Le ministre de l’Education nationale, Abdelhakim Belabed, a tenu, jeudi, une réunion avec les syndicats du secteur consacrée à la présentation de l’avant-projet du statut particulier des fonctionnaires appartenant aux corps spécifiques de l’éducation nationale, dont l’élaboration vient d’être achevée par la commission technique ad-hoc.
Toutefois, à la fin de la rencontre, aucun PV n’a été présenté. Jouant la carte de l’apaisement, M. Belabed a annoncé l’installation de plusieurs commissions, telles que la commission mobile pour s’enquérir des modalités de gestion au niveau des directions locales de l’éducation, l’accompagnement des responsables pour garantir une performance de qualité et la résolution de tous les problèmes.
Il y a aussi la commission centrale présidée par l’inspecteur général à l’effet de prendre en charge les préoccupations soulevées par les syndicats.
La bonne nouvelle est que le ministre a donné des instructions pour accélérer le versement des salaires des employés, notamment les nouveaux, les remplaçants et les contractuels. Cela en plus des arriérés cumulés depuis 2015.
Un ordre du jour détourné
Les syndicats ne cachent pas leur déception quant à la non-présentation des grandes lignes de l’avant-projet en question. «Nous nous attendions à voir au moins les grandes lignes de cet avant-projet, mais au final rien. Ce qui a été présenté est un bilan des propositions des syndicats et le cadre juridique régissant la création d’un nouveau statut particulier. Nous avons été très déçus, surtout que la tutelle a refusé de nous donner le résultat du travail fait par la commission, tout en nous annonçant que l’avant-projet sera le fruit d’un travail collaboratif à travers une nouvelle commission qui sera installée jeudi prochain», déclare Zoubir Rouina, président du Conseil des lycées d’Algérie (CLA), qui dit refuser la démarche proposée par la tutelle, notamment la présence d’un plus grand nombre de syndicats. «L’entente risque de tarder», ajoute notre syndicaliste qui revient sur l’ancienne expérience au temps de l’ex-ministre Nouria Benghebrit qui n’a abouti à rien au bout de trois années de tractations et de discussions. Même son de cloche chez Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste).
Ce dernier n’a également pas caché sa déception quant à la rencontre de ce jeudi. «Nous savons pertinemment qu’un avant-projet existe déjà. Toutefois, le présenter en ce moment risquerait de plonger le secteur dans une grande polémique et une tension que le ministre ne veut surtout pas. Nous avons été surpris d’entendre qu’il est impossible actuellement d’aller vers un statut particulier pour le secteur, alors qu’un projet d’amendement de l’ordonnance 06/03 portant le statut général de la Fonction publique est en cours. Il a dit textuellement qu’il est préférable d’attendre que ce projet soit dévoilé pour aller vers des statuts particuliers sur une base solide», souligne M. Boudiba, relevant dans ce contexte des contradictions dans la démarche du ministère.
D’un côté, la tutelle appelle à la patience jusqu’à l’annonce d’un nouveau statut général de la Fonction publique et de l’autre, elle appelle à un travail commun dans le cadre d’une nouvelle commission qui sera installée jeudi prochain. «Que veut réellement la tutelle ?
Pourquoi perdre du temps alors que nous devons attendre le nouveau statut général ? En février dernier, nous avions proposé de reporter toute discussion autour du dossier du statut et se concentrer sur les problèmes urgents et qui nécessitent moins de débat et de discussions.
Pour nous en tant que Cnapeste, ce dossier du statut nécessite un travail de longue haleine et d’une grande concentration. S’il y a lieu d’attendre le nouveau statut général, nous n’avons qu’à donner nos attentes et propositions pour la grille des salaires», ajoute le porte-parole du Cnapeste.
Il est à rappeler que le dossier du statut particulier traîne depuis plusieurs années sans pour autant voir le bout du tunnel. Cet avant-projet, qui apportera toutes les solutions aux problèmes socioprofessionnels relevés par les syndicats, ne verra pas le jour dans un futur proche.