63 ans après la signature des accords d’Évian et la fin de la guerre : Une célébration sur fond de grave crise entre l’Algérie et la France

18/03/2025 mis à jour: 10:05
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Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et son homologue français Emmanuel Macron

Le 19 mars 1962-19 mars 2025. L’Algérie célébrera, demain 19 Mars, la Fête de la victoire, qui renvoie également à un autre événement et une autre date capitale dans l’histoire du pays, en l’occurrence la signature des Accords d’Evian, le 18 mars 1962, qui ont mis fin à 132 ans de colonisation française. Des accords qui ont tracé les règles générales à suivre dans les relations entre l’ancienne puissance coloniale et l’Etat algérien indépendant. 

Ces accords, signés par les représentants du Gouvernement provisoire de la Révolution algérienne (GPRA), conduits par le défunt Krim Belkacem, et ceux du gouvernement français, comportent un accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 19 mars, une procédure de transfert de souveraineté de la France à un nouvel Etat algérien dans le cadre d’une phase de transition, et la définition des rapports futurs entre les deux Etats. Ils (accords) ont insisté sur la libre-circulation des personnes entre les deux pays. Mais 63 ans après, Alger et Paris traversent l’une des plus graves crises de leur histoire commune. Une vive tension qui dure depuis plus de huit mois, qui marquera, cette année, les célébrations et l’évocation, dans les deux rives, de cet événement et de cet anniversaire. 

En effet, enclenchée par la reconnaissance par le président français, Emmanuel Macron, de la «souveraineté marocaine sur le Sahara occidental», cette crise est attisée par des acteurs de droite et de l’extrême droite en France qui ont multiplié, depuis, des sorties pour s’en prendre à l’Algérie. Plusieurs voix, en effet, se sont élevées pour remettre en cause ce cadre général qui a permis une cohabitation entre les deux pays. Elles ciblent d’autres accords conclus, notamment, en 1968 et 1995, sous prétexte qu’ils sont «avantageux pour l’Algérie». 

Pas seulement. Ces voix, dont notamment des ministres en exercice et d’anciens responsables français, s’attaquent aussi à l’immigration algérienne stigmatisée. C’est le cas des ministres de l’Intérieur, Bruno Retailleau, des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, et même du Premier ministre, François Bayrou. Ayant des visées purement électoralistes, selon certains analystes de la scène française, ces acteurs ont trouvé en l’Algérie et son émigration un «bon thème» de mobilisation de l’électorat en prévision de la prochaine présidentielle en France qui se jouera sans le président actuel qui aura déjà terminé ses deux mandats à l’Elysée. Est-ce l’unique objectif ? 

Ces attaques contre l’Algérie sont également animées par un esprit de vengeance, selon le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil. Lors de son intervention, le 24 février, le deuxième homme de l’Etat a affirmé, en effet, que «ceux qui attaquent l’Algérie aujourd’hui en France sont les descendants des colons qui ont pratiqué la politique de la terre brûlée entre le 19 mars et le 2 juillet 1962». 

Ces derniers, ajoute-t-il, «continuent dans la même voie aujourd’hui». «Les promoteurs du néocolonialisme s’opposent au peuple français tout en prétendant le défendre», lance-t-il encore. En dépit de la montée au créneau des voix appelant plutôt au «dialogue»,  aux «échanges diplomatiques» et à la «préservation des liens cordiaux» entre les deux pays, la crise ne fait que s’exacerber. 

Les acteurs anti-Algériens en France poussent encore dans le sens de la provocation, dans l’objectif, peut-être, de provoquer la rupture définitive entre Alger et Paris. Réussiront-ils ? Wait and see. Le malaise persiste toujours…   Madjid Makedhi 

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