De l’avis de plusieurs observateurs à l’époque, ces événements n’étaient pas «un simple accident de l’histoire». Le pays, sous l’emprise d’un système autoritaire fondé sur la pensée unique, bouillonnait depuis déjà plusieurs années avant cette date. Octobre 1988 survient, en effet, après une série d’autres révoltes, de grande ampleur, ayant éclaté dans plusieurs régions du pays, dès le début de la décennie 1980.
C’est l’une des étapes les plus marquantes de l’histoire de l’Algérie post-indépendance ! Des événements douloureux, mais qui ont ouvert une grande brèche pour la renaissance de l’espoir. Certains l’appellent le «printemps démocratique», d’autres préfèrent le nommer «printemps algérien». Dans tous les cas, ce «n’est pas un chahut de gamin». Il s’agit de la révolte d’Octobre 1988, dont nous commémorons aujourd'hui le 35e anniversaire. Mais dans le silence assourdissant.
Il n’y a point d’activités où d’action rappelant, aux Algériens, ce tournant historique qui a permis au pays d’entrer dans une nouvelle ère : la fin du système du parti unique et l’avènement du pluralisme. Cependant, la date reste toujours gravée dans les mémoires de la collectivité. Elle rappelle, à tous, une constante chère aux Algériens : la liberté. Et quel qu’en soit le prix. Le coût était d’ailleurs très cher, avec des dizaines de morts et des centaines de blessés parmi les jeunes en révolte à cette époque.
Ce fleuve a fini par prendre son lit, pour déboucher sur des réformes politiques et économiques ayant fait de l’Algérie, pour un temps, un exemple en la matière dans la région. De l’avis de plusieurs observateurs à l’époque, ces événements n’étaient pas «un simple accident de l’histoire». Le pays, sous l’emprise d’un système autoritaire fondé sur la pensée unique, bouillonnait depuis déjà plusieurs années avant cette date.
Octobre 1988 survient, en effet, après une série d’autres révoltes, de grande ampleur, ayant éclaté dans plusieurs régions du pays, dès le début de la décennie 1980. Il y a eu d’abord le Printemps berbère d’Avril 1980 et ses revendications identitaires et démocratiques, qui a subi, comme le confirment les nombreux témoins de cette période, une répression féroce. Deux ans plus tard (1982), c’est au tour des villes d’Oran et de Saïda de connaître un autre mouvement social. La capitale de l’ouest du pays a renoué aussi avec l’explosion sociale en 1984. La Casbah d’Alger a été également le théâtre d’émeutes dès 1985. La «contagion» a gagné ensuite les villes de Constantine et de Sétif, une année plus tard (1986).
Marasme social et politique
Ces mouvements n’étaient, en fait, que l’expression d’un marasme social et politique dans le pays. Aggravée par le chômage, les pénuries et d’autres crises sociales, la colère a fini par se transformer en une violente tempête qui a démarré d’Alger pour gagner ensuite plusieurs grandes villes du pays. Les émeutes ont éclaté dès le 2 octobre dans certains quartiers d’Alger avant de se propager à d’autres grands centres urbains du nord du pays.
Les manifestants s’en sont pris aux bâtiments publics et aux souks El Fellah en les saccageant. Le mouvement s’est étendu jusqu’au 10 octobre, obligeant le pouvoir de l’époque à recourir à la force pour mater les manifestations, en tirant sur les foules. Pendant cette période, le pouvoir, incarné par le président Chadli Bendjedid, était désarçonné. Violemment chargé par les émeutiers, ce dernier a fini par prononcer son fameux discours à la nation dans lequel il a annoncé des réformes politiques et économiques.
Des réformes qui ont été matérialisées avec l’adoption de la Constitution de 1989, mettant fin au système du parti unique. La nouvelle Loi fondamentale ouvre la voie à une véritable vie politique et culturelle dans un pays où il était interdit, des années durant, de penser autrement. La suite est connue de tous. Des partis politiques ont été agréés représentant divers courants, des syndicats, des associations et une presse privée ont vu le jour. C’est durant cette période-là que la jeune démocratie algérienne a connu sa période la plus faste.