«Le gouvernement est appelé à prendre toutes les mesures et appliquer les procédures visant à faire éviter aux citoyens l’impact de la flambée vertigineuse des prix sur les marchés internationaux.»
Les pouvoirs publics viennent de décider d’annuler ou de geler des taxes, dont certaines sont inscrites dans la loi de finances (LF-2022). Des mesures prises pour préserver le pouvoir d’achat des citoyens qui font face, depuis des mois, à une hausse continue des prix de certains produits alimentaires.
«Le président Tebboune a ordonné de geler, à compter d’aujourd’hui et jusqu’à nouvel ordre, tous les impôts et les taxes, notamment les taxes contenues dans la loi de finances 2022 sur certains produits alimentaires», a indiqué la présidence de la République dans le communiqué sanctionnant le Conseil des ministres qui s’est tenu dimanche.
A cet effet, le gouvernement est appelé à «prendre toutes les mesures et appliquer les procédures visant à faire éviter aux citoyens l’impact de la flambée vertigineuse des prix sur les marchés internationaux durant l’année en cours jusqu’à leur stabilisation».
Dans le même sens, «l’Etat se chargera de couvrir la différence des prix des produits destinés aux citoyens par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), et ce, compte tenu de l’augmentation des prix à l’international». Il est question également de «l’organisation d’une réunion de coordination entre les services du ministre du Commerce et les représentants des corps sécuritaires en vue d’élaborer une stratégie efficace visant à mettre fin à la contrebande des produits alimentaires de large consommation à travers les frontières du pays, un phénomène à l’origine de pertes importantes pour le marché et l’économie nationale».
Bien que le détail de la levée de ces taxes ne soit pas encore connu, les produits alimentaires concernés n’ayant pas été cités dans le communiqué, il n’en demeure pas moins que les autorités se devaient de réagir face à la baisse du pouvoir d’achat. Le pays a connu, ces derniers mois, plusieurs crises liées à la disponibilité de certains produits alimentaires. Parallèlement, le marché a connu une hausse importante des prix de plusieurs produits. On peut citer la pomme de terre, le poulet, le lait, les pâtes alimentaires…
Malaise social
Ces derniers viennent de connaître, du moins pour ce qui est de certaines marques, une baisse substantielle due au fait que les autorités ont décidé de céder de nouveau du blé subventionné aux fabricants.
Au-delà de la forme, qui peut être sujette à débat, les pouvoirs publics ayant décidé d’annuler une mesure inscrite dans la loi de finances (LF) quelques semaines seulement après son entrée en vigueur, il faut dire que le contexte social appelait une réaction rapide dans la mesure où l’inflation qui s’est installée depuis plusieurs mois poursuit sa hausse.
Plusieurs syndicats ont d’ailleurs alerté contre la dégringolade du pouvoir d’achat et, par conséquent, ont réclamé une revalorisation conséquente des salaires qui, globalement, n’ont pas bougé depuis plusieurs années, notamment dans la Fonction publique.
La mesure relative à la réduction de l’impôt sur le revenu global (IRG), décidée également dans la loi de finances 2022, paraît insignifiante par rapport à l’inflation. A cet effet, les mouvements de protestation, même si les revendications diffèrent d’une corporation à une autre, bien qu’ils soient tous la conséquence d’un malaise social latent, sont de plus en plus nombreux.
A ceci s’ajoutent, bien entendu, le malaise existant sur le plan politique, les pressions que subissent les partis politiques, militants… Ainsi, c’est probablement dans l’objectif de «désamorcer» une éventuelle «explosion sociale» que les autorités ont réagi.
D’autant plus qu’il est tout aussi probable que les recettes pétrolières soient plus importantes à la fin de l’année avec la hausse du prix du baril qui dépasse les 90 dollars, alors que le prix de référence sur lequel est basé la loi de finances 2022 est de 45 dollars.
La hausse des prix des produits alimentaires, due à plusieurs facteurs, selon les spécialistes, dont la dévaluation du dinar et la hausse des prix des matières premières et de certains produits de base sur les marchés mondiaux, a affecté beaucoup d’Algériens.
Il est devenu plus que nécessaire que les autorités agissent pour freiner, un tant soit peu, cette inflation, et par la même occasion, préserver le pouvoir d’achat des citoyens pour peu, bien entendu, que ces mesures aient des répercussions conséquentes sur les prix.