Le travail de mémoire se poursuit entre l’Algérie et la France. Selon des informations rapportées par le média France Bleu, un travail de réhabilitation de cimetières d’Algériens déportés et emprisonnés durant la colonisation française est en train d’être effectuée sous l’égide d’un comité dirigé par Benjamin Stora, qui assure la coprésidence de la commission mixte algéro-française Histoire et Mémoire.
L’un de ces lieux historiques devant être réhabilités est le plus ancien cimetière musulman de France qui se trouve sur l’île Sainte Marguerite, dans la Côte d’Azur. «Pendant 40 ans, plus de 3000 déportés étaient emmenés de force sur l’île, précise le même média. Ces déportés s’opposaient au système colonial».
Selon Christophe Roustan Delatour, historien et directeur adjoint des musées de Cannes cité par France Bleu, il s’agissait d’«otages de marque, de prisonniers politiques». «Le plus grand cimetière musulman de France a donc été créé sur l’île, caché sous des arbres.
274 Algériens, des hommes, des femmes et des enfants y ont été enterrés. Des cercles de pierres en guise de tombe. Certains sont morts de maladie, la dysenterie ou encore le choléra. Des bébés de malnutrition, car le traumatisme de la guerre avait tari le lait des mères», souligne le même historien français. Ce cimetière est l’un des douze lieux datant du XIXe siècle que la Commission mixte algéro-française compte réhabiliter et valoriser à travers notamment des plaques commémoratives.
Les autres lieux concernés par ce travail de mémoire se trouvent à Toulon, Pau, Amboise, Sète, Agde, Porquerolles, Calvi, Corte, Ajaccio, la Guyane et en Nouvelle-Calédonie. La réhabilitation de ces sites de mémoire a été décidée par la Commission mixte lors de sa dernière session plénière du 25 janvier aux Archives nationales à Paris.
En effet, parmi les neuf propositions de travail, figurait la réhabilitation des cimetières des détenus algériens du XIXe siècle en France. Dans un communiqué rendu public le 3 février, la Commission mixte avait affirmé avoir décidé de poursuivre «l’identification et la recension des cimetières, des tombes et des noms des détenus algériens du XIXe siècle décédés et enterrés en France, et valoriser ces lieux de mémoire par l’apposition de plaques commémoratives».
Aussi, un site Internet sera dédié à ces lieux, sur lequel des précisions historiques seront données, notamment, sur les personnes qui y étaient emprisonnées. Ce point s’ajoute à huit autres dossiers retenus par la Commission mixte comme chantiers pour le travail de mémoire et de réconciliation entre les deux pays. Parmi eux, les archives, les restitutions de bien symboliques, la bibliographie, la création d’un portail numérique et la formation.
Ainsi, les biens de l’Emir Abdelkader, tels que son épée, son burnous, son Coran et ses canons seront restitués. Ceux d’Ahmed Bey et d’autres personnalités historiques algériennes aussi. «La Commission se félicite de la proposition faite par des musées français, comme le quai de Branly ou Le Louvre, de réaliser un inventaire des items provenant d’Algérie», avait précisé la Commission mixte qui a recommandé, entre autres, «le recensement des ouvrages traitant de l’histoire coloniale en Algérie dans toutes les langues et l’identification de ceux qui seraient à numériser ou encore à traduire».
Il est à rappeler que la création de cette commission mixte, composée de dix membres et chargée d’effectuer le travail de mémoire sous un angle purement historique, remonte à août de 2022, lors de la visite du président Emmanuel Macron en Algérie.