17 700 morts dans les raids israéliens sur l’enclave palestinienne : Le quart de Ghaza rayé de la carte

10/12/2023 mis à jour: 01:57
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Plus aucun endroit n’est sûr pour les Palestiniens à Ghaza

La situation humanitaire dans la Bande de Ghaza est «apocalyptique», ont encore alerté hier bon nombre d’ONG. En l’espace de 24 heures, 71 morts et 160 blessés sont arrivés à l’hôpital  Al Aqsa de la ville de Deir Al Balah, à la suite d’intenses bombardements sur le centre de Ghaza, a indiqué le ministère palestinien de la Santé. Il a publié un dernier bilan global faisant état de 17 700 morts et plus de 48 780 blessés, pour la plupart des femmes et des enfants, depuis le début de l’agression israélienne ciblant les populations civiles de Ghaza. 

Après un peu plus de deux mois après le début de l’agression menée par l’entité sioniste, plus de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées à Ghaza, où 85% de la population a été forcé à l’exil, selon l’ONU. «Il fait si froid et la tente est si petite. Je n’ai que les vêtements que  je porte. Je ne sais toujours pas quelle sera la prochaine étape», témoigne Mahmud Abu Rayan, déplacé de Beit Lahia. 

Mohammed Ziyara, ministre des Travaux publics et du Logement, a révélé que plus de 25% des zones urbaines de Ghaza ont été complètement effacées de la carte dans le déluge de bombes qui s’est abattu sur ce territoire. Dans un communiqué de presse, il a ajouté que plus de 30% des infrastructures de base ont été détruites, y compris les routes, les réseaux d’eau et d’assainissement, les réseaux électriques et de communication, ainsi que des milliers d’établissements d’enseignement, de santé, de services et de lieux de culte musulmans et chrétiens. Ziyara a, de plus, souligné qu’il n’est pas possible d’estimer réellement l’ampleur des destructions en raison de l’impossibilité pour les autorités compétentes de se rendre sur le terrain, ainsi que du fait que la machine d’occupation israélienne continue de semer la terreur et la désolation en toute impunité.  

A cela s’ajoutent les risques de maladies et d’épidémies qui guettent les civils ayant pu survivre aux bombardements délibérés et intenses de l’armée sinistre. 

En raison de la surpopulation et des mauvaises conditions sanitaires dans  les abris de l’agence de l’ONU dédiée aux réfugiés palestiniens (Unrwa) dans le sud du territoire, certaines maladies transmissibles, telles que la diarrhée,  les infections respiratoires aiguës et les infections cutanées ont «fortement» augmenté, a ajouté la même source.

 Une situation qui ne risque pas de changer de sitôt, surtout après le blocage américain, vendredi soir à l’ONU, d’une résolution appelant urgemment à un cessez-le-feu humanitaire. Une attitude condamnée, notamment, par Médecins sans frontières (MSF) pour qui les Etats-Unis  sont désormais «complices du carnage à Ghaza». 

A Ghaza, «les gens sont désespérés, effrayés et en colère», a déploré, pour sa part, avant-hier, le secrétaire général de l’ONU, Antònio Guterres, évoquant un  «contexte humanitaire cauchemardesque». Une grande partie des 1,9 million de Ghazaouis qui ont fui les combats et les bombes se sont dirigés vers le Sud, transformant Rafah, le long de la  frontière fermée avec l’Egypte, en vaste camp de réfugiés. Rafah reste depuis vendredi la seule zone de Ghaza où des  distributions limitées d’aide ont lieu.
 

Des tombes creusées à la hâte

A Khan Younès, la  distribution de l’aide est quasiment à l’arrêt en raison de l’intensité des combats, au sol, opposant les combattants palestiniens aux forces de l’occupant, et des restrictions de circulation le long des routes principales. A l’hôpital Nasser de Khan Younès, des blessés parmi lesquels des enfants  sont soignés à même le sol, les uns à côté des autres, a constaté un  journaliste de l’AFP.  

Dans le nord de Ghaza, le marché du camp de réfugiés de Jabaliya a été  transformé en cimetière pour les victimes des frappes israéliennes. Des tombes  sont creusées à la hâte. Le ministère palestinien des Affaires étrangères a, par ailleurs, appelé hier à une intervention internationale immédiate afin d’arrêter le crime de nettoyage ethnique à Al Qods et de «toutes les mesures israéliennes unilatérales et illégales». 

Dans un communiqué de presse, répercuté par Wafa, le ministère a dénoncé la notification délivrée par les autorités israéliennes à 30 familles dans la localité de Silwan, au sud de la mosquée Al Aqsa, d’évacuer leurs maisons. Les notifications ont été considérées comme une extension du crime de nettoyage ethnique commis par Israël contre les habitants d’Al Qods dans le but de «vider la ville de ses citoyens autochtones et de liquider la présence palestinienne». 

Le ministère palestinien des Affaires étrangères a également fait porter au gouvernement israélien l’entière responsabilité de ces violations et de leurs répercussions dans la région. Il a fait savoir  qu’Israël exploite la préoccupation internationale du génocide collectif commis dans la Bande de Ghaza, pour réaliser ses projets coloniaux dans la ville d’Al Qods. Aussi, la directrice régionale de l’Unicef pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Adele Khodr, a déclaré hier, cité par l’agence Wafa, que «la Bande de Ghaza est l’endroit le plus dangereux au monde pour les enfants».  
 

Risque d’une explosion incontrôlée

Des milliers de civils sont toujours portés disparus, la plupart ensevelis sous les décombres et dont les proches n’ont pas pu extraire les corps.  Selon le site web de l’organisation, Khodr a expliqué que l’Unicef et d’autres organisations ont constaté, sur le terrain, que  des enfants ont  perdu des parties de leurs corps et souffrent de brûlures au troisième degré, alors que d’autres demeurent traumatisés par la violence persistante qu’ils ont subie. 

«Cela expose de plus en plus les enfants au risque d’infections respiratoires et de maladies transmissibles par l’eau», a-t-elle souligné, ajoutant que «le système humanitaire (à Ghaza, ndlr) s’effondre, en particulier sous la forte pression des mesures imposées après la fin du cessez-le-feu», a rapporté Wafa. 

Tandis que le nombre de décès des personnels médical et humanitaire dans le conflit s’alourdit, un projet de résolution soumis hier à l’OMS par 17 pays membres et la Palestine, au statut particulier, a exigé vendredi que l’entité sioniste respecte pleinement ses obligations de protection envers ces travailleurs dans la Bande de Ghaza. Ils ont demandé à Israël de «respecter et protéger» les personnels humanitaires chargés exclusivement de tâches médicales, ainsi que les hôpitaux et autres installations médicales. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), seuls 14 des 36 hôpitaux de  Ghaza fonctionnaient encore tant bien que mal jeudi dernier. 

Dans ce contexte, l’Iran a mis en garde  contre «la  possibilité» d’ «une explosion incontrôlable» au Moyen-Orient, si les Etats-Unis  continuaient à soutenir Israël dans la guerre contre le Hamas à Ghaza. 

«Tant que l’Amérique soutiendra les crimes du régime sioniste et la  poursuite de la guerre (...) il y a la possibilité d’une explosion  incontrôlable de la situation dans la région», a déclaré hier le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, au cours d’une conversation téléphonique avec le secrétaire général de l’ONU Antònio Guterres, selon un communiqué du ministère. 

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