait une entreprise lourde pour le Qatar, compte tenu de son ampleur : le pays a envoyé 15,6 millions de tonnes de GNL vers l'Europe via Suez l'année dernière.
Plus globalement, les perturbations du trafic en mer Rouge devraient mettre à rude épreuve les chaînes d’approvisionnement et pourraient entraîner une hausse des prix des produits finaux, ce qui alimenterait l’inflation. L’Europe pourrait y être particulièrement vulnérable, le canal de Suez constituant sa principale transition commerciale maritime depuis l’Asie.