Un des soucis majeurs que pose la crise russo-ukrainienne à l’Europe aujourd’hui est de trouver des sources d’approvisionnement en gaz afin de ne plus dépendre de la Russie.
Une réunion extraordinaire du Conseil des ministres européens de l’Energie s’ouvrira demain lundi à Bruxelles pour discuter notamment de cette question de l’approvisionnement énergétique de l’Europe. Discuter de l’approvisionnement en gaz revient à évoquer le troisième fournisseur traditionnel de l’Europe qui n’est autre que l’Algérie.
Les capacités de production algériennes et qataries étant insuffisantes pour l’heure afin de suppléer au grand potentiel russe, des discussions ont déjà eu cours autour des possibilités de création de nouveaux passages pour le gaz algérien vers l’Europe.
L’Algérie fournit, pour rappel, l’Espagne et l’Italie, ainsi que le Portugal via des gazoducs traversant la mer Méditerranée. Les pays limitrophes de ces Etats arrivent à s’approvisionner également de ce gaz, mais les pays de l’Europe centrale sont en grande partie dépendants du gaz russe et de la Norvège.
Le potentiel gazier algérien est énorme, mais la consommation locale étant importante, les quantités exportées demeurent limitées. Le potentiel à explorer est, selon les experts, très prometteur notamment dans les réserves de schiste.
L’Algérie est classée troisième plus grande réserve de schiste au monde et de plus en plus de voix plaident pour son exploitation afin d’augmenter la production et donc les capacités d’exportation vers de nouveaux marchés. «Sa capacité d’exportation n’est pas extensible, et il est actuellement très difficile voire même impossible pour l’Algérie de pallier seule le gaz russe, en cas d’aggravation de la crise et de vide laissé par Moscou», indique Thierry Bros, expert en énergie sur le site de France24. Mais à l’avenir, l’Algérie pourrait, si elle développe ses capacités de production, devenir un acteur incontournable et majeur du gaz sur le marché international.
Selon un média espagnol, La Vanguardia, l’Otan étudierait même la question de l’acheminement du gaz algérien vers le centre de l’Europe. Les Etats-Unis auraient, selon des sources médiatiques, appelé les compagnies américaines opérant en Algérie à augmenter la production du gaz algérien destiné à l’exportation.
Sous le titre «Un gazoduc Espagne-Allemagne fait partie des plans de l’Otan», l’article du journal espagnol publié au début du mois indique que l’Otan examine «la possibilité de création d’une liaison transpyrénéenne afin d’acheminer du gaz algérien vers le centre de l’Europe où il serait stocké ainsi que l’activation de huit usines de regazéification situées en Espagne et au Portugal».
Le but, selon ce média, serait de transformer la péninsule ibérique en plate-forme de distribution de gaz susceptible de «corriger la forte dépendance de l’Allemagne et de l’Europe centrale au gaz russe». Ce plan mènerait à la remise sur le tapis du projet mort-né du corridor gazier méditerranéen «Midcat». «Le lancement d’une nouvelle liaison transfrontalière avec la France pour amener du gaz algérien au cœur de l’Europe est actuellement sur les tables de travail de l’Otan…
L’Allemagne est très intéressée par le projet», affirment des sources gouvernementales espagnoles au même média. Le Midcat a, rappelons-le, été enterré il y a trois ans par les régulateurs espagnol et français estimant que cette installation de plusieurs kilomètres de conduites de gaz ne seraient pas rentables dans un contexte de substitution rapide du gaz par les énergies renouvelables. Mais la donne plaide pour le gaz qui a encore de l’avenir car il demeure une source d’énergie essentielle.
Toutes ces discussions sur le gaz algérien vont-elles être suivies par un afflux d’investisseurs en Algérie à la recherche de projets dans le cadre de la nouvelle loi sur les hydrocarbures ? L’avenir nous le dira.