L’historien Amar Mohand-Amer vient de publier aux éditions Frantz Fanon, à Boumerdès, «La crise du FLN de l’été 1962, indépendance nationale et enjeux de pouvoirs(s)». Un ouvrage préfacé et postfacé par les historiens Omar Carlier et Mohammed Harbi.
Dans ce livre, Amar Mohand-Amer tente de répondre à plusieurs questions sur la crise politique de l’été 1962, ses débuts, ses origines, ses enjeux et ses acteurs. Il aborde le rôle joué par d’autres pays comme les Etats-Unis, la Tunisie, le Maroc, la France, l’Egypte dans cette crise. Il s’interroge sur la position des groupes de Tlemcen et de Tizi Ouzou, du GPRA et de l’Exécutif provisoire.
«Ce livre est le résultat d’une thèse de doctorat soutenue en 2010 sous la direction d’Omar Carlier, à Paris. Pour moi, cette période de l’indépendance doit être traitée avec beaucoup de maturité et de vérification. Il y a beaucoup de mythes et de fausses certitudes sur cette période.
On résume cette période à deux grandes idées. La première est relative au groupe d’ Oujda qui serait à l’origine de tous nos malheurs. Pour moi, le groupe d’Oujda n’a jamais existé. Je suis attaqué à cause de ce constat. La deuxième idée a trait au coup d’Etat contre le GPRA en 1962.
A mon avis, il n’y a pas eu de coup d’Etat», a détaillé Amar Mohand Amer, dans une déclaration à El Watan. L’arrivée d’Ahmed Ben Bella à Alger «sur les chars de l’armée des frontières», en 1962, serait, selon lui, un autre mythe. L’historien a estimé qu’il n’est pas facile d’aller à contre-courant d’une mémoire «qui s’est imposée et qui a enterré l’Histoire». «Les mythes ont souvent la vie dure.
En 1962, il n’y avait pas les bons d’un côté et les méchants de l’autre, les vaincus et les vainqueurs. La crise était politique dans un processus de transition. Le groupe qui était le plus homogène est arrivé au pouvoir. Cela peut paraître simple mais c’est ce qui s’est passé.
C’est écrit dans ma thèse sur la base de documents inédits, d’entretiens et d’analyses, validés par d’éminents professeurs», a-t-il souligné. Il a regretté que des écrits soient «encore publiés» reprenant «la même construction de l’Histoire».
Amar Mohand-Amer est, pour rappel, docteur en Histoire. Il est directeur-adjoint du comité de rédaction de la revue Insaniyat, au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle à Oran (CRASC).