L’administration est-elle décidée à mettre en marche la politique de la répression antisyndicale, où l’action syndicale est entravée par la force ?
Pour la première fois, au moins depuis plus d’une dizaine d’années, les syndicats autonomes sont empêchés de tenir rassemblement et sit-in dans les espaces publics dans la wilaya de Béjaïa, ainsi que toute forme de manifestation visant à célébrer des dates symboliques, comme le récent hommage rendu par le CLA et le PST au défunt militant et syndicaliste Idir Achour dans la soirée du 4 avril et, hier, l’action de protestation du Cnapeste-Béjaïa.
Le rassemblement, auquel a appelé le syndicat et qui devait se tenir devant le siège de la direction de l’éducation, a été empêché par les services de l’ordre.
Les manifestants s’apprêtaient à organiser leur manifestation pour dénoncer le blocage, par le ministère de l’Education nationale, des primes de rendement des enseignants, une décision qui est venue en réaction à la rétention de notes des élèves dans le cadre d’un mouvement de protestation enclenché par le bureau national du syndicat depuis le début de l’année scolaire, et revendiquer la régularisation des situations financières et administratives pendantes.
Arrivés devant le siège de la DE, pour accrocher les banderoles et mettre en place le matériel de sonorisation, cinq membres du bureau, dont le coordinateur Ahcene Mansouri, Slimane Zenati et Azil Smaïl ont été embarqués sur-le-champ dans un fourgon cellulaire par la police avant qu’ils ne soient relâchés quatre heures plus tard, selon le syndicaliste Sid Ali Houassi, qui a souligné «le caractère violent de l’interpellation de ses camarades».
Pour les syndicalistes, c’est la liberté d’expression et la liberté d’exercice du droit syndical qui prennent un coup avec cette interdiction de rassemblement signifiée par les autorités, et cela n’augure rien de bon pour le mouvement de contestation qui se profile.
Afin d’éviter tout dérapage, les enseignants ont concédé de tenir leur rassemblement dans la cour de l’institution, où une déclaration a été lue.
Le diagnostic concernant la situation qui prévaut dans le secteur de l’éducation dans la wilaya de Béjaïa, approuvé par le conseil de wilaya du syndicat, laisse ressortir «un malaise profond quant aux dernières décisions arbitraires prises par la tutelle, notamment le blocage de la prime de rendement du 1er trimestre 2022, actionné par le ministère et exécuté par les DE, à l’encontre des enseignants à travers plusieurs wilayas».
Pour le Cnapeste, l’engagement du syndicat dans «une lutte active dès le début de l’année, est justifiée par son appréhension des réponses des pouvoirs publics quant aux revendications soulevées par les travailleurs».
A fortiori, ajoute le communiqué, «la récente révision de la grille des salaires est une preuve suffisante de ces ‘‘mesurettes’’ qui ne répond pas aux véritables attentes des travailleurs relatives aux revalorisations salariales. Ceci, sans omettre les autres dossiers qui ont connu le même piètre sort».