Le Parlement espagnol a voté, jeudi, une proposition réaffirmant le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination conformément aux résolutions des Nations unies, dénonçant le changement de position «unilatéral et illégal» du Premier ministre, Pedro Sanchez, sur le Sahara occidental.
Les députés espagnols ont, selon l’APS qui a rapporté l’information, approuvé une proposition non législative soumise par trois blocs parlementaires dénonçant le changement de position «unilatéral et illégal» de Sanchez concernant le conflit au Sahara occidental. Une résolution qui appelle à une «correction» de cette position et à appuyer les résolutions des Nations unies devant permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination.
Au cours d’intenses débats sur le Sahara occidental, les groupes parlementaires ont vivement dénoncé la position défendue par le Premier ministre, Pedro Sanchez, la qualifiant de «trahison» du peuple sahraoui, et exigé qu’il transmette un message «clair» au roi du Maroc que «le seul cadre que l’Espagne puisse défendre est celui de la légalité internationale soutenant le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination».
La proposition, qui a été présentée et votée, indique sans ambiguïté qu’«une partie du gouvernement espagnol – le Parti socialiste ouvrier espagnol – a modifié unilatéralement sa position concernant le conflit au Sahara occidental, en opposition aux résolutions des Nations unies et du droit international lui-même».
Ce vote, rappelle l’APS, soutient le rejet des prétendues solutions que l’occupant marocain tente d’imposer avec le soutien de certaines parties qui veulent contourner les dispositions du droit international garantissant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance, selon des sources sahraouies.
Les partis Podemos, La Gauche républicaine de Catalogne ainsi qu’EH Bildu (Réunir le Pays basque) ont soumis une proposition devant la Chambre des représentants dans laquelle ils dénoncent la «position unilatérale» de Sanchez soutenant le plan marocain de la soi-disant «autonomie» au Sahara occidental et appellent à la corriger, tout en mettant l’accent sur les résolutions des Nations unies en faveur de l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental.
Ce vote coïncide avec la visite qu’effectuait Pedro Sanchez, accompagné de son ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, au royaume du Maroc, jeudi dernier.
Aminatou Haïdar : «Madrid est le premier responsable de la souffrance des Sahraouis»
La militante sahraouie des droits de l’homme, Aminatou Haïdar, a souligné que le premier responsable de la souffrance du peuple sahraoui était le gouvernement espagnol qui «s’est rangé du côté de l’occupant marocain», dénonçant une nouvelle fois l’inaction des Nations unies face aux violations répétées par les puissances mondiales du droit international. «L’Etat espagnol est le premier responsable de nos souffrances et il sera un jour jugé. On nous a revendus comme en 1975. Cela renforce la répression de Rabat, car le pouvoir en place (en Espagne) est de son côté même s’il viole les droits des Sahraouis», a déploré Aminatou Haïdar lors d’un entretien accordé au quotidien espagnol El Punt Avui. Une réaction qui intervient après que le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a affiché le soutien de Madrid au plan marocain de la soi-disant «autonomie» au Sahara occidental, un revirement «soudain» de l’Espagne concernant le conflit dans la dernière colonie d’Afrique. «Des décennies d’intérêt personnel de la part de l’Etat espagnol, de l’Union européenne (UE) et des Nations unies, qui se rangent du côté de l’occupation marocaine, laissent la population sahraouie prise au piège d’un conflit gelé et à la merci d’un régime qui continue de piller un territoire sur lequel il n’a jamais exercé de souveraineté», a ajouté Aminatou Haïdar, présidente de l’Instance sahraouie contre l’occupation marocaine (Isacom). «Comment pouvons-nous faire confiance aux Nations unies si les puissances mondiales violent le droit international ?» s’est-elle interrogée, appelant une nouvelle fois l’ONU à «faire respecter la loi et à prévenir l’injustice qui viole ses principes». «Il faut agir avant qu’il ne soit trop tard. Nous avons déjà une guerre entre le Front Polisario et l’armée marocaine et je crains que les jeunes des zones occupées ne lancent d’autres actions violentes», a averti celle qui a reçu en 2019 le prix Right Livelihood, un prix «Nobel alternatif» décerné par une fondation privée suédoise.