Il a quitté le pouvoir depuis 47 ans : Bourguiba, source d’inspiration des leaders politiques tunisiens

08/04/2024 mis à jour: 01:30
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Habib Bourguiba reste un exemple à suivre pour beaucoup de responsables politiques tunisiens

Nul autre leader politique tunisien n’a pu effacer les empreintes encore vives dans les mémoires des Tunisiens, gravées par le bâtisseur de la Tunisie moderne Habib Bourguiba, décédé le 6 avril 2000 et parti du pouvoir le 7 novembre 1987. 

C’est donc sans surprise aucune, qu’en cette année électorale, plusieurs leaders politiques actuels ont fait le déplacement au mausolée des Bourguiba à Monastir, avant-hier, à l’occasion du 24e anniversaire de son décès, à commencer par le président de la République, Kaïs Saïed. Il est vrai que ce dernier a l’habitude de rendre cet hommage à Bourguiba et de faire le déplacement à Monastir depuis son élection à la magistrature suprême en 2019. Saïed a toujours insisté sur le devoir d’être «reconnaissant à ceux qui ont énormément donné à la Tunisie», comme il l’a rappelé avant-hier lors de son discours devant le mausolée de Bourguiba. Le président tunisien a évoqué «la révolution de l’époque, dans l’éducation, la santé et le code du statut personnel, changeant ainsi la face de l’Etat». Il est utile de rappeler qu’avant Kaïs Saïed, le défunt président Béji Caïd Essebsi avait régulièrement tiré profit de l’héritage bourguibien, surtout lors de sa campagne électorale de 2014 alors qu’il était à la tête du parti Nidaa Tounes. 

L’inspiration de l’héritage bourguibien ne se limite pas aux adeptes de la pensée libérale et libératrice ; il s’étend également à ceux qui étaient emprisonnés sous Bourguiba, à l’image du leader d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, ex-président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), aujourd’hui sous les verrous, comme à la fin de l’ère Bourguiba en 1987. Ghannouchi a fait deux fois le déplacement au mausolée des Bourguiba à Monastir. Et alors qu’il n’avait pas voulu accéder à l’intérieur du mausolée et lire la Fatiha en 2013, il a franchi le pas en 2017, lorsqu’il a compris que la popularité de son mouvement commençait à chuter et qu’il fallait diversifier les poches électoralistes. Même chose pour les leaders du parti travailliste d’obédience marxisante, longtemps sous les verrous sous le règne de Bourguiba. Les Hamma Hammami et consorts ont admis qu’en politique, «tout est permis pour arriver à sensibiliser le peuple, à l’image de Bourguiba qui allait dans les mosquées et visitait les marabouts pour s’aligner sur la conscience populaire». 

D’autres leaders politiques et potentiels candidats, comme Nizar Chaâri, Mondher Zenaïdi ou Olfa Youssef, ont régulièrement vénéré le grand leader. C’est dire que le leader Habib Bourguiba a marqué les Tunisiens, le peuple et son élite. Le président Saïed se présentant comme le sauveteur des entreprises publiques et du secteur étatique créé sous le leader Habib Bourguiba, il ne peut que rendre hommage au père bâtisseur dont il est en train de sauver l’héritage. «Les institutions et les entreprises publiques créées sont nombreuses sous Bourguiba. Personne ne saurait nier les acquis de cette période, ou ne pas être reconnaissant», a souligné le Président.

 En matière de contact avec les électeurs, les autres leaders politiques, potentiels candidats eux-aussi à la prochaine présidentielle de cet automne, accusent manifestement du retard par rapport au Président en exercice, qui les a taquinés lors de son discours avant-hier devant le mausolée de Bourguiba. «L’ambition est légitime, mais notre rôle en tant que Tunisiens est de servir le pays quel que soit le poste qu’on occupe. Certains accourent à l’approche de la présidentielle, alors pourquoi ont-ils boycotté les législatives et se pressent-ils maintenant ? Posez-leur cette question, peut-être que vous aurez des réponses !» a dit Saïed à l’adresse de ses opposants, en leur assurant que «ce qui est important, c’est la coexistence pacifique entre le pouvoir et l’opposition dans le cadre de la loi». 

L’analyste politique Mohamed Bououd a souligné à El Watan que «plusieurs dirigeants politiques, leaders de partis ou indépendants, ont exprimé la ferme intention de participer à la prochaine élection présidentielle», en mettant l’accent sur le fait qu’aucun parti politique, y compris Ennahdha, n’a exprimé un avis de boycottage. Cela veut dire que «la page de l’ancien régime et des instances élues en 2019 est, de fait, tournée», a-t-il poursuivi. Bououd a rappelé que «plusieurs leaders politiques, dont le président du Front de salut national, Ahmed Néjib Chebbi, ou Me Mohamed Abbou, l’ex-président du parti Ettayar et ex-député et ministre, ont exigé des mesures d’apaisement avant l’élection», en insistant sur le fait que «le terme boycottage n’a pas été utilisé». 

Pour Bououd, «Saïed a gagné son coup et il partira favori devant ses concurrents, pas uniquement parce qu’il est au pouvoir et qu’il bénéficie d’un large soutien populaire, mais également parce que les autres candidats ne sont pas encore prêts». 
 

Tunis
De notre correspondant  Mourad Sellami 
 

 

 

Hausse de 6% des recettes touristiques 

Les recettes touristiques cumulées ont atteint 1,2 milliard de dinars (environ 382 millions de dollars) en Tunisie, durant le premier trimestre 2024, ce qui représente une légère hausse de 6% par rapport à la même période de l’année dernière, selon les derniers indicateurs monétaires et financiers de la Banque centrale de Tunisie (BCT).Les revenus du travail ont enregistré un accroissement de 4%, passant de 1,7 milliard de dinars (environ 541 millions de dollars) à fin mars 2023, à 1,8 milliard de dinars (environ 573 millions de dollars) le 31 mars 2024. Pour ce qui est des services de la dette extérieure cumulés, ils ont plus que doublé, pour atteindre 5,8 milliards de dinars (environ 1,8 milliard de dollars), au cours des trois premiers mois de l’année en cours, contre 2,6 milliards de dinars (environ 828 millions de dollars), durant la même période de l’année écoulée, d’après la même source. S’agissant des avoirs nets en devises, ils ont atteint 23,4 milliards de dinars (environ 7,4 milliards de dollars), à la date du 5 avril courant, l’équivalent de 107 jours d’importation, en hausse significative, par rapport à la même période de l’année 2023 (22 milliards de dinars – environ 7 milliards de dollars – soit 95 jours d’importation). 

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