L’accord d’augmentation de l’approvisionnement en gaz signé entre l’Algérie et l’Italie est considéré comme une aubaine pour le voisin tunisien. Le gazoduc Transmed livrant le gaz algérien en direction de l’Italie passe par le territoire tunisien et représente une source de revenus appréciable pour le voisin de l’est de l’Algérie.
Les Tunisiens ont suivi avec intérêt et satisfaction les négociations algéro-italiennes aboutissant à une augmentation du volume de gaz de 40% jusqu’en 2024, car l’augmentation de ces capacités d’approvisionnement via Transmed est «une source de revenus inattendue pour le pays», commentent les Tunisiens, selon l’agence Ansamed.
Le gazoduc Transmed traverse, pour rappel, le territoire tunisien sur 400 kilomètres avant de s’engouffrer dans la mer Méditerranée pour atteindre l’Italie. Une redevance est reversée au voisin tunisien à raison de 5,25% sur le total du gaz transporté et les contrats de vente signés en 1983 prévoient un paiement soit en devise ou en gaz naturel. L’augmentation du flux gazier induira ainsi une hausse des bénéfices que la Tunisie engrangera.
«Ces redevances rapporteront 500 milliards de dinars à la Tunisie en 2022», a indiqué Neila Noura Gongi, ministre tunisienne de l’Industrie, des Mines et de l’Energie. Ce volume financier couvre pour l’instant, selon la même responsable, 65% des besoins énergétiques de la Tunisie. Cette dernière passe par une situation économique difficile et souffre des répercussions négatives de la guerre en Ukraine sur les importations des céréales.
La Tunisie dépend de l’Ukraine et de la Russie à hauteur de 56% de ses importations annuelles de blé, selon des données des Nations unies. Le pays dispose de stocks de blé suffisants pour tenir jusqu’au mois de juin mais, selon les médias, le dernier navire en provenance d’Ukraine a accosté en Tunisie trois jours avant le déclenchement de la guerre. Les boulangeries en Tunisie souffrent de soucis d’approvisionnement.
Les agriculteurs tunisiens sont aussi à court d’engrais chimiques en provenance de Russie. La société d’engrais Carthage Horticulture n’a pas reçu d’engrais depuis six semaines, rapportent des médias. Le manque ou l’absence d’engrais compromettra les récoltes de blé de l’année prochaine.
Les prix du carburant ont également flambé ainsi que d’autres factures d’importation que le pays a eu du mal à honorer. Une situation économique compliquée risque d’aggraver l’instabilité politique et mener à des troubles sociaux, craignent des analystes. L’accord algéro-italien s’avère donc pour le voisin tunisien une fenêtre sur une source de revenus complémentaire pouvant soulager quelque peu la crise financière du pays.
A noter qu’outre le gaz, l’accord prévoit également des projets dans le secteur de l’énergie renouvelable, notamment la production de l’hydrogène et son exportation vers l’Europe.