Le long métrage documentaire Pierre Clément, cinéma et révolution, réalisé par Abdenour Zahzah, a été projeté, samedi, à Alger, en avant-première.
Le film met en lumière le parcours militant de Pierre Clément, cinéaste français qui a rejoint la révolution algérienne, en se servant de sa caméra pour immortaliser les exploits des Algériens.
Cette œuvre humanitaire et historique, produite en 2023, explore le parcours de lutte de Clément (1927-2007), ce réalisateur qui a consacré l’objectif de sa caméra au service de la cause algérienne en immortalisant les exploits du peuple algérien pendant la Révolution à travers trois de ses films les plus importants, à savoir Sakiet Sidi Youssef (1958), Réfugiés algériens (1958), réalisé avec Djamel Eddine Chanderli, ainsi que L’ALN au combat.
Ce documentaire, un témoignage enregistré par le réalisateur en 2004, trois ans avant sa mort, revient sur ses trois films, mettant particulièrement l’accent sur les crimes de génocide commis par le colonisateur français contre le peuple algérien et son déplacement forcé en Tunisie après l’adoption de la politique de la terre brûlée. Il aborde également la fraternité entre les peuples algérien et tunisien, ainsi que le rôle joué par ces films pour sensibiliser à la cause algérienne à l’échelle mondiale.
Clément revient également sur les circonstances de la réalisation de ces œuvres pionnières et son style cinématographique en matière de tournage et de montage. Il évoque, ensuite, son engagement aux côtés des moudjahidine avant d’être arrêté par les autorités coloniales françaises, jugé devant le tribunal militaire d’Annaba, torturé et emprisonné pendant environ quatre ans jusqu’à sa mise en liberté après l’indépendance en octobre 1962.
La deuxième partie du film a mis en lumière les célébrations du peuple algérien pour l’indépendance, tandis que Clément est parti en Suisse après sa sortie de prison, puis est retourné en Algérie pour finalement s’installer définitivement en France jusqu’à sa mort. Il a toujours gardé un amour constant pour l’Algérie, le pays qu’il aimait ainsi que son peuple, sa culture et son histoire, selon ses mémoires.
Pour rappel, Clément a travaillé après l’indépendance en tant que directeur de la photographie dans de nombreux films algériens, tunisiens et français réalisés notamment par son compatriote, le réalisateur et militant connu, René Vautier, tels que Avoir vingt ans dans l’Aurès (1972), et il a également travaillé dans le film Tahya ya Didou (1971) de Mohammed Zinet. Après la projection du film, le réalisateur Zahzah a déclaré que Clément «aimait sincèrement l’Algérie et qu’il était toujours une personne honnête et humble, tandis que les événements de Sakiet Sidi Youssef en Tunisie l’ont le plus marqué en tant que réalisateur et individu...», ajoutant que ce projet a été tourné en 2004 en France, mais «les circonstances n’ont permis sa sortie qu’en 2023».
Né en 1979 à Blida, Zahzah a déjà réalisé plusieurs films narratifs et documentaires qui ont été primés dans de nombreux festivals nationaux et internationaux, tels que le court métrage narratif Qaraqouz (2010) et le long métrage documentaire L’Oued (2013). Dans une déclaration à l’APS avant la projection du film, Zahzah a fait savoir que son long métrage sur Frantz Fanon a été «achevé et sera projeté dans les semaines à venir», a-t-il dit.
Cette projection, d’une durée de 70 minutes, s’est déroulée en présence de plusieurs artistes et amateurs du 7e art venus pour voir cette nouvelle œuvre réalisée par le Centre algérien de développement du cinéma (CADC), dans le cadre de la célébration du soixantième anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale.