A quelques jours du mois de Ramadhan, la pression sur l’huile de table et la semoule persiste à Souk Ahras et les spéculateurs redoublent de voracité au point où quelques particuliers imposent à leurs clients des insecticides, des balais, de la moutarde et des champignons en concomitance avec les produits précités. «Ce sont les fournisseurs qui agissent de la sorte et nous obligent, les petits commerçants que nous sommes, à perpétuer le mal», a tonné le gérant d’un commerce du centre-ville.
Le lait pasteurisé annonce la couleur avec des chaines interminables et des bousculades devant les magasins. Avec les fruits et légumes, c’est la hausse coutumière des prix qui alimente depuis quelques jours les discussions dans les lieux publics.
La pomme de terre refuse de passer en dessous des 120 DA le kilo, la tomate oscille selon le calibre et la qualité entre 100 et 160 DA, l’ail et l’oignon ont pris des ailes et les dattes sont passées en moins d’une semaine de 250 DA à 500 DA. «Les salaires stagnants et la déliquescence du pouvoir d’achat, vécus avec résignation par une bonne partie de la population que l’on continue à désigner classe moyenne sont accentués davantage par ces augmentations vertigineuses des prix des produits consommables», a constaté un jeune fonctionnaire qui peine à atteindre les 40 000 DA/mois, lui qui a à sa charge une famille de six âmes.
L’ouverture à la salle Djoued Nouredine du marché de Ramadhan sous les auspices des autorités locales a eu le mérite d’apporter un démenti aux fallacieux arguments apportés par les barons de la spéculation concernant l’irréversible augmentation des prix et les pénuries.
Un marché cité en référence par les citoyens dont les bourses ont été fortement affectées par la spéculation et les prix prohibitifs. «C’est vrai que de tels points de vente sont l’expression d’une bonne volonté de la part des pouvoirs publics, mais l’on ne peut espérer que les rapports prix-qualité-abondance soient visibles dans les autres espaces publics où les responsables ne seront pas à portée de vue», a remarqué un passant.
Pour ce même mois de jeûne, les services communaux ont recensé 6 032 nécessiteux concernés par l’aide a apporter dans le cadre du couffin de Ramadhan.
Ceux qui souffrent en silence et qui ne sont pas forcément inscrits sur ces listes gèrent leur disette avec l’âme de ces Algériens qui ne savent pas quémander une obole auprès de l’officiel encore moins du côté des faux dévots de la ville et des prêcheurs de conjoncture, eux-mêmes inclus dans le circuit de la paupérisation de pans entiers de la société dans cette cité et ailleurs.