Un des axes importants dans la mission du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA) est sans doute le segment de l’enseignement de la langue amazighe et sa généralisation, incluant aussi la recherche et la technologie.
Devenue langue nationale depuis 2016 et consolidée officiellement lors de la révision de la Constitution de novembre 2020, son enseignement connaît des «flottements», nécessitant de «repositionner l’enseignement de la langue amazighe par un texte de loi», pour reprendre le terme de Si El Hachemi Assad, secrétaire général du HCA, qui est intervenu récemment sur les ondes de la Radio nationale, Chaîne III.
La généralisation de cette langue ancestrale continue de buter sur des contraintes d’ordre bureaucratiques et pédagogiques qui reportent à chaque fois les échéances de sa généralisation, et ce, malgré les efforts déployés par les chercheurs du HCA et le soutien des institutions.
Cela dit, beaucoup d’avancées ont été enregistrées. L’action du HCA, couplée à la volonté de l’Etat d’élargir son enseignement, n’est pas vaine, lorsqu’on constate son degré d’introduction dans la société, à travers les différents aspects innovés des festivités de Yennayer, empreint d’un caractère populaire et officiel, ainsi que l’entrée de la langue dans la recherche, les médias et progressivement dans le domaine technologique.
A ce propos, Assad affirme qu’un certain nombre d’objectifs sont atteints, car aujourd’hui, tamazight est une réalité dans l’Ecole algérienne. Un acquis rendu possible grâce à un processus de généralisation graduelle qui a permis son introduction dans environ 45 wilayas concernées par son enseignement, «même si on ne touche pas à tous les paliers dans certaines wilayas», reconnaît-il.
«Le verrou»
«La place de tamazight est à l’école», tranche-t-il. Et c’est dans ce lieu qu’on doit construire, assure-t-il, «cette citoyenneté, la consolidation de l’unité nationale et la fraternité entre Algériens. C’est cette vision qui consiste à faire un bilinguisme possible à travers l’école et l’université», attestant que les moyens sont mis pour concrétiser cette vision, avec la progression du contingent d’enseignants formés.
Le SG du HCA n’est pas allé par quatre chemins pour pointer du doigt la circulaire du 23 janvier 2008, dont l’une des dispositions parle de «demande sociale», une notion qu’il qualifie de «piégeante». Or, indique-t-il, la demande est exprimée et faut-il la provoquer. C’est surtout le caractère facultatif qui empêche l’essor de l’enseignement de cette langue mère, contrairement aux autres matières qui sont, quant à elles, obligatoires. Le «verrou se situe à ce niveau», indique-t-il.
Ce fait donne un enseignement décousu de cette langue, où «dans plusieurs établissements, cette matière est enseignée au primaire et absente au collège, ce qui constitue un gâchis» pour la promotion de cette langue. Pour le HCA, la solution passe inévitablement par la révision de la loi de l’orientation du secteur de l’éducation. Une des solutions possibles, selon le responsable du HCA, «est d’asseoir dès la rentrée prochaine une continuation dans l’enseignement, puisque la matière n’est pas enseignée dans tous les paliers à travers les établissements de certaines wilayas».
Il a noté, en outre, un problème bureaucratique lié à la non-application des instructions ministérielles. Dans le même contexte, le premier responsable du HCA a dénoncé des pratiques qui ne sont un secret pour personne, mais poussant à faire de cette langue une matière optionnelle. Il s’agit du fait qu’on «tolère des formulaires proposant aux parents si leur enfants souhaitent ou pas d’apprendre la langue amazighe, un fait aberrant», regrette-t-il.
Pourtant, insiste-t-il, «il suffit de la promulgation d’un texte pour régler ce type de problèmes bureaucratiques et pédagogiques». Pour ce faire, Si El Hachemi Assad préconise qu’il «est temps de réunir l’ensemble des directeurs de wilaya de l’éducation, y compris ceux d’Alger, dans le but d’asseoir une nouvelle circulaire qui réglemente davantage cet enseignement graduel de la langue amazighe»