Ahmed Boudermine. Directeur général de la maison d’édition El Qobia : «L’Etat doit aider les éditeurs qui favorisent l’émergence de jeunes talents»

26/02/2025 mis à jour: 17:17
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Photo : D. R.

Créée depuis 2016, après avoir vu le jour sous l’appellation de Dhakiret Ennas en 2008, la maison d’édition El Qobia tente de se faire une place dans la cour des grands. Elle dispose d’un catalogue généraliste, riche de quelque 300 titres dans différents domaines,  comme la poésie, le roman, la nouvelle, les sciences  médicales, les sciences sociales, etc. Nous nous sommes rapprochés du DG, Ahmed Boudermine, pour nous éclairer sur l’ambition de sa maison d’édition qu’il chapeaute et le regard qu’il porte sur l’édition.

  • La maison d’édition El Qobia existe depuis 9 ans. Combien enregistre-t-elle de publications dans son catalogue ?

Les Editions El Qobia est une maison créée en 2016. Elle est issue de l’absorption de la Sarl Dhakiret el Ouma, elle-même issue de Dhakiret En Nas, créée en 2008. L’appellation El Qobia est un quartier de Skikda, un lieu  mythique comme La Casbah, lieu de passage et de naissance de nombre d’intellectuels, à l’image de Ali El Kenz, Malek Chebel, sans oublier des figures de la glorieuse guerre de Libération nationale comme Ali Tabouche, Ali Zouiti, Hocine Boudermine, pour ne citer que ceux-là. Donc, comme éditeur, nous existons depuis 2008 et totalisons plus de 300 titres.

  • El Qobia est-elle une maison d’édition généraliste ou cible-t-elle un domaine bien particulier ?

El Qobia est une maison d’édition qui se veut algérienne. Elle publie dans les langues nationales, c’est-à-dire en arabe et tamazight. On a aussi dans notre catalogue des corpus en français, anglais et bientôt en  espagnol, voire d’autres langues. Notre maison touche à tous les genres, dont le roman, le récit, la nouvelle, la poésie, les sciences médicales, les sciences sociales, etc.

  • Votre maison consacre-t-elle une part pour le livre enfant ou jeunesse ?

Oui, la part de l’enfant n’est pas négligée. Nous avons plus de 50 titres de contes pour enfants dans les domaines socio-éducatif et religieux, la vulgarisation dans le domaine scientifique, comme la physique quantique. Aussi, nous envisageons pour l’année en cours de publier 25 contes en anglais (classiques et ouvrages éducatifs en relation avec la flore et la faune ainsi que 21 contes en arabe dans le domaine sus cité.

  • Pourriez-vous nous éclairer sur les difficultés que votre maison d’édition rencontre en général, que cela soit en termes d’inputs, d’édition ou de diffusion ?

Nous avons les difficultés de l’édition en général et de la diffusion du livre en papier. Chaque acteur de la chaîne du livre rencontre des difficultés. Les libraires ont leurs problèmes et les imprimeurs les leurs, mais l’éditeur subit et cumule le tout.

L’éditeur se trouve entre l’imprimeur et le libraire. Je dirais, de manière générale, que les difficultés auxquelles nous faisons face se résument en substance dans le problème de disponibilité de la matière première, d’une part, c’est-à-dire l’intrant et, d’autre part, il y a en aval un désintérêt criant du lectorat qui pénalise, en quelque sorte, l’édition.

Notre vœu est que l’Etat aide les éditeurs qui favorisent l’émergence surtout de jeunes talents, comme nous souhaitons par ailleurs que le segment de la diffusion du produit livresque soit dynamique dans l’ensemble des régions du  pays. Car, jusqu’à présent, il reste le moins qu’on puisse dire, amorphe.

  • Peut-on connaître le nombre de titres que votre maison a fait paraître l’année 2024 ?

En 2024, nous avons produit 26 publications.  

  • Quel regard portez-vous sur l’édition du livre en Algérie en particulier et dans le monde arabe en général ?

Vous n’êtes pas sans savoir que depuis plusieurs années, le livre demeure, à notre grand dam, le parent pauvre de la culture. Nul n’est censé ignorer que le livre reste ce lien qui unit tous les segments de la culture. Autrement dit, il n’y a pas de cinéma sans livre, ni art plastique sans livre, ni théâtre sans livre, etc. Cependant, le livre en papier reste encore pour longtemps le transmetteur du savoir. Et pour preuve, les manuscrits datant de milliers d’années sont là pour nous le rappeler.

Nous avons beaucoup à faire pour préserver cette richesse que ne peuvent protéger que ceux qui l’aiment. L’Etat se doit d’accompagner de manière efficace le secteur du livre qui, vous n’êtes pas sans savoir, participe à la richesse culturelle. Pour les pays arabes, les différents salons qui s’y organisent continuellement montrent l’intérêt que portent les Etats arabes à l’édition, surtout l’Egypte qui enregistre une production de livres très riche.

  • Hormis le Sila où vous êtes convié à y prendre part, quels sont les salons du livre auxquels vous avez participé à l’international et quel est le pays arabe, selon vous, qui produit le plus de livres ?

En tant que maison d’édition, on a été invité sans tenir de stand, dans nombre de salons en Europe et au Québec, une présence qui nous a permis de tisser des relations avec des maisons d’édition, des instances et des professionnels du livre, et ce, dans le cadre d’une coopération ou d’achat de droits.

  • Quel est le credo d’El Qobia, voire son ambition ?

Notre ambition est de produire le maximum de livres dans un maximum de langues avec l’objectif d’atteindre une large diffusion à travers les régions du pays.  

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