Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a mis en garde, jeudi dernier à New York, contre le danger menaçant la paix au Moyen-Orient et la solution à deux Etats. Dans son allocution prononcée à l’occasion de la réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient, le chef de la diplomatie algérienne défend, en usant un argumentaire fort, la nécessité d’accepter l’adhésion à part entière de la Palestine à l’ONU.
Intervenant avant la séance de vote sur la résolution algérienne, qui a finalement buté sur le veto américain, le ministre a longuement expliqué les conséquences d’un rejet de la demande de l’Autorité palestinienne, mais aussi les visées de l’occupant israélien. «La solution à deux Etats se trouve aujourd’hui face à un danger funeste.
Pour la sauver avant qu’il ne soit trop tard, il faut octroyer la qualité de membre à part entière à la Palestine pour préserver la paix, la stabilité et la sécurité dans tout le Moyen-Orient», affirme-t-il. Selon lui, «l’ampleur du danger pour la cause palestinienne aujourd’hui met notre Conseil face à une responsabilité historique, décisive et charnière».
C’est pourquoi, insiste-t-il, il faut «agir de toute urgence pour imposer la solution à deux Etats et préserver les fondements de l’établissement de l’Etat palestinien». «Toute tergiversation ou hésitation dans la concrétisation de cette démarche sera lourde de conséquences et s’apparentera, dans la conjoncture actuelle, à un feu vert donné à l’occupation israélienne pour continuer à exécuter ses plans fondés sur le pillage et l’expansion, d’une part, et l’extrémisme et l’entêtement, d’autre part», prévient-il. Et d’ajouter : «Parler aujourd’hui de l’adhésion à part entière de l’Etat de Palestine à notre organisation onusienne, c’est replacer la cause palestinienne au centre et braquer la lumière sur son essence incontestable, indubitable et inaltérable.»
«Ghaza démasque les visées de l’occupant»
Mettant également l’accent sur «le droit historique légal et légitime des Palestiniens à l’établissement de leur Etat indépendant et souverain», le ministre dévoile les objectifs cachés de l’occupant israélien en Palestine. «Par sa résistance, Ghaza a démasqué les visées et desseins apparents et sous-jacents de l’occupant israélien tendant à enterrer la cause palestinienne et à saper son projet national authentique», explique-t-il.
Et de souligne : «Nul n’ignore aujourd’hui que le génocide en cours à Ghaza, l’étranglement de la Cisjordanie, les politiques d’implantation de colonies, d’annexion des terres palestiniennes et de judaïsation d’El Qods occupée, les campagnes de déplacement forcé des Palestiniens et les dites ‘‘dispositions israéliennes pour l’après-guerre à Ghaza’’ participent d’un plan israélien plus large et plus dangereux.»
Selon lui, «il s’agit d’un plan visant à relancer et concrétiser le projet du Grand Israël à travers l’élimination des fondements de l›Etat palestinien et la destruction progressive de ses piliers essentiels». «Il y a quelques mois à peine, le monde entier a été témoin du responsable israélien qui a brandi à la tribune de l’Assemblée générale une carte du Moyen-Orient dessinée selon ses illusions et ses desiderata, une carte sur laquelle la Palestine n’existait pas», rappelle-t-il. Ahmed Attaf affirme également «que l’occupation israélienne, à travers ses tentatives d’attiser l’escalade sur plusieurs front», vise, souligne-t-il, «à détourner l’attention de la communauté internationale de la cause palestinienne et tenter de créer de nouveaux conflits régionaux dans lesquels les droits des Palestiniens s’évanouissent».
«Comment se fait-il qu’après tout cela, certains se laissent influencer par les mensonges et les allégations de l’occupant israélien et ses plans mis à nus, à court ou long terme (...), d’autres n’arrivent toujours pas à se rendre compte de la réalité de l’occupation israélienne colonialiste, qui continue de nourrir les illusions : réaliser la paix et la sécurité au Moyen-Orient sur les ruines du projet national palestinien et les débris de son Etat national, (...) et certains, bien que peu nombreux, tentent de nous convaincre que le moment n’est pas encore venu pour que la Palestine devienne un membre à part entière de notre organisation», explique-t-il.
«C’est le moment d’assumer les responsabilité et de s’acquitter des devoirs. Nulle place à l’hésitation et aux promesses et engagements non tenus», martèle-t-il, ajoutant que «la question de l’adhésion à part entière n’est pas tant une fin en soi qu’un moyen pour atteindre trois objectifs clés : la consécration de la solution à deux Etats, la préservation des fondements de l’Etat palestinien indépendant et souverain sur les frontières de 1967 avec El Qods comme capitale et la pose des premiers jalons de la relance du processus de paix sur des bases saines et solides».
Financement de l’Unrwa : L’Algérie débloque 15 millions de dollars
L’Algérie a décidé d’apporter une aide financière conséquente à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (Unrwa). Elle débloque ainsi 15 millions de dollars. C’est ce qu’a annoncé, mercredi dernier, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf. «L’Algérie, sur décision du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, annonce l’octroi d’une contribution financière exceptionnelle de 15 millions de dollars au profit de l’Unrwa, qui vient s’ajouter aux précédentes contributions accordées directement par l’Algérie à l’Autorité palestinienne», a-t-il déclaré dans une allocution prononcée lors de la réunion du Conseil international de sécurité sur l’Unrwa. Selon lui, «cette initiative est un véritable devoir et un engagement inéluctable qui nous incombent ainsi qu’à d’autres membres de la communauté internationale». M. M.