Akli Ourad publie le récit de sa mission d’expert de la Banque mondiale en Palestine : Voyage au bout de l’horreur

12/11/2024 mis à jour: 20:59
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Akli Ourad, De Londres à Jérusalem, Terreur promise, Casbah éditions, 2024. (Disponible au stand de l’éditeur au SILA-2024)

 C’est un témoignage édifiant venu du XXe siècle. L’actualité immédiate du génocide en cours à Ghaza fait écho aux humiliations anciennes subies par le peuple palestinien sur sa terre. 

 

Expert en économie routière, Akli Ourad est envoyé en juin 1999 en territoires palestiniens pour le compte de la Banque mondiale (BM). La mission confiée par l’employé britannique à cet ancien ingénieur diplômé de l’Ecole nationale des travaux publics d’Alger, installé à Londres, est accueillie avec enthousiasme par le concerné. 

«Un Algérien se rendant en Palestine est différent d’un autre citoyen du monde en dehors de ceux venus des terres de la révolution. Une opportunité m’a été offerte, un témoin visuel de ce que le colonialisme et un régime d’apartheid similaire à ceux qui ont frappé ma patrie avant que je ne vienne au monde [l’auteur est né à Aïn El Hammam en janvier 1962, ndlr]», souligne l’expert d’un bureau d’études connu (Sir Alexander GIBB & Partners, Birmingham). 

L’itinéraire transmis à l’auteur indiquait un parcours qui passe par Tel-Aviv où un chauffeur devait venir le récupérer pour le conduire à Naplouse et enfin la Cisjordanie. Mais avant le départ vers «l’inconnu», le narrateur évoque les humiliations subies par le passager d’El Al et son parcours du combattant «de plus escarpés dans l’histoire de l’aviation».

 A l’aéroport de Londres, le paisible employé de la BM subit un interrogatoire dirigé par… des agents du Mossad. Akli Ourad ne fut pas au bout de ses surprises, puisqu’à son arrivée à l’aéroport David Ben Gourion, les collègues des premiers (Shin Bet) chercheront à connaître ses origines et l’objet de sa mission. «La leçon d’histoire que j’ai donnée au Shin Bet a provoqué un bouleversement incroyable chez mes geôliers du moment», assène celui qui affirme avoir quitté le centre d’interrogation aéroportuaire après plus de trois heures de questionnement, «complètement éreinté mais fier d’avoir atteint mon objectif principal qui est de voir comment les Palestiniens vivent sans pays, sans terre et sans leurs droits les plus fondamentaux». Ce qu’il verra sur le terrain l’édifiera encore davantage.


«Système infamant»

Le récit De Londres à Jérusalem, Terreur promise (Casbah éditions) permet de suivre le parcours de l’auteur, mais aussi de connaître l’histoire oubliée des gens du pays, les Palestiniens, et leur résistance permanente face à un colonialisme négateur. Après les checkpoints (645 dans toute la Cisjordanie), les colonies «à perte de vue», le voyageur découvre «les routes de l’apartheid», avant de rencontrer à Ramallah, capitale de pouvoir de l’Etat palestinien, «réduite à quelques réserves habitées par les ‘Amérindiens’ des temps modernes». 

Là, il rencontre le ministre palestinien des Travaux publics, qui lui montre les cartes d’un réseau routier qui «se rétrécit d’un mois à l’autre, selon le bon vouloir des colons toujours envahissants». «L’Etat d’Israël répond aux désirs de ses colons par des plans reprenant fidèlement le concept de ‘tout l’apartheid’, cher aux Afrikaners», assène l’auteur, ahuri par une réalité inconnue de l’expert consciencieux qu’il est. L’entrée de l’auteur dans Jérusalem restera, comme le note Salah Guemriche, auteur formidable de Israël et son prochain, d’après la bible (L’Aube 2018), «un modèle de pèlerinage de circonstance». «Quand on est pris en charge en VIP par le grand imam d’El Qods jusqu’à faire le tour intégral des lieux saints, en passant par la mosquée d’El Aqsa, il n’empêche : l’émotion est forte et prégnante !...» 

Le pèlerinage d’une semaine en Palestine a laissé à l’auteur des souvenirs indélébiles. «Israël ne m’a pas déçu dans ce que je suis venu trouver. Ce dernier pays colonialiste et raciste, encore défiant au XXIe, a tenu toutes ses promesses. Ma virée en Palestine occupée, dominée, martyrisée, écrasée m’a plongé au cœur d’un système infamant, dégradant et humiliant pour les êtres humains qui ne demandent qu’un droit à une vie digne et respectable», tranche-t-il. 

Le récit d’Akli Ourad, frère de Meziane, grand reporter, très respecté, mérite, comme le note à raison Salah Guemriche, une place édifiante dans la bibliographie consacrée à ce qu’il est malencontreusement convenu d’appeler la «question palestinienne».
 

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