«De Londres à Jérusalem, terreur promise» (*) est l’intitulé de l’ouvrage d’Akli Ourad présenté samedi
dernier lors d’un café littéraire à la Fondation culturelle Ahmed et Rabah Asselah.
Sollicité par la Banque mondiale pour effectuer, dans le cadre des accords d’Oslo, un travail dans les territoires palestiniens, le distingué bureau d’études britannique Sir Alexander GIBB & Partners missionna Akli, un Algérien spécialiste des réseaux routiers et autres infrastructures.
Ce dernier saisit, sans valse-hésitation, l’opportunité en répondant à son supérieur dans les termes de Shakespeare. «Thank you, Sir, for this opportunity. You are giving me to visit a dream country that have sen the birth of many human civilizations.» (Merci Monsieur pour cette opportunité que vous m’offrez de visiter un pays de rêve qui a vu naître de nombreuses civilisations humaines).
L’ingénieur des routes s’apprête à sauter les pieds joints dans l’inconnu. Parallèlement au travail qu’il lui est assigné en Cisjordanie, Akli fait son propre repérage des lieux dans lesquels il se déplace et immortalise, à travers des notes, les scènes horribles qu’il a relevées ou vécues – Naplouse et Ramallah, entre autres – et l’oppression à laquelle font face les sujets palestiniens. L’ouvrage dont l’intitulé «De Londres à Jérusalem, terreur promise» est loin de nous esquisser cette atmosphère quiète et apaisante du sol de la ville sainte que Chateaubriand décrit au XVIIIe siècle dans son œuvre littéraire «Itinéraire de Paris à Jérusalem».
Dans son voyage, Akli plonge son lecteur au cœur d’un quotidien palestinien où l’occupant israélien met en place un système monstrueux, fait de spoliation des biens appartenant à l’autochtone et d’asservissement de ce dernier, en recourant aux moyens machiavéliques, foulant ainsi aux pieds le droit international. Le récit-témoignage qu’il livre est on ne peut plus prenant, il raconte le factuel en enrobant le lot de peines et de larmes qu’il découvre avec un humour noir, non sans faire des clins d’œil à des événements historiques.
Il fait, par ailleurs, le parallèle avec les pratiques discriminatoire dont faisait siens la colonisation française en Algérie et le système de l’apartheid qui avait pignon sur rue en Afrique du Sud. «En Palestine, les officiels et les médias occidentaux se gardaient de parler de ségrégation, mais de territoires occupés, alors que le système d’oppression, de domination et de séparation était criant dans la vie courante des Palestiniens», tient à résumer l’auteur, qui met à nu les violations de l’Etat hébreu dans ce territoire de non-droit.
Expropriations, confiscations de terres dans l’intention de créer de nouvelles colonies, enfermement, déshumanisation, multiplication de checkpoints, enlèvements et disparition de jeunes Palestiniens résument la terreur du régime israélien en Cisjordanie. Dès lors, comment qualifier «les pratiques inhumaines que subissent les Palestiniens, sinon pires que celles de la Shoah que certains politiques et médias occidentaux nous rebattent les oreilles», fait observer à juste titre une dame lors de ce café littéraire. Farouk Baba-Hadji
(*) «De Londres à Jérusalem, terreur promise» de l’auteur Akli Ourad. Casbah Editions, prix public : 1000 DA