L’hydrogène vert pourrait constituer une belle passerelle énergétique entre l’Algérie et l’Union européenne qui serait bénéfique aux deux parties.
L’Allemagne, qui vient d’approuver un pharaonique projet de construction d’«autoroutes de l’hydrogène» sur 9000 kilomètres de canalisations sur son territoire, envoie un signal d’une grande volonté politique de miser sur cette ressource visant à décarboner son économie. Pas moins de 70% de la demande allemande de l’hydrogène vert seront couverts par les importations.
Ces signes d’une volonté de montée en puissance de l’hydrogène en Europe devraient profiter à l’Algérie en raison de la proximité géographique et de l’existence d’infrastructures gazières qui pourraient être converties. L’Algérie se positionne géographiquement comme la meilleure option pour l’Allemagne par rapport à d’autres pays exportateurs potentiels lointains, comme l’Australie, le Brésil, la Namibie, l’Inde ou encore l’Afrique du Sud. L’hydrogène vert est également un moyen d’impliquer l’industrie gazière dans la transition énergétique, qui pourrait profiter d’une utilisation prolongée de ses infrastructures existantes.
L’Algérie prévoit «d’investir 20 à 25 milliards de dollars dans la filière d’hydrogène vert», selon le directeur général des études économiques et de la prospective au ministère algérien de l’Energie et des Mines, Miloud Medjelled, qui s’est exprimé, récemment, sur les ondes de la radio publique algérienne. Un tel investissement permettra de produire 40 TWh d’hydrogène vert d’ici 2040, visant à répondre à 10% des besoins européens, selon les données du ministère algérien de l’Energie et des Mines, publiées par l’APS.
Il reste une question fondamentale : l’hydrogène vert est-il rentable ? Selon les experts, la rentabilité de l’hydrogène vert reste un défi global, car le coût de production doit être significativement inférieur à celui du gaz naturel pour être compétitif. L’utilisation de cette ressource renouvelable doit être soigneusement évaluée. Les technologies de production de l’hydrogène évoluent intensément. Des études menées en Afrique du Sud ont estimé le coût de production de l’hydrogène vert «entre 1,65 et 1,80 euro/kg», ce qui est compétitif par rapport au marché mondial.
L’Algérie, qui a l’atout de disposer à la fois d’une énergie renouvelable bon marché et d’une main-d’œuvre peu coûteuse, peut produire de l’hydrogène vert à un prix relativement bas, destiné à être exporté en Europe. Les coûts sont encore plus avantageux pour l’hydrogène gris produit à partir du gaz, dont l’Allemagne consomme environ 42 TWh par an, et qui coûte environ 3 dollars/kg.
L’évaluation des coûts sera encore plus précise après le lancement des études. Un projet expérimental algéro-allemand de production d’hydrogène vert est à juste titre en cours à Arzew. La précision sera encore plus affinée après les profondes études qui seront menées dans le cadre des deux mémorandums d’entente paraphés, en octobre dernier, entre d’une part Sonatrach et Sonelgaz et d’autre part des entreprises européennes portant sur la réalisation conjointe des études nécessaires, afin d’évaluer la viabilité et la rentabilité de projets intégrés visant à produire de l’hydrogène vert en Algérie, afin d’approvisionner l’UE grâce au gazoduc SoutH2 Corridor.
L’allemand VNG, l’italien Nazionale Metanodotti, Sea Corridor, l’autrichien Verbund Green Hydrogen ou encore l’espagnol Cespa, qui sont des partenaires de Sonatrach et Sonelgaz, affichent tous une confiance et une sérénité quant à l’avenir prometteur de l’hydrogène en Algérie.