Affaires des biens cachés de Mahieddine Tahkout et des membres de sa famille : L’ex-administrateur du groupe Cima Motors incarcéré

23/03/2022 mis à jour: 00:49
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Les services de police ont pu récupérer de fausses licences d’importation de véhicules d’anciens moudjahidine

L’enquête sur la fortune cachée de l’affaire Mahieddine Tahkout, en détention à Khenchela, prend l’allure d’un important scandale qui a éclaboussé non seulement les membres de la famille de l’homme d’affaires, mais aussi l’ex-administrateur judiciaire, auquel la gestion du groupe Cima Motors et ses filiales a été confiée. 

Les investigations ont conduit à l’inculpation de plus d’une vingtaine de personnes, dont deux neveux de l’homme d’affaires, à savoir Brahim Tahkout et Djallal et la mise sous contrôle judiciaire de son frère, Hamid Tahkout (père de Brahim). 

Nos sources affirment, par ailleurs, que les investigations ont ciblé de nombreux clients et fournisseurs du groupe, liés de près ou de loin à l’achat, la revente ou tout simplement aux cadeaux offerts, notamment des véhicules, durant la mise sous administration des activités de Cima Motors et de ses filiales.

 Un patrimoine important, non répertorié et dissipé par des membres de la famille de l’homme d’affaires, entre 2019 et 2022, dans le but, avait révélé un communiqué des services de la police, «de les transférer et de les vendre de manière illégale». 

La liste des biens récupérés comportait, faut-il le rappeler, «507 véhicules, dont 267 voitures de luxe, 84 camions de différentes marques, un jet-ski, des bateaux de plaisance, de grosses motos et plus de 800 caisses de pièces détachées, ainsi que 30 conteneurs avec 63 moteurs neufs pour autobus». 

La valeur de l’ensemble des biens saisis a été estimée à «10 milliards de dinars (1000 milliards de centimes)». L’enquête a levé le voile sur l’existence de nombreux véhicules déjà immatriculés de manière frauduleuse et d’autres en voie de régularisation, grâce à la complicité de certains agents de l’administration locale. 

Des sources sûres affirment que les services de police ont pu récupérer de fausses licences d’importation de véhicules d’anciens moudjahidine. Les enquêteurs ne se sont pas intéressés uniquement au parc automobile déjà très fourni, y compris de voitures de collection et de luxe, mais aussi aux objets de valeur.

Le bijoutier des Tahkout auditionné

Le juge a auditionné le bijoutier, chez lequel Mahieddine Tahkout et certains membres de sa famille s’offraient des pièces des plus onéreuses, et certains vendeurs de produits d’habillement de marque dont ils sont clients.

 Jeudi dernier, le juge de la 3e chambre du tribunal de Rouiba a auditionné Brahim Tahkout, et l’a placé sous mandat de dépôt, pour une nouvelle affaire liée également au patrimoine «dissipé» et au «blanchiment d’argent». 

Des sources sûres affirment qu’il s’agit  d’un dossier «lié à des biens qui auraient été détournés puis vendus ou cachés dans le but de se soustraire aux mesures de saisies et de confiscations judiciaires». 

C’est la deuxième fois qu’il fait l’objet de la même mesure. Le juge a également ordonné des mandats de recherche contre trois personnes mises en cause, en fuite, alors que l’enquête se poursuit toujours. 

Dans ces deux affaires, les enquêtes judiciaires ont ciblé de nombreux clients et fournisseurs du groupe, liés de près ou de loin à l’achat, la revente ou tout simplement aux cadeaux, notamment des véhicules, offerts à des personnes ou personnalités, durant la mise sous administration des activités de Cima Motors et de ses filiales. 

Les enquêteurs ne se sont pas intéressés uniquement au parc automobile déjà très fourni – voitures de collection – mais aussi aux objets de valeurs. 

Selon certains avocats avec lesquels nous nous sommes entretenus, le tribunal de Rouiba risque de se dessaisir de ces deux enquêtes sur la fortune cachée des Tahkout, au profit du pôle financier et économique de Sidi M’hamed, près la cour d’Alger, étant donné que les faits sont liés, entre autres, au «blanchiment d’argent» et à la «dissipation de produits de crime en lien avec la corruption». 

Peut-on dire que l’autorité judiciaire a mis le paquet pour la récupération des biens dilapidés ? La question reste posée, dans la mesure où l’Etat peine toujours à obtenir la coopération des pays vers où des fonds mal acquis colossaux ont été transférés pour servir à l’acquisition de somptueuses demeures dans les quartiers les plus huppés. 

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