Pour Ahmed Attaf, la marginalisation du continent africain ne concerne pas que les Africains eux-mêmes et l’«Oran Process» œuvre à contribuer à réparer l’injustice historique imposée au Continent afin de lui permettre de porter haut et fort sa voix à l’international.
Les travaux de la 11e édition du séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique ont été clôturés hier après deux jours de débats et de concertation autour de thématiques qui concernent le Continent, à savoir notamment la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU et la mise en œuvre de la résolution 2719 sur le financement des opérations de maintien de la paix en Afrique.
Ahmed Attaf ministre des Affaires étrangères, son homologue ougandais, Ondongo Jeje Aboubakar, ainsi que Bankole Adeoye, Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, ont intervenu chacun de son côté à l’issue de cette édition considérée comme une réussite dans la mesure où elle continue à contribuer à l’unification de la voix africaine dans le concert des nations et à proposer des solutions aux problèmes internes.
Pour le ministre algérien, les conclusions de ce séminaire représentent une plus-value qualitative aux efforts du continent africain qui œuvre à relever les défis internes mais aussi externes qui se posent à lui dans un monde où le droit international est marginalisé, où les organisations internationales sont occultées et où le recours à la force est consacré avec l’application du concept des deux poids, deux mesures qui se manifeste de manière criante.
Là aussi le cas de la Palestine est donné comme un exemple vivant de ces dépassements dangereux et des mutations néfastes que connaît le monde d’aujourd’hui. Pour Ahmed Attaf, la marginalisation du continent africain ne concerne pas que les Africains eux-mêmes et l’ «Oran Process» œuvre à contribuer à réparer l’injustice historique imposée au Continent afin de lui permettre de porter haut et fort sa voix à l’international. Les défis sont aussi internes et là il s’agit de trouver des solutions africaines aux problèmes africains, car, précise-t-il, «nul ne peux répondre aux besoins des Africains que les Africains eux-mêmes».
«Redoubler d’efforts»
A ce sujet, l’idée est de «redoubler d’efforts pour contrer les ingérences étrangères et laisser de côté les divisions internes afin de reprendre les rênes de notre avenir». Le ministre ougandais, après avoir lui aussi évoqué les thématiques débattues lors des travaux, rappelle que le Continent renferme 55 pays où vivent 1,4 milliard d’âmes et c’est pour mettre en avant l’importance des programmes économiques et sociaux dans la lutte contre la marginalisation des pans entiers de la société constituant potentiellement des terreaux alimentant la violence, qu’elle soit d’essence idéologique ou pas.
«Nous avons tout intérêt à ne pas exporter nos ressources telles quelles, car avec seulement 5% de transformation, ce sont plus de 5 millions d’emploi qui peuvent être créés chaque année», explique-t-il. Bankole Adeoye, le Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’UA, considère pour sa part que le séminaire d’Oran est une occasion unique pour la constitution d’un front uni pour défendre les intérêts de l’Afrique, mais aussi pour contribuer à promouvoir la paix localement et dans le monde.
«C’est l’instrument qu’il faut pour monter en efficacité dans la coopération et trouver des solutions aux différentes crises», indique-t-il en citant également le rôle du Haut responsable de l’UA pour faire taire les armes, Mohamed Ibn Chambas.
Présidant les travaux du «Processus d’Oran» du fait que son pays, Djibouti, assume la présidence du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, Mohamed Ali Youssef est également intervenu, lors du point de presse organisé à l’occasion de la clôture, pour dire que les débats étaient riches, instructifs et que les résultats sont consensuels et vont servir de base aux travaux de l’UA. «Cette édition prouve qu’Oran process se poursuit et s’enracine», résume-t-il avant de répondre à une question concernant les ingérences étrangères.
Des ingérences qui se font, selon lui, sur la base d’intérêts nationaux ou sur les brèches laissées par la stratégie africaine de lutte contre le terrorisme datant de 2003 et qui est devenue obsolète et demande à être actualisée à la demande d’ailleurs de l’Algérie, rappelle-t-il.