Alors que le Conseil de sécurité peine à voter un cessez-le-feu : 390 morts en quarante-huit heures à Ghaza

23/12/2023 mis à jour: 04:11
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Photo : D. R.

Ces derniers jours ont enregistré un pic de mortalité criminelle sous le déluge des frappes israéliennes avec pas moins 
de «390 morts et 734 blessés en 48 heures», selon les autorités palestiniennes.

Après une longue journée d’âpres négociations, le Conseil de sécurité de l’ONU a fini par trouver un compromis entre ceux qui veulent proclamer un cessez-le-feu clair et net et ceux, Etats-Unis en tête, qui se contentent d’un texte appelant uniquement à accroître l’aide humanitaire en faveur de la population de Ghaza.

Plusieurs fois reporté, le vote  a livré son verdict : 13 voix pour, aucune contre et deux abstentions (Etats-Unis et Russie). La résolution adoptée exige l’acheminement «à grande échelle» de l’aide humanitaire à Ghaza, sans pour autant appeler à un cessez-le-feu.

Elle demande également à «prendre de toute urgence» des mesures pour «créer les conditions d’une cessation durable des hostilités». «Après des négociations acharnées, le Conseil de sécurité de l’ONU a exigé, hier, l’acheminement à grande échelle de l’aide humanitaire à Ghaza, sans appeler à un cessez-le-feu dont ne veulent pas les Américains malgré la pression internationale», note l’AFP.

Devant l’incapacité de la communauté internationale à imposer un cessez-le-feu et à obliger Israël à mettre un terme à son épouvantable campagne dévastatrice, les Ghazaouis continuent à compter leurs morts et à faire leurs adieux à leurs enfants sans savoir où leur trouver un coin de terre à l’abri des bombes pour les inhumer.

Au dernier bilan livré, hier, par le ministère de la Santé à Ghaza, 20 057 Palestiniens ont été tués et 53 320 autres blessés depuis le début de l’agression sioniste. Ces derniers jours ont enregistré un pic de mortalité criminelle sous le déluge des frappes israéliennes avec pas moins de «390 morts et 734 blessés en 48 heures», toujours d’après le ministère de la Santé à Ghaza. Ces victimes ont été recensées entre mercredi et hier.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’armée sioniste a poursuivi son œuvre macabre en multipliant les raids meurtriers. A Jabaliya, au nord de la Bande de Ghaza, 16 corps sans vie et 50 miraculés diversement touchés ont été retirés des décombres après le bombardement d’une habitation.

Il s’agit d’une propriété de la famille Al Bursh, précise l’agence Wafa. Et selon Al Jazeera, le domicile ciblé n’est autre que celui du directeur général du ministère de la Santé à Ghaza, le Dr Mounir Al Bursh. Le responsable palestinien a été lui-même blessé lors des bombardements et a perdu une de ses filles, Jinane.

Le directeur de la Santé de Ghaza pleure sa fille

Sur des images bouleversantes diffusées par Al Jazeera, Mounir El Bursh apparaît effondré. Allongé sur un lit, hagard, le visage ensanglanté, il arbore plusieurs blessures sur le front et le haut du crâne, passablement dissimulées sous des pansements. Encore sous le choc, l’homme éclate en sanglots en évoquant la douce prunelle de ses yeux.

Témoignant de ce qui s’est passé, la voix étranglée par l’émotion, il déclare : «La maison que nous occupions, moi et mes enfants, a été ciblée cette nuit (nuit de jeudi à hier, ndlr). Il y avait à côté de moi mes filles Malak et Jinane, qui sont des récitatrices du Coran qu’elles ont appris par cœur.

Elles voulaient se blottir toutes les deux contre moi. Jinane s’est endormie dans mes bras et elle est morte en me protégeant. Le raid l’a directement touchée, la propulsant du deuxième étage.

Elle est tombée en martyre, et moi j’ai été blessé au dos. Je ne peux pas bouger.» Selon Al Jazeera, plusieurs morts et blessés ont également été enregistrés hier suite au bombardement d’une zone d’habitations à Rafah, au sud de la Bande de Ghaza.

D’autres victimes sont en outre tombées dans des raids intensifs sur Khan Younès. Ces attaques ont fait au moins cinq morts. Le ministère de la Santé à Ghaza a indiqué par ailleurs qu’hier, un sniper de l’armée israélienne a visé une soignante de l’hôpital Al Awda, au nord de l’enclave palestinienne, qui se trouve assiégé depuis plusieurs jours.

La soignante est morte sur place. La même source ajoute que le personnel et les malades séquestrés dans l’hôpital «vivent dans la terreur». «Ils n’ont ni eau, ni nourriture, ni médicaments» et certains d’entre eux auraient subi des sévices corporels, déplore le département de la Santé.

Pendant ce temps, les agences onusiennes continuent d’alerter sur l’ampleur de la catastrophe humanitaire à Ghaza. «Les patients de l’hôpital arabe d’Al Ahli criaient de douleur et imploraient de l’eau», témoigne, ému, Sean Casey, coordonnateur de l’équipe médicale d’urgence de l’OMS, cité par l’APS.

Les hôpitaux de Ghaza, s’indigne-t-il, sont devenus «un endroit où les gens attendent de mourir». Selon l’OMS, il n’y a plus que neuf hôpitaux partiellement fonctionnels sur les 36 que compte la Bande de Ghaza. Il faut citer aussi la famine à grande échelle qui sévit dans la région.

La moitié de la population de l’enclave persécutée risque de se trouver dans la «phase d’urgence» marquée par une malnutrition aiguë et une surmortalité, d’ici le 7 février, selon un rapport du système de surveillance de la faim de l’ONU cité par l’AFP.

Amnesty appelle à ouvrir une enquête sur les disparitions forcées

Il y a aussi la grave pénurie d’eau potable. «L’accès à des quantités suffisantes d’eau potable est une question de vie ou de mort. Les enfants de Ghaza ont à peine une goutte à boire», s’émeut Catherine Russell, directrice de l’Unicef, avant d’avertir : «Sans eau salubre, beaucoup plus d’enfants mourront de privations et de maladies dans les jours à venir.» 

De son côté, Amnesty International a appelé, dans un communiqué, à ouvrir une enquête «sur les disparitions forcées et les traitements inhumains infligés aux détenus palestiniens de Ghaza».

«Amnesty International est vivement préoccupée par le sort réservé aux Palestiniens de la Bande de Ghaza occupée détenus par les forces israéliennes, alors que des informations font état de disparitions forcées massives», lit-on dans ce communiqué.

L’Organisation basée à Londres cite le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme qui, écrit l’ONG, a déclaré le 16 décembre avoir reçu «de nombreuses informations inquiétantes» du nord de Ghaza faisant état «de détentions massives, de mauvais traitements et de disparitions forcées».

Cela concernerait «des milliers de Palestiniens, dont des mineurs» alerte Amnesty. L’organisation de défense des droits humains affirme que «les autorités israéliennes ont confirmé la mort en détention d’au moins six Palestiniens, dont deux travailleurs de Ghaza en octobre et novembre».

Réagissant aux images choquantes montrant des civils palestiniens arrêtés et exhibés en sous-vêtements, les yeux bandés et conduits vers une destination inconnue, Amnesty International se dit «préoccupée par le sort des détenus de Ghaza, notamment à la lumière des photos et des vidéos authentifiées par son Laboratoire de preuves et diffusées ces dernières semaines, qui montrent des hommes palestiniens dévêtus et contraints de s’agenouiller par terre en sous-vêtements, les mains attachées, tandis que des soldats israéliens se tiennent au-dessus d’eux».

«Face aux scènes désolantes qui se déroulent à Ghaza, la communauté internationale doit condamner, ouvrir une enquête et adopter des mesures visant à prévenir la torture, les disparitions forcées et les crimes relevant du droit international» plaide l’ONG.


 

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