Huit harraga décèdent après le naufrage de leur embarcation : Drame au large de Tipasa

10/06/2023 mis à jour: 01:32
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Photo : D. R.

M. A., M. M’hamed et H. Azzouzi

Une trentaine de personnes se trouvaient à bord de l’embarcation de fortune qui a, probablement, chaviré suite à une panne de moteur.

Au moins huit personnes ont péri en mer et deux autres ont été sauvées par les gardes-côtes de la marine nationale, alors qu’une vingtaine d’autres sont portées disparues après le naufrage lundi de leur embarcation au large de la wilaya de Tipasa, selon des sources locales.

L’embarcation, longue de 6 mètres, se dirigeait vers les côtés ibériques après avoir largué les amarres, en surcharge, depuis le port de Gouraya, ajoutent les mêmes sources. Dans un premier temps, les corps sans vie de trois personnes, deux compatriotes de la région des Ouacif (Tizi Ouzou) et un ressortissant syrien, ont été repêchés au cours d’une opération de sauvetage menée par les gardes-côtes.

L’un a été retrouvé au large de la localité de Messelmoune (Tipasa), alors que les deux autres ont été repêchés non loin de la côte de Cherchell. Les corps sans vie ont été déposés à la morgue de l’établissement hospitalier (EPH) de Sidi Ghilès, à l’ouest de la ville de Tipasa.

Hier, dans le même périmètre, cinq autre corps ont été repêchés. Selon notre correspondant à Tipasa, deux jeunes harraga (littéralement brûleurs de frontières) ont, par ailleurs, pu être sauvé par la marine nationale à Cherchell. L’un est originaire de la wilaya Tizi Ouzou, l’autre de Bouira.

Une trentaine de personnes, tous âges confondus, se trouvaient à bord de l’embarcation de fortune qui a, probablement, chaviré suite à une panne de moteur, selon des sources concordantes. Des hélicoptères en mission de sauvetage ont, en effet, été aperçus au large des côtes ouest de Tipasa aussitôt l’alerte lancée par des pêcheurs qui étaient en eaux profondes.

Des hélicoptères qui survolent depuis plusieurs jours les zones situées au large de la localité de Larhat, suivant les indications fournies par les harraga secourus, à la recherche d’autres survivants. L’une des personnes mortes dans le naufrage a été récupérée hier par ses proches et inhumée au cimetière de la localité des Ouacifs. Il s’agit d’un quinquagénaire, qui tentait de regagner la France via l’Espagne, selon nos sources. D’après les premiers éléments d’information, au moins cinq personnes, issues de la localité des Ouacif, faisaient partie de cette traversée aux côtés de plusieurs ressortissants syriens.

Les Ouacifs en deuil

Située à 40 kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou, la daïra des Ouacifs est en deuil : deux personnes natives de la région décédées, deux autres disparues et un jeune sauvé in extremis d’une mort certaine et dont l’état de santé est jugé grave. Elles sont, respectivement, issues des villages Zaknoun, Tiguemounine et Ouabderrahmane. Des citoyens des Ouacifs ont indiqué que ces candidats à l’immigration clandestine sont partis depuis une crique de Gouraya, avant de se retrouver au large de la ville d’Oran.

Puis, en raison sans doute de la dégradation des conditions météorologiques, leur embarcation, qui n’a pas pu tenir devant les fortes ondulations des vagues, a fini par dériver vers l’est. La nouvelle a vite fait le tour de la région suscitant un vif émoi. «Ce qui vient de toucher les enfants des Ouacifs est tragique et insoutenable», déplore le docteur Salem Nait Ali Belkacem, élu à l’APW de Tizi Ouzou, natif de Ouacifs.

«Qu’est-ce qui pousse une personne à économiser une centaine de millions de centimes durant plusieurs années pour s’acheter une place dans une barque de fortune et périr au bout d’une traversée ?» s’interroge-t-il. Des moments difficiles surtout pour les familles des victimes de ce naufrage.

Il est à souligner que l’information relative à ce drame a commencé à circuler sur les réseaux sociaux mercredi dernier. Ce naufrage tragique d’une embarcation de candidats à l’immigration clandestine n’est pas le premier du genre. Entre 2017 et 2022, pas moins de 1526 harraga sont morts en mer, dont un nombre important dans la partie sud de l’Espagne, selon l’ONG espagnole Caminando fronteras.

Sur ce passage de la Méditerranée, en 2022, au moins 464 personnes sont mortes dans 43 naufrages, contre 191 en 2021. Avec 1583 morts entre 2018 et 2022, ce passage est devenu la deuxième voie migratoire vers l’Espagne la plus meurtrière de ces cinq dernières années, derrière celle des Iles Canaries.

M. A., M-H. M. et H. A.

Démantèlement de réseaux d’immigration clandestine à Oran

Les unités du groupement territorial de la Gendarmerie nationale d’Oran ont réussi, dans différentes opérations, à démanteler des réseaux d’immigration clandestine par mer de 27 personnes de différentes wilayas du pays, dont 10 ressortissants étrangers, a-t-on appris, hier, de ce corps de sécurité.

Les mêmes services ont également démantelé, en une semaine, 4 réseaux criminels activant dans l’organisation et la gestion des voyages d’immigration clandestine par mer depuis les plages d’Oran vers plusieurs pays européens, constitués de 11 personnes âgées de 22 à 53 ans et originaires de la wilaya d’Oran, a indiqué à l’APS la chargée de communication du groupement territorial de la Gendarmerie nationale d’Oran, le capitaine Loucif Imane.

Les différentes opérations se sont soldées par la saisie d’une embarcation dotée d’un moteur de 60 chevaux, une embarcation pneumatique, deux fusils de chasse sous-marine, 4 gilets de sauvetage, deux pompes à air, 10 jerricans de carburant, 4 rames, une moto et une somme de 2000 euros, ainsi qu’une autre de 650 000 DA, a-t-on indiqué. Une fois l’enquête achevée, les suspects seront présentés devant les juridictions compétentes, selon la même source. (APS)

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