«Il y a sur cette terre, ce qui mérite la vie»

03/12/2023 mis à jour: 04:52
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Dans le long combat qu’ils mènent contre Israël depuis bien avant sa création en 1948 jusqu’à ce jour, les Palestiniens ont toujours considéré que les questions de la terre et de l’identité sont indissociables. Il était bien clair que derrière toutes les opérations militaires sionistes, il y avait un seul but : celui de terroriser les populations autochtones, les forçant à quitter leurs terres, pour les peupler par de nouveaux colons, n’ayant aucun lien identitaire avec cette patrie qu’est la Palestine. 

On savait déjà que l’ancien Premier ministre israélien, David Ben Gourion, écrivait dans ses mémoires à l’adresse des soldats et des colons : «Dans chaque attaque, il faut réaliser un coup décisif qui mènera à démolir les maisons et expulser les habitants.» C’est ainsi, tout ce qui s’est passé depuis la Nakba de 1948 jusqu’aux bombardements contre Ghaza relève d’une guerre identitaire, planifiée de longue date, et que les sionistes avaient mise en application bien avant la création de leur Etat. Historien et chercheur palestinien, le Dr Choukri Arraf a révélé, sur la chaîne Al Jazeera, que ce plan remontait déjà à 1878, quand les sionistes des premières colonies avaient délibérément changé vers l’hébreu les noms arabes des rivières, des collines et des rues dans les villes de Haïfa et Acca. Il a ajouté que les noms de plus de 8000 sites en Palestine ont été hébraïsés. «Une façon de s’approprier la géographie palestinienne et pas uniquement l’histoire», a-t-il soutenu. 

Au fil des années, cette guerre s’est poursuivie avec chaque nouvelle colonie implantée par les Israéliens. On se rappelle bien que suite à sa victoire dans la guerre de juin 1967, l’entité sioniste, qui avait annexé la partie Est de la vieille ville d’El Qods, avait détruit en quelques heures le quartier symbolique de «Harat El Maghareba», après l’expulsion des familles arabes par la force, pour réaliser une extension de l’esplanade du «Mur des lamentations» aux dépens de ce site historique. Des transformations sont encore opérées dans cette ville, pour s’emparer de la moindre parcelle et tout judaïser, quitte à réaliser des fouilles illégales menaçant de faire effondrer la mosquée Al Aqsa. 

Dans la vieille ville d’Hébron, plus connue par El Khalil, les sionistes tentent par tous les moyens de faire main basse sur la mosquée d’Ibrahim, construite sur le lieu sacré du «Tombeau des patriarches». Un lieu entretenu par des familles arabes depuis des siècles. 

D’autres agressions et pillages ont eu lieu à Naplouse, Ariha (Jéricho), Yaffa, Haïfa, sans oublier les 530 villages palestiniens rasés durant la guerre de 1948. Et l’entité sioniste ne s’arrêtera pas là. Les récents bombardements contre Ghaza ont ciblé des sites archéologiques classés, pour détruire les preuves du lien historique des Palestiniens avec leur terre depuis la préhistoire. 

Plus de 75 ans après, toutes les tentatives de judaïser la Palestine ont été un échec, de l’aveu même des Israéliens. Rien ne pouvait venir à bout de l’attachement des Palestiniens à leur terre, leur histoire et leur culture millénaires. C’est aussi cette culture de la résistance qui continue de nourrir les jeunes dans les familles, les écoles, les mosquées et les quartiers en leur apprenant leur langue, leur histoire et leurs traditions. 

C’est cet esprit de résistance, ayant marqué des générations de Palestiniens, qui finira par l’emporter, un jour, sur cette terre, rien que par cette vraie volonté d’y vivre. Ce que le célèbre poète Mahmoud Darwiche avait bien saisi en écrivant : «Il y a sur cette terre, ce qui mérite la vie.» 

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