Incendies, drones et vigies

02/04/2024 mis à jour: 08:57
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Le changement climatique va fatalement bouleverser le rythme et le programme de travail dans les différents secteurs d’activité. Celui en charge de la gestion du patrimoine forestier est naturellement le plus concerné. Des impératifs d’adaptation doivent être pris en compte face à l’accélération des phénomènes et des variations touchant le climat à l’échelle de la planète. 

Les anciennes habitudes de fonctionnement se retrouvent aujourd’hui dépassées, et les marges de manœuvre sont de plus en plus réduites au point où il est désormais fait appel à l’intelligence artificielle pour pouvoir réagir face aux situations nouvelles. En annonçant la réception des opérations liées à la prévention des incendies «avant l’ouverture de la campagne le 1er juin», il y a des risques de s’inscrire dans des schémas prévisionnels largement remis en cause aujourd’hui. Récemment, des feux de forêt se sont déclarés alors que la neige et la grêle n’avaient pas fini de tomber dans d’autres régions du pays. A présent, quand le vent se déclenche, les habitants ne savent pas si cela attisera les feux ou amènera au contraire des précipitations diverses. 

La globalisation technologique fait qu’il est possible de consulter sur son smartphone le niveau de la qualité de l’air dans sa propre localité, donnant ainsi un indice sur le sens que prendront les variations météorologiques en cours. Cela est vraisemblablement annonciateur de nouvelles fonctionnalités en lien avec la détection des feux dans des massifs environnants. 

De nombreuses start-up à travers le monde travaillent depuis au moins cinq ans sur des logiciels conçus pour localiser les départs de feu, avant qu’ils ne se transforment en incendies, qui sont, en fait, «des feux non maîtrisés ni dans le temps ni dans l’espace». Dans des interventions multimédias de moins d’une minute trente, des pompiers expérimentés informent que l’enjeu dans leurs interventions est le facteur temps : «Cela dure quelques minutes, au bout de dix minutes, l’affaire est perdue.» Le feu ne naît pas «méga incendie», il le devient. Les drones «qui donnent l’alerte» sont intégrés dans les systèmes de prévention et d’intervention qui s’appuient sur les données affichées sur les applications avant de «déclencher les moyens». 

Cette réactivité, rendue possible par le moyen de la détection de la fumée et de la variation critique de température, permet de «tuer le feu dans l’œuf», comme le soulignent les mêmes vétérans du terrain qui apprennent à collaborer avec de jeunes ingénieurs frais émoulus des écoles d’intelligence artificielle. 

Les postes de vigie prévus dans le plan national de prévention et de lutte contre les incendies sont d’une importance particulière, dans l’attente du déploiement des moyens technologiques annoncés par les pouvoirs publics l’année dernière. L’urgence est également signalée concernant la sensibilisation contre des comportements à risque qui ajoutent l’imprudence et l’irresponsabilité à ce bouleversement climatique lourd de tous les dangers. Il y a des pyromanes intentionnels et d’autres qui s’ignorent, et mettent le feu dans leurs propriétés en toutes saisons et à l’orée des forêts, en s’appuyant sur l’idée de la liberté d’action dans leurs parcelles. Les arrêtés communaux d’interdiction arrivent souvent après le déclenchement des sinistres et sont rendus publics en même temps que la publication des dégâts occasionnés par les feux.

 La vigie en forêt et la vigilance individuelle et des collectivités locales sont désormais des exigences de l’heure. A terme, l’homme devra puiser dans son intelligence pour préserver l’environnement après l’avoir consacrée, durant les siècles passés, à une industrialisation ayant fini par menacer l’équilibre de la nature et de la vie.

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