Les 72 heures du livre de Conakry se sont déroulées les 23, 24 et 25 avril 2022. Le thème des 72 heures cette année porta sur la sauvegarde du patrimoine et la paix sociale.
Le pays de Camara Laye a accueilli le lieu d’accueil de nombreux écrivains, universitaires et journalistes. L’importance donnée au livre durant la période de transition en ce moment en Guinée témoigne de l’intérêt des jeunes et des moins jeunes pour la lecture et pour les divers débats qui furent organisés durant les trois jours.
Dans la capitale guinéenne, Conakry, le message l’équipe organisatrice de la 14e édition des 72 heures du Livre était puissant et sans ambiguïté, à savoir le désir de faire de Conakry la capitale du livre africain.
La Guinée est un merveilleux pays de culture et de tradition. Le délégué général des 72 heures du livre, Sansy Kaba Diakité, son adjoint Mohamed Lamine Camara ont réussi un tour de force, celui de mobiliser les énergies pour confectionner un programme riche et attrayant pour tous, un programme composé de dédicaces d’ouvrages publiés en Afrique par les auteurs, des lectures d’extraits de romans, de poésie, des tables rondes, des ateliers de travail, des masters classes, des conférences suivies de débats, des expositions de peintures, des projections de films et de documentaires.
Ce rendez-vous du livre date de 2009 avec la création de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur décrétée par l’Unesco, tous les 23 avril, afin de célébrer les écrivains et bien entendu les livres de par le monde.
C’est pour cette raison que cet événement littéraire débute tous les ans un 23 avril. Alors, pourquoi 72 heures et non 24 heures. Sansy Kaba Diakité l’explique avec une pointe d’humour, qu’en Guinée «nous avons décidé 72 heures pour que chaque année, nous rattrapions le temps perdu» !
L’équipe organisatrice de L’Harmattan-Guinée est totalement habitée par l’idée de faire de Conakry la capitale du livre en Afrique. Ils y arriveront car rien n’est laissé au hasard, rien n’est négligé en termes organisationnel. Conakry en tant que capitale du livre africain inclut avec bonheur l’Afrique du Nord.
Cette année, le Maroc fut le pays «invité d’honneur». Les organisateurs pensent ensuite à l’Algérie et la Tunisie et bien entendu l’ensemble des pays africains, sans oublier Haïti. Rendre compte dans le détail de l’ensemble des trois jours mérite que l’on s’y attarde.
Les moments forts furent les cafés littéraires sur la question des femmes en littérature et dans l’entrepreneuriat, les tables rondes «Sous le Fromager» furent organisées autour de thèmes comme la réconciliation de la Guinée avec ses histoires, en posant la question «que transmettre» ?
Des débats fructueux sur l’histoire de la Guinée depuis la nuit des temps, un pays jeune et vieux à la fois furent significatifs. «Sous le Fromager» la question de la paix en général et de la paix sociale en particulier fut discuté.
En effet, la romancière franco-camerounaise CalixtheBeyala affirma que l’école de la paix devrait être le savoir-vivre pour qu’il n’y ait plus d’inégalités sociales. La paix, c’est apprendre à créer l’amour de soi et des autres. Le partage devrait être un élément essentiel de la paix entre les nations africaines. La romancière martela qu’il fallait respecter le lieu de respiration de l’autre.
Pour le poète Rachid Khaless, il fallait faire la paix avec soi-même et avec l’autre. Pour lui, il était impératif de créer l’Afrique de l’humanité car l’Afrique est le berceau de l’humanité. La jeunesse est à mobiliser et non à marginaliser, ce qui devrait être sans aucun doute un marqueur de paix. Le romancier Eugène Ebodé pense que toute guerre devrait permettre de repenser la paix en profondeur pour les futures générations.
Toujours Sous le Fromager furent discutés les lieux africains à consacrer comme patrimoine de l’humanité, ici l’histoire est à valoriser par les Africains eux-mêmes. Les nouvelles technologies et innovations au service du patrimoine furent également débattues. Promouvoir la richesse du patrimoine naturel guinéen et son appropriation par la population du pays fut un moment fort quant à la redistribution des richesses.
Il est important de signaler le débat sur le patrimoine, la littérature et le vivre ensemble, au Centre culturel Franco-guinéen de Conakry. Cette séance débat s’est tenue avec des étudiants avides de savoirs et qui posèrent des questions pertinentes quant au pourquoi il fallait passer par Londres ou Paris pour que les romanciers africains soient reconnus dans leur pays, en Afrique, et que fait-on des littératures écrites en langues locales ?
Le débat a abouti sur l’idée qu’il ne fallait pas opposer les langues entre elles et que l’essentiel était de pouvoir s’exprimer, de dire les choses dans toutes les langues.
Des conférences sur les littératures africaines eurent lieu à l’Université Gandhi de Conakry. Les 72 heures du livre de Conakry étaient placées sous le haut patronage de Son Excellence Colonel Mamadi Doumbouya et du Premier ministre Mohamed Béavogui qui a clôturé les 72 heures du livre de Conakry, rappelant l’importance de la lecture dans la construction d’une nation.
Les auteurs, les romanciers étaient nombreux à l’instar de Eugène Ebodé, Jean-Célestin Edjangué, Zalikatou Diallo, RabiaaMarhouch, Rachid Khaless, YamenManaï, Abdallah Baïda, Sékou Fofana, Philomé Robert, SanassyMbemba Camara, Christian Kader Keïta, Erick Monjour, Fodé Cissé, Hadja Fatoumata Fofana et bien d’autres…
Pour cette 14e édition, la ville guinéenne invitée fut Dalaba, une ville d’art et d’histoire, une ville où a vécu la grande chanteuse sud-africaine Myriam Makeba dont la maison sera réhabilitée en musée. A cette occasion une rue Rosa Parks et une rue Myriam Makeba furent inaugurée à Dalaba. Les 72 heures du livre furent une réussite, tout comme le SILA (Salon international du livre d’Alger) après la crise sanitaire mondiale.
Conakry, une ville accueillante, chaleureuse où l’océan Atlantique entoure la ville qui comporte une population jeune et dynamique. Les 72 heures du livre de Conakry a clairement attiré beaucoup de monde, avide de lecture, de connaissances et d’ouverture sur le monde.
Benaouda Lebdai,
écrivain