Amnesty international et des défenseurs des droits de l’homme sont formels : «Le nombre de Palestiniens morts à Ghaza est beaucoup plus important»

24/12/2023 mis à jour: 03:19
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Photo : D. R.

Le nombre des victimes de l’agression israélienne en cours contre la Bande de Ghaza dépasse de loin les chiffres officiels communiqués par le ministère palestinien de la Santé.

C’est ce qu’a affirmé Budour Hassan, chercheuse au sein du bureau régional MENA d’Amnesty International. Intervenant lors d’une conférence organisée hier à Alger par Amnesty Algérie, à l’occasion de la Journée internationale de la solidarité humaine, célébrée le 20 décembre de chaque année, elle précise que le «chiffre de 20 000 morts annoncé par les autorités palestiniennes est loin de la réalité».

«Ce chiffre ne prend en considération que les victimes enregistrées au niveau des hôpitaux et celles signalées par leurs proches. Mais il y a encore des morts sous les décombres qui n’ont pas été recensés», déclare la chercheuse, qui est intervenue à partir du Liban par visioconférence.

Soulignant la difficulté d’enquêter sur le terrain du fait qu’Amnesty est empêchée d’entrer à Ghaza, Budour Hassan précise que le travail de l’ONG est basé sur les témoignages recueillis auprès de chercheurs indépendants et de citoyens vivant sur place. «Il y a des familles entières qui ont été anéanties.

Lors de précédentes guerres, nous avons constaté que le chiffre sur les victimes était toujours plus important que celui annoncé officiellement. Nous ne pouvons pas connaître le nombre exact de victimes actuellement», souligne-t-elle.

Dans ce sens, l’avocat et défenseur des droits de l’homme Mustapha Bouchachi avance des données précises. «On déplore aujourd’hui 26 000 morts, dont 8000 enfants et 6200 femmes, et 7000 disparus. Il y a eu 1697 massacres en 75 jours d’agression», affirme l’ancien président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH, dissoute).

Concernant la barbarie de l’occupation israélienne, la chercheuse d’Amnesty pour la région MENA souligne que la «situation est plus que catastrophique à Ghaza». Le mot «catastrophe», dit-elle, ne suffit pas pour décrire les conséquences de cette sauvagerie de l’occupant israélien. «Les hôpitaux sont hors service, la destruction est massive et des milliers de personnes sont disparues.

Au camp de Rafah, il y a au moins 900 000 réfugiés, soit plus de 5 fois sa capacité. Les écoles aussi accueillent 3 à 4 fois plus que ce qu’elles peuvent abriter. Les femmes, notamment les femmes enceintes, ne peuvent pas se soigner», décrit-elle, en se référant aux données rassemblées par Amnesty depuis de début de l’agression israélienne, le 7 octobre dernier.

Les quatre crimes de l’occupation

Spécialiste en droit international, Mustapha Bouchachi corrige, par la même occasion, certaines contrevérités utilisées par l’occupant israélien pour justifier son agression. Se référant à la résolution 15-14 adoptée par l’ONU le 14 décembre 1960, qui consacre le droit des peuples colonisés à l’autodétermination, il affirme que «ce qu’a fait le Hamas le 7 octobre dernier n’est pas du terrorisme».

«La résolution onusienne donne le droit aux peuples colonisés de lutter avec tous les moyens possibles, y compris l’usage de la force», explique-t-il, avant d’énumérer les crimes de l’occupant israélien à Ghaza. Il cite, dans ce sens, «le génocide» condamné par la Convention de l’ONU de 1948, qui a été adoptée par la majorité des pays.

A cela, enchaîne-t-il, il faut ajouter «les crimes contre l’humanité», «les crimes de guerre» et «le crime d’agression». «Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) ou les juges de cette instance ne trouveront aucune difficulté pour confirmer ces crimes», lance Mustapha Bouchachi.

Membre du collectif d’avocats et d’organisations ayant porté plainte contre les dirigeants politiques et militaires israéliens auprès de la CPI, Me Noureddine Benissad, défenseur des droits de l’homme et ancien président de la LADDH, souligne aussi «les contrevérités d’Israël et ses alliés».

Après un rappel de l’historique de la colonisation de la Palestine, l’avocat se dit également conscient des difficultés pouvant freiner l’aboutissement de la démarche entreprise auprès de la CPI. «La Cour est financée par les Etats membres et les donateurs.

Son principal financier est la France. Le procureur a tendance à prioriser les dossiers. Et généralement, il agit vite quand il est saisi par le Conseil de sécurité de l’ONU, comme c’était le cas pour la condamnation de certains chefs d’Etat africains et tout récemment du président russe, Vladimir Poutine», indique Me Noureddine Benissad.  

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