Il était L'un des meilleurs historiens de l'époque ottomane : Lemnouar Merouche tire sa révérence

15/08/2024 mis à jour: 23:35
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L’historien et universitaire algérien réputé,  Lemnouar Merouche est décédé, hier, à l’âge de 92 ans, à Paris, en France.

Grand érudit, Lemnouar Merouche laisse derrière lui, entre autres, une œuvre considérable, intitulée Recherches sur l’Algérie à l’époque ottomane, parue aux éditions algériennes Bouchène. Son parcours a été des plus remarquables et élogieux à la fois. Lemnouar Merouche est né en 1932 à Bordj Ghedir, à quelques kilomètres de Bordj Bou Arréridj. 


Il a accompli son cycle primaire à l’école indigène de Bordj Ghedir. Entre la fin des années quarante et le début des années cinquante, il poursuit son cycle secondaire et universitaire à Tunis puis au Caire. Il décroche avec succès une licence d’histoire au Caire. Tout en étant étudiant, il activait en tant que militant pour le recouvrement de l’indépendance de l’Algérie. Le défunt historien Lemnouar Merouche était une valeur sûre des cadres de la Révolution algérienne, et ce, de 1958 à 1962. 

Il a dirigé, dans un premier temps, la rédaction du journal El Moudjahid, pour par la suite, présider ce même quotidien en langue arabe. Il s’arrêtera d’exercer sa fonction de directeur en 1965, année du coup d’Etat du colonel Houari Boumediène. Il s’exile, alors, à l’étranger jusqu’en 1974. Il prend l’initiative de reprendre ses études supérieures sans pour autant se départir de son militantisme. 

Il obtient, brillamment, un doctorat en histoire en 1976 à la Sorbonne. L’historien et universitaire algérien Mohammed Harbi rappelle que c’est à l’Ecole des hautes études à Paris, cette noble institution où prévalait alors l’influence du groupe des Annales d’histoire économique et sociale, que Lemnouar Merouche «mûrit son projet d’arracher le passé algérien aux lectures fantasmatiques que proposent le discours historique colonial et son envers, le discours nationaliste». Pour le journaliste Youcef Zerarka, Lemnouar Merouche est un enfant de l’Algérie profonde qui, comme Kateb Yacine à Sétif et Harbi à El Harrouch et Skikda au milieu des années quarante, s’est nourri de nationalisme à l’épreuve de l’Algérie coloniale et sa multitude d’injustices. 

De bout en bout de sa trajectoire à multiples facettes - militante, citoyenne, intellectuelle -, Lemnouar Merouche a slalomé entre les bornes de la vertu, de la rectitude, de l’engagement, du courage et de l’honnêteté intellectuelle. Autant de traits qui le positionnent au rang des hommes et des femmes qui n’ont pas à rougir de leurs actes. 
Le défunt partage avec son ami de 60 ans ce surnom qui ne figure nulle part dans l’état civil, mais qui figure au fichier des bibliothèques via l’avant-dernier opus de Harbi :  Une vie debout. Spécialiste du Maghreb et plus particulièrement de l’Algérie, à l’époque ottomane, Lemnouar Merouche a enseigné à l’université d’Alger, de 1975 à 1990. Il est l’auteur de nombreux travaux dans plusieurs revues spécialisées. Il s’est consacré sur un important travail sur l’Algérie, décliné en quatre volumes, dont deux Recherches sur l’Algérie à l’époque ottomane. I. Monnaies, prix et revenus 1520-1830 (paru en 2002) et II. La course, mythes et réalité (paru aux éditions algériennes Bouchène en 2007). 

Il est important de souligner que son livre Recherches sur l’Algérie à l’époque ottomane  est la résultante d’un travail laborieux longuement mûri. Dans cette remarquable publication, Lemnouar Merouche rend un vibrant hommage à ses valeureux maîtres qui lui ont prodigué un enseignement de qualité au Caire et à Paris. Parmi ces derniers, citons entre autres Mohammed Anis, l’historien égyptien de l’Egypte ottomane, et Ernest  Labrousse, l’une des figures les plus radieuses de la Sorbonne. Pour les spécialistes, le livre en question est une véritable exploration dans «l’évolution des fortunes, les liens entre pouvoir et richesse, les rapports entre les classes, etc. Il contient de fines notations qui touchent à l’histoire des mentalités et qui dressent avec doigté, à partir de l’analyse de l’économie, des bilans des rapports internationaux. 

Il montre ainsi que la conquête française se situa au lendemain d’une grave crise, et dans un pays fragilisé où les pouvoirs dominants avaient fait bon marché de la sécurité alimentaire des gens en exportant à des fins de lucre des quantités inconsidérées de céréales dans des proportions incompatibles avec l’état des forces productives».

 

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