Attaf préside une réunion au Conseil de sécurité de l’ONU : L’Algérie plaide pour une réponse globale face au terrorisme en Afrique

22/01/2025 mis à jour: 13:55
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Ahmed Attaf, ministre des Affaires étrangères (au centre) - Photo : D. R.

La réunion d’hier se distingue-t-elle par son ambition de réunir les principaux acteurs concernés par la lutte contre le terrorisme en Afrique, tout en prenant en compte les volets sécuritaire, économique et social du problème.

L’Algérie, sous la présidence tournante du Conseil de sécurité des Nations unies, veut réaffirmer son rôle dans la lutte contre le terrorisme en Afrique. Une réunion ministérielle présidée par Ahmed Attaf, ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, s’est tenue hier à New York. Objectif : examiner l’expansion des activités terroristes sur le continent africain et mobiliser la communauté internationale. Lors d’une récente conférence de presse, Ahmed Attaf avait évoqué la dégradation rapide de la situation sécuritaire en Afrique.

«Le terrorisme, bien qu’en recul dans plusieurs régions du monde, connaît une expansion sans précédent sur le continent africain», a-t-il souligné lors de cette conférence de presse où il avait présenté le bilan de l’action diplomatique de l’Algérie en 2024. Selon lui, les groupes terroristes, autrefois dispersés, opèrent aujourd’hui comme de véritables armées dotées d’équipements sophistiqués et de véritables stratégies quasi militaires. «L’Algérie a constaté récemment que la communauté internationale s’était détournée de ce fléau persistant en Afrique.

C’est pourquoi nous avons souhaité, à travers cette initiative (réunion ministérielle au Conseil de sécurité), réengager la communauté internationale et l’amener à s’intéresser à ce fléau, et ce, à la lumière de quatre données», a expliqué Attaf dans une déclaration à la chaîne AL24. Le ministre a noté, dans ce contexte, une «expansion» du terrorisme en Afrique, au moment où ce phénomène «recule dans plusieurs régions du  monde».

Le ministre des Affaires étrangères a fait remarquer que «le terrorisme s’est  renforcé en termes d’effectifs», soulignant, en ce sens, qu’ «il nous est difficile aujourd’hui de parler de groupes terroristes, mais plutôt d’armées terroristes, au vu du nombre croissant de recrues dans leurs rangs». La menace posée par le terrorisme dans le continent a considérablement  augmenté ces dernières années, selon le ministre des Affaires étrangères qui a relevé «une véritable évolution chez les groupes terroristes en Afrique».

Ces derniers, a-t-il poursuivi, «ont réussi à se procurer des armes sophistiquées utilisées dans des opérations que je qualifierais de militaires». Il a affirmé avoir constaté «chez les groupes terroristes une maîtrise des  tactiques et des stratégies militaires, qui montre la dangereuse évolution du terrorisme en Afrique», d’où la nécessité d’organiser cette réunion au Conseil de sécurité de l’ONU pour débattre de la meilleure approche à adopter pour gérer la réponse à la menace terroriste. L’Algérie a multiplié, ces dernières années, les initiatives visant à renforcer la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme.

En témoigne l’adoption récente par le Conseil de sécurité des «Principes directeurs de l’Algérie», destinés à  contrer le financement du terrorisme à l’ère des technologies financières modernes. Ce texte, fruit d’une année de négociations intensives, illustre, selon ses concepteurs, la volonté de transformer les résolutions en actions concrètes. Ces principes mettent en exergue les risques liés à l’usage abusif des innovations technologiques par des groupes extrémistes, tout en appelant à une meilleure coordination internationale pour enrayer ces pratiques. 

Aussi, la réunion d’hier se distingue-t-elle par son ambition de réunir les principaux acteurs concernés par la lutte contre le terrorisme en Afrique, tout en prenant en compte les volets  sécuritaire, économique et social du problème. «Il ne s’agit pas uniquement de neutraliser les groupes armés, mais de traiter les racines du phénomène». Il a aussi rappelé que le combat contre le terrorisme doit inclure un soutien aux initiatives de développement durable en Afrique.

«L’épicentre du terrorisme s’est déplacé vers la région du Sahel»

L’épicentre du terrorisme mondial s’est déplacé, ces dernières années, vers la région du Sahel qui totalise désormais 48% des décès liés au terrorisme dans le monde, a alerté, hier à New York, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf.

«Les dernières statistiques démontrent (...) que l’épicentre mondial du terrorisme s’est déplacé vers la région du Sahel, une région qui représente actuellement, à elle seule, 48% des décès liés au terrorisme dans le monde, contre 1% en 2007», a affirmé M. Attaf qui s’exprimait à la réunion ministérielle du Conseil de sécurité sur «la lutte contre le terrorisme en Afrique», présidée par l’Algérie.

«Les chiffres indiquent qu’au cours de la dernière décennie, l’Afrique a été témoin d’une augmentation profondément choquante de 400% des attaques terroristes avec une augmentation de 237% des décès dus au terrorisme», a assuré M. Attaf, chargé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de présider cette réunion.

Les chiffres «révèlent également qu’au cours des neuf premiers mois de l’année 2024, l’Afrique a été frappée par plus de 3200 attaques terroristes faisant plus de 13 000 morts», a ajouté le ministre. Paradoxalement, même si la menace terroriste «a diminué dans d’autres parties du monde, elle a augmenté de façon exponentielle sur notre continent», a déploré M. Attaf. Pour rappel, l’Algérie préside le Conseil de sécurité de l’ONU durant le mois de janvier.

Attaf s’entretient avec le SG des Nations Unies

Le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a eu, hier, des entretiens bilatéraux avec le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, en marge de sa présidence des réunions de haut niveau programmées dans le cadre de la présidence algérienne du Conseil de sécurité, indique un communiqué du ministère.

«La rencontre a permis de passer en revue les efforts conjoints en faveur des principes de la Charte des Nations Unies et au service de la paix et du développement dans le monde, à la lumière des priorités de la présidence algérienne du Conseil de sécurité», précise la même source. Les deux parties ont également discuté de questions internationales et régionales d’actualité, notamment les développements de la situation dans les territoires palestiniens occupés au lendemain de l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu.  

 

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