Ils ignorent tout de la démarche attribuée au chef de l’état : Les députés dans l’expectative !

16/05/2022 mis à jour: 18:34
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Les travées du palais de l’hémicycle Zighout Youcef étaient hier quasiment vides. Sur les 406 députés que compte la nouvelle Assemblée élue en juin 2021, seule une soixantaine était présents pour débattre en plénière du projet de loi lié au secteur de la pêche et de l’aquaculture. 

On croyait que ce fléau relevait du passé avec l’avènement de la nouvelle composante issue de la 9e législature, mais voilà que l’absentéisme poursuit son chemin à quelques jours du bouclage d’une année de cette mandature, la première de l’ère post-hirak. 

L’ambiance était morose et sans attrait. Selon des sources au sein de l’Assemblée, l’absentéisme est devenu légion ces derniers temps. D’ailleurs, à plusieurs reprises, des débats et des plénières ont dû être ajournés à cause de l’absence quasi totale des députés. 

Certains parlementaires s’en défendent, assurant que s’ils sont absents de la plénière, c’est parce qu’ils sont occupés au sein des commissions et se plaignent donc de ces programmations simultanées. Ces derniers jours dans les coulisses de l’hémicycle, les discussions portent beaucoup plus sur les consultations entamées par le président de la République et sur la question de la levée de l’immunité qui touche des députés. 

A ce sujet, l’on apprend que le bureau de l’APN a programmé une plénière à huis clos le 25 mai prochain sur la levée de l’immunité du député de la communauté algérienne à l’étranger Mohamed Bekhadra, accusé d’avoir servi dans la légion étrangère de l’armée française en tant qu’infirmier. Le député de l’émigration reconnaît dans un courrier adressé à ses pairs et à la presse les griefs retenus contre lui et à l’origine de la procédure de son exclusion du Parlement et de l’interdiction d’accès à l’hémicycle qui lui a été signifiée. 

Élu sous la bannière du Front national algérien (FNA) de Moussa Touati, Bekhadra explique avoir exercé au sein de l’armée française en qualité d’infirmier sur la base d’un diplôme. Un enrôlement qu’il explique par son souci à cette époque de régulariser sa situation administrative, sa carte de séjour ayant expiré, lui qui avait rejoint la France en 2006. 
 

Une séance sur la levée de l’immunité pour Bekhadra
 

Ce qui lui a permis, d’ailleurs, a-t-il ajouté, d’avoir la nationalité française et un passeport. Et de rappeler que son dossier de candidature aux élections législatives anticipées du 12 juin 2021 remplit toutes les conditions requises par la loi électorale, d’où sa validation par l’ANIE. Des députés cherchent des réponses à des questions qui demeurent en suspens : pourquoi avoir laissé passer un tel dossier ? Qui doit être sanctionné et qui a failli ? 

«Un dossier d’un candidat est censé être étudié minutieusement, les institutions ayant failli doivent répondre de cet acte», observe un député. Nombreux sont aussi les parlementaires qui s’insurgent contre l’interdiction d’accès à l’hémicycle signifiée à Bekhadra et estiment que ce dernier a le droit de se défendre lors de la séance plénière prévue la semaine prochaine. 

De son côté, Bekhadra pense qu’il serait «victime de harkis» et appelle ses collègues députés à la solidarité, afin, dit-il, de «préserver la dignité, le prestige et la souveraineté et l’indépendance du pouvoir législatif et le triomphe de l’Etat de droit». Plusieurs élus sont également concernés par la levée de l’immunité et leurs dossiers, nous dit-on, font l’objet d’enquêtes. 

L’autre sujet qui préoccupe les parlementaires a trait à la «démarche de rassemblement» du président de la République, qui maintient «sa main tendue à tous». La plupart des députés FLN et RND applaudissent cette initiative sans connaître réellement ni son contour ni son contenu. «Nous adhérons à toute initiative qui émane du Président ou d’autres parties et qui va dans le sens de rassembler les Algériens et de renforcer le front interne», note un député FLN. 

Son collègue indépendant qui a requis l’anonymat avoue ignorer tout du contenu de cette démarche dès lors que le Président n’a pas soufflé mot sur la question ni lors de sa dernière rencontre avec la presse nationale ni lors de sa série de concertations avec les partis politiques. Un député du MSP préfère attendre sa concrétisation avant de se prononcer : «Tant que le Président ne s’est pas expliqué et n’a pas communiqué à ce sujet, on ne peut pas spéculer. L’on se demande toutefois en quoi consiste cette démarche et comment va-t-elle se traduire sur le terrain. 

Rassembler qui et autour de quoi ?» Des députés de différentes obédiences pensent que cette initiative aux contours inconnus sera rendue publique à l’occasion de la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance du pays. Par ailleurs, certains députés interrogés affirment n’avoir pas entendu parler de cette initiative et se défendent d’«être occupés» par les affaires internes de l’Assemblée ! 

S’agissant des séries de consultations entamées, certains parlementaires restent persuadés que ce processus entre dans la perspective d’un remaniement ministériel. «Le Président veut avoir des avis sur les affaires du pays et surtout sur le rendement de son gouvernement, et ce, dans le but d’opérer un changement de l’Exécutif», croit savoir un élu indépendant. 
 

 

 

 

Boughali appelle à répondre à l’appel du président 


Le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Brahim Boughali, a appelé, hier à Alger, à répondre à l'appel du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à travers son initiative de rassemblement et de cohésion nationale, affirmant la nécessaire adhésion de tous au processus de réédification. Dans son allocution lors d'une séance plénière consacrée à la présentation du projet de loi complétant la loi 01-11 relative à la pêche et à l'aquaculture, M. Boughali a indiqué que «l'adhésion de tous à l'appel du président de la République relève du devoir national, d'autant qu'on s'apprête à célébrer le 60e anniversaire du recouvrement de notre liberté et souveraineté». Le président de la Chambre basse du Parlement a estimé que «l'Algérie d'aujourd'hui conduite par le président Abdelmadjid Tebboune amorce une nouvelle étape, celle de la consolidation de la cohésion nationale et du front interne, laquelle intervient après finalisation de l'édification de ses institutions constitutionnelles, grâce à des lois transparentes, à la volonté populaire et au libre choix. L'engagement du président Tebboune et ses promesses à l'adresse du peuple sont, ainsi, honorés». Et d'ajouter : «Nous amorçons une étape qui répond à nos valeurs civilisationnelles, inspirées de l'essence même de notre Glorieuse Révolution et de la Déclaration du 1er Novembre.» Après avoir salué «cette éminente orientation découlant d'une vision clairvoyante et d'une grande sagesse», le président de l'APN a remercié «tous les acteurs ayant répondu favorablement ou salué cette démarche émanant de la conviction du président de la République et qui s'est manifestée durant sa campagne électorale, avec laquelle le peuple a réagi, notamment les jeunes convaincus de la sincérité de la proposition et de la démarche». 

R. N.

 

 

 

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