Immeuble effondré à Marseille, en France: après les secouristes, les enquêteurs

11/04/2023 mis à jour: 00:01
AFP
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Face aux décombres de l'immeuble soufflé à Marseille, dans le sud-est de la France, l'espoir de retrouver des survivants diminue d'heure en heure : deux personnes seraient encore sous les gravats mardi tandis que quatre des six corps retrouvés ont été identifiés. Les enquêteurs sur place sont par ailleurs à pied d'oeuvre afin d'élucider les causes de l'explosion vraisemblablement liée au gaz, qui a provoqué dimanche à 00H46 l'écroulement du 17 rue de Tivoli, au coeur de la deuxième ville française. Derrière les six corps extraits des décombres, des bribes de vie ont commencé à émerger mardi matin, lors d'une conférence de presse de la procureure de la République de Marseille, qui a annoncé les noms de quatre victimes identifiées grâce à des éléments ADN, capillaires et dentaires. Nicole Gacon, 65 ans, vivait dans un appartement en rez-de-jardin; Antionietta Alaimo, épouse Vaccaro, 88 ans, était au premier étage; Jacques et Anne-Marie Praxy, 74 ans tous les deux, habitaient le duplex du 3e étage, a indiqué Dominique Laurens. Dimanche, la magistrate avait aussi évoqué "un couple de jeunes trentenaires". Selon le quotidien régional La Provence, les deux derniers habitants seraient un couple d'octogénaires, Anna et Jacky. En attendant l'identification des deux corps encore anonymes, deux personnes seraient donc a priori sous les gravats. Mais le travail des marins-pompiers, à l'oeuvre 24 heures sur 24, est de plus en plus "périlleux", se faisant uniquement à la main, en raison "d'un danger très important sur la stabilité de l'immeuble du 19", qui menace de s'effondrer, a averti la magistrate. 

"Miracle"

"On travaille toujours avec l'espoir d'avoir un miracle, clairement il y a toujours des poches de survie, mais c'est sûr que plus le temps passe plus l'espoir va s'amenuiser", expliquait mardi matin un capitaine de frégate du bataillon des marins-pompiers. Du côté de l'enquête judiciaire sur les raisons du drame, on travaille toujours "sur l'hypothèse d'une explosion au gaz", a expliqué Mme Laurens, en précisant que seuls les appartements du rez-de-chaussée et du 1er étage étaient équipés au gaz, les deuxième et troisième étages ayant eux été "neutralisés au niveau du gaz". Dans les gravats, les enquêteurs ont retrouvé le compteur de gaz de Mme Vaccaro, qui a été transmis à l'entreprise GRDF (Gaz réseau distribution France) afin de vérifier une éventuelle "consommation anormale dans les 24 heures précédant l'explosion", a expliqué la magistrate, en soulignant que la cuisinière au gaz de l'habitante avait été récemment changée pour une cuisinière électrique. Sur place, 18 enquêteurs de la police judiciaire, saisis pour homicides involontaires, ont été déployés, aux côtés de 22 collègues de la police scientifique. Dans le quartier, les enfants ont repris le chemin de l'école, après le long week-end de Pâques. Mais pour les élèves de l'école élémentaire Franklin-Roosevelt, rue de Tivoli, cette rentrée a eu un goût particulier: le bâtiment ayant été réquisitionné par les marins-pompiers pour leur poste de commandement, ils ont été répartis dans différentes écoles du quartier. Beaucoup sont restés dans leur famille mais pour José Gonzalez, père d'une fillette, c'était important "qu'ils sortent de la maison et qu'ils parlent entre eux, avec leur langage d'enfants". "Je ne sais pas dans quelle mesure ils vont évacuer les choses", note une mère, Mauve Carbonell, qui espère que les "psy sauront trouver les mots auprès des enfants qui ont vécu un grand stress".

"Violence inouïe"

Pour les quelque 200 personnes évacuées par précaution des immeubles voisins, la question est désormais de savoir quand ils pourront revenir chez eux. Mais cette hypothèse est désormais exclue pour les habitants du 15, qui s'est lui aussi écroulé en grande partie, quelques heures après le 17, ou ceux du 19. Et d'autres immeubles pourraient eux aussi être définitivement condamnés: "Ca a été d'une violence inouïe et cela a fait bouger potentiellement les bâtiments adjacents, donc il faut être vigilant", a averti lundi l'adjoint au maire à la Sécurité, Yannick Ohanessian. Certains des habitants des 220 logements vidés ont pu rentrer lundi l'espace de quelques minutes, pour récupérer effets personnels et documents administratifs indispensables. Ce mouvement devrait se poursuivre mardi. Que prendre avec soi dans un appartement où l'on vivait, quand on ne sait pas quand on reviendra chez soi ? Les papiers, un vélo pour aller travailler, des vêtements, des médicaments... On "oublie toujours quelque chose", ont raconté à l'AFP des habitants. "Le pire, c'est de ne pas savoir combien de temps ça va durer. Ce qui m'angoisse le plus c'est de pas savoir où je vais vivre, s'il faut que je me trouve un nouvel appartement", témoigne Alhil Villalba, 33 ans. 

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