Célébration du nouvel An Berbère 2972 à Béjaïa : Pour perpétuer les rites et la symbolique de Yennayer

09/01/2022 mis à jour: 18:59
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Photo : D. R.

Un riche et dense programme est prévu à travers plusieurs localités et villages pour raviver des traditions culturelles authentiques et plusieurs fois millénaires liées à Yennayer.

La célébration de Yennayer intervient, encore fois, dans un contexte de crise sanitaire dont le nombre de contaminations frôle les chiffres de la troisième vague, dans la wilaya de Béjaïa. 

À cet effet, les organisateurs des festivités relatives à ce jour de Yennayer, ont maintenu leurs activités tout en invitant la population, à travers les affiches événementielles élaborées à l’occasion, à respecter les gestes barrières. 

La direction de la culture de la wilaya, à travers leurs structures locales et en collaboration avec le mouvement associatif et les collectivités locales, se sont engagés à perpétuer les rites et la symbolique de Yennayer en mettant en place des animations culturelles et sportives à travers l’ensemble des communes et des établissements culturels et sportifs. 

Les programmes s’articulent autour de conférences, de concours littéraires, du théâtre et de la poésie ainsi que des exhibitions d’art martiaux, entre autres activités. 

Ça sera le cas, à titre indicatif, à Béni Maouche et à Taourirr Ighil où la DJS et des associations locales prévoient trois joutes sportives, l’exposition d’objets et de plats traditionnels et autres activités cultuelles comme la présentation de pièces théâtrales, de danse et de chorales. 

À Achlouf, les membres de l’association de la jeunesse pour le développement socioculturelle prévoient, en plus d’un programme culturel varié, une opération de reboisement avec la plantation d’une centaine d’arbres. 

Un riche et dense programme d’animation est concocté par plusieurs assemblées élues et les comités de villages pour raviver des traditions culturelles authentiques et plusieurs fois millénaires, liés à Yennayer. 

Le nouvel An berbère 2972 sera donc célébré, par d’exemple, par la commune d’Amizour avec la mise en place d’une projection de film documentaire revisitant les œuvres d’artistes emblématiques de la chanson kabyle, à l’instar de Slimane Azem, des conférences instructives autour du patrimoine kabyle immatériel et le rôle de la femme dans la promotion sociale, voire, son apport dans la transmission des valeurs ancestrales, en plus d’une vente dédicace de livre. 

«Aru-yi-d Ɣef Yennayer» (Ecris-moi sur Yennayer), est un concours du meilleur texte littéraire relatif à cette date, organisé par la maison de la culture de Béjaïa, ciblant les enfants de 10 à 15 ans.

Aubaine pour le tourisme local

Yennayer s’est imposé comme un rendez-vous incontournable pour les agences de voyages et de tourisme. Une aubaine pour ces entreprises qui endurent, depuis le début de la pandémie Covid-19, les contrecoups d’un ralentissement sans précédent de leurs activités. 

Indépendamment de l’engagement de la direction du tourisme et de l’artisanat dans les festivités, de plus en plus d’enseignes profitent du nouvel An berbère pour proposer des destinations culturelles, notamment, vers des villages consacrés par le concours du Village le plus propre de Béjaïa. 

Ainsi, des visites vers la région d’Iksilen (Béni Ksila) et au village Aguemoune Nath Amar, dans la commune de Taourirt-Ighil (Adekar) qui a remporté en 2020 la première édition du titre du village le plus propre de la wilaya de Béjaïa sont proposées cette année. 

Ces derniers ont su mettre à profit les atouts de leurs bourgades et le fruit de leur travail dans le domaine environnemental et du patrimoine pour attirer les visiteurs. 

Un deal gagnant-gagnant, puisqu’il arrange aussi bien les agences de voyage, leur client et ces petits villages qui comptent également sur cet événement pour renflouer les caisses du village en perspective de nouveaux projets, faire découvrir l’ingéniosité des villageois en matière de confection de produits artisanaux et la promotion des produits du terroir. 

En dehors de cet aspect lucratif et de villégiature, c’est également une occasion pour ces agences d’élargir leur éventail de produits touristiques et de faire découvrir, le temps d’une célébration de l’une des dates symbolique du calendrier berbère, la Kabylie. 

Les visiteurs peuvent non seulement profiter des activités culturelles et de l’animation qui sera présentée par les comités des villages, ils auront à découvrir les plats traditionnels offerts gracieusement, la poterie locale et autres produits du terroir qui seront exposés à la vente. 

En plus des agences de voyages, les restaurants et autres hôtels se rivalisent pour suggérer la meilleure formule et rapport qualité et prix incluant : gala artistique, défilé de mode, exposition et gastronomie. 

Dans le même contexte, l’Association Assirem Gouraya a prévu une sortie à la découverte des sites archéologiques de la ville de Béjaïa dans le cadre de là 4e édition de la Ballade culturelle de Yannayer. 

La contribution scientifique du CRLCA

Le Centre de recherche en langue et culture amazighes de Béjaïa ne manquera pas d’apporter sa contribution, afin de donner du contenu scientifique à cet événement. Ainsi, le CRLCA, pour qui la charge richement culturelle et identitaire de cette fête n’échappe pas, a choisi de célébrer Yennayer 2972 en organisant, le mardi 11 janvier, une journée d’études sous l’intitulé «Mohand Akli Haddadou : une œuvre, un apport, un repère», en hommage à ce défunt professeur, originaire de Chemini, décès en novembre 2018. Initiateur des études de la linguistique berbère en Algérie, Mohand Akli Haddadou est auteur d’une thèse sur les «structures linguistiques et signification en berbère», «en plus d’une vingtaine de titres entre guides, dictionnaires, almanachs, et autres ouvrages dont même des nouvelles. Son importante œuvre est pluridisciplinaire, touchant à la lexicographie, la toponymie, la littérature, la civilisation, etc.», selon le communiqué de presse du CRLCA. L’organisateur assigne à cette activité scientifique l’objectif de « servir scientifiquement tamazight, vulgariser l’œuvre du Pr Haddadou et valoriser sa contribution pour la promotion du patrimoine amazigh, et ouvrir de nouvelles pistes de recherche pour continuer l’œuvre de la préservation de ce même patrimoine ». Une dizaine de chercheurs et d’enseignants participeront à cette journée d’étude afin de décortiquer les ouvres de Mohand Akli Haddadou à travers une riche sélection de communication. 

N. D.

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