La consommation de drogue et de psychotropes est en nette augmentation ces dernières années. Comment expliquer l’expansion de ce fléau ?
Il y a plusieurs causes à l’expansion d’un produit. La première : sa disponibilité sur le marché.
Nous vivons dans un monde où bien souvent la valeur de la réussite se mesure à l’argent que l’on possède, sans se soucier de sa source. Pour certains, la fin justifiant les moyens. Avides du pouvoir et de la reconnaissance sociale que donne la richesse financière, des individus peuscrupuleux, appelés barons, ont investi ce marché lucratif. Une véritable organisation économique a été établie par ces criminels. Comme un cancer, il a produit des métastases. La seconde cause est la banalisation de sa consommation. Si celle-ci était traditionnellement réservée à des groupes particuliers ayant leur propre code de conduite, et cela ne faisait pas grand bruit, avec le développement des médias puis des réseaux sociaux, la consommation n’est plus un tabou, même si elle est illégale. La troisième cause, selon moi, est l’attrait de l’interdit, l’affirmation de soi par la transgression, chez les adolescents en particulier. Celle-ci est favorisée par l’effet de groupe. Toutefois, il faut distinguer entre consommation occasionnelle et dépendance. Un adolescent pourrait, par curiosité ou pour «faire comme ses pairs», consommer un produit psychotrope. Le problème c’est la dépendance suite à cette rencontre avec le produit, lorsque celui-ci devient le centre de sa vie. La quatrième cause est l’absence de mise en valeur de la réussite par le mérite. La réussite par le travail n’est quasiment reconnue que dans le football. Les autres disciplines sportives faisant figure de parent pauvre, et les autres activités toutes spécialités confondues sont presque méprisées.
Même s’il y a bien d’autres causes, dont les troubles mentaux, je dois aussi citer le vécu d’événements traumatiques qui peuvent être fragilisants et générateurs d’angoisse, d’où le recours aux psychotropes pour échapper au cauchemar de la vie.
Qu’est-ce qui a changé entre hier et aujourd’hui afin que les filles en consomment aussi aujourd’hui ?
D’abord, elle vivent dans la même société, et en dépit d’une inhibition produite par l’éducation, il y a exacerbation du sentiment d’insécurité du fait d’un harcèlement très actif, donc la multiplicité des événements traumatiques, ajoutée à une forte tendance à la déconsidération parallèlement à des sollicitations de plus en plus importantes.
Quel comportement adopter face à ces consommateurs ?
Une fois la dépendance identifiée, le consommateur a besoin d’une prise en charge qui ne peut réussir que s’il est demandeur d’aide. Il y a donc nécessité de communiquer, créer ou recréer du lien sain, donner du sens à son existence, lui permettre de reprendre le contrôle sur lui-même et sur sa vie, de sortir de l’emprise du produit.