Les Algériens s’apprêtent à vivre un Ramadhan exceptionnel, qui sera à coup sûr dominé par l’austérité. Plus question de dépenser sans compter. En effet et pour ne pas déroger à la règle, les prix flambent.
Même les produits de première nécessité sont de moins en moins à la portée des citoyens, pris plus que jamais en tenaille entre une chute brutale du pouvoir d’achat et la spéculation des vendeurs et commerçants à l’insatiable appétit. Il y a aussi la pénurie qui a planté son décor (huile, farine, semoule…).
La simple loi de l’offre et de la demande ne suffit plus à expliquer la hausse des prix traditionnelle avant et pendant le Ramadhan. Presque un rituel.
Un mois de grandes dépenses pour les familles : non seulement l’alimentation, mais aussi les ustensiles de cuisine, et parfois même les décorations d’intérieur qui créent souvent des gouffres financiers dans le budget. A chaque approche du Ramadhan, la vaisselle et les nappes sont renouvelées. Mais cette année, on ne se bouscule pas dans les boutiques. La majorité des familles va se contenter du grand nettoyage pour accueillir ce mois comme il se doit.
L’élan de solidarité aura de la peine à se mettre en place au profit des plus démunis. Déjà, l’année dernière, il y avait moins de «restaurants de la Rahma» qui offraient les repas de rupture du jeûne.
La spéculation illicite est définie par la loi n°21-15 du 28 décembre 2021 qui stipule : «tout stockage ou rétention de biens ou marchandises visant à provoquer une pénurie ou une perturbation des approvisionnements au niveau du marché et toute hausse ou diminution artificielle des prix des biens ou marchandises ou des billets de banque de manière directe ou indirecte ou par le bais d’intermédiaire ou le recours à des moyens électroniques ou toutes voies ou moyens frauduleux quelconques».
La spéculation prend plusieurs formes : diffusion de nouvelles ou d’informations fausses ou calomnieuses propagées, sciemment dans le public, afin de provoquer une perturbation du marché et une hausse subite et non justifiée des prix, le recours à des offres sur le marché pour provoquer des perturbations des prix ou le dépassement des marges de bénéfice fixés par la loi et la présentation d’offres de prix supérieurs par rapport à ceux pratiqués par les vendeurs habituellement. Le pays connaît depuis plusieurs mois une situation socioéconomique délicate et c’est avec appréhension que les Algériens vont entamer ce mois de jeûne, synonyme de réunions familiales quotidiennes.
Le gouvernement prend des mesures pour garantir la disponibilité des produits, mais il peine néanmoins à stabiliser les prix. Il a aussi procédé à l’affectation des points de vente à des prix répondant aux besoins des catégories à revenus modestes. La situation économique actuelle pourrait exclure les ménages les plus pauvres des festivités de ce mois, voire pousser certains à s’endetter.
Sur des marchés où les prix ne sont que rarement affichés, difficile de savoir combien la ménagère a réellement payé ses provisions. Mais la tendance est à la hausse : pomme de terre à 130 DA le kilo, tomate à 100 DA le kilo et même la salade a atteint les 120 DA et devient un luxe ! La carotte et la courgette, voire même le citron vont prendre l’ascenseur.
Des marchés spéciaux seront mis en place au niveau de chaque circonscription administrative pour la vente au rabais et les ventes promotionnelles afin de permettre aux citoyens d’acquérir des marchandises à des prix raisonnables durant le mois sacré. Ces marchés sont ouverts 15 jours avant le début du Ramadan et fermés une semaine après l’Aïd El Fitr.
Les efforts d’approvisionnement du marché pour faire baisser les prix seront multipliés pendant le mois de Ramadhan, annonce Mohamed Abdelhafid Henni, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, qui précise qu’en collaboration avec le département de l’Intérieur et des walis, «entre 1200 et 1300 marchés de la Rahma seront approvisionnés durant le mois sacré», auxquels s’ajoutent les «quelque 160 points de vente, entre ONAB et ALVIAR», où le prix du kilogramme de viande ovine est fixé à 1100 DA.
Concernant les céréales qui connaissent une flambée des prix sur les marchés internationaux, l’Algérie a pris ses dispositions et «a anticipé ses achats pour constituer des stocks de sécurité», explique le ministre qui assure que malgré la situation qui prévaut dans l’Est de l’Europe, «les pays fournisseurs traditionnels de l’Algérie ont confirmé que les approvisionnements seront respectés».