Hommage / Il y a dix ans, disparaissait le dramaturge Salah Bouseloua

17/01/2024 mis à jour: 20:36
1996

Ecrivain, poète et dramaturge, Salah Bouseloua avait plus d’une corde à son arc. Figure emblématique de Jijel, il a tiré sa révérence il y a dix ans, le 13 janvier 2014, laissant une empreinte indélébile dans l’histoire de cette ville  qui l’a vu naître en 1922. 

La liste de ses œuvres, dont certaines ont été portées au petit écran ou interprétées sur les planches, est assez longue, autant que son parcours de militant nationaliste. Si Salah, comme on aimait l’appeler, a fait ses armes, une fois son cursus secondaire terminé, au sein du Parti du peuple Algérie (PPA), puis au Amis du manifeste de la liberté (AML), selon le site Jijel -Archéo. 

Appelé au service militaire en 1944, il fut renvoyé à la vie civile à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et reprend de sitôt la lutte politique au sein de l’Union démocratique du manifeste algérien (UDMA). Il sera élu conseiller municipal sur la liste UDMA en 1952, pour démissionner, deux ans plus tard, avec l’ensemble des co-élus aux fins de rejoindre le Front de libération nationale (FLN). Indéniablement, l’écriture se révéla être un don pour cet ancien conservateur des Forets. 

Prolifique, les pièces de théâtre se succédèrent dont J’ai vendu ma famille, Le joueur ou encore L’avare. Arrêté en 1957 par les Parachutistes français, il s’inspira de cette période de privation de liberté et de torture pour écrire le scénario Douleur. Avec le recouvrement de l’indépendance, il renoua avec le théâtre à Skikda en organisant une représentation des Trois femmes de chez nous en faveur des œuvres sociales de l’ALN. Alors que le cinéma algérien prenant de l’essor, il se consacra à l’écriture de scénarii. Deux films Douleur et Les joueurs oubliés furent réalisés par la Radio télévision algérienne (RTA). 

Le dramaturge a fait connaître sa ville à travers plusieurs ouvrages dont Le génie de la mer et Petites histoires de Jijel. Une passion pour l’histoire et la mémoire qui se décèle dans la préface de l’ouvrage de Djamel-Eddine Hadji Mémorial de la ville de Jijel : une incursion dans le passé (1891-1962), qu’il a qualifiée «d’idée originale qui révèle des pans de la mémoire collective. Un plongeon dans l’histoire qui restitue des bribes de la vie professionnelle d’un certain temps, des visages, des métiers et parfois même des drames - surtout pour les gens de la mer». Comme il s’est essayé à toutes les facettes de la littérature, il a aussi excellé en poésie. 

«Si Salah a toujours animé la vie culturelle dans la côte de Saphir, notamment pendant l’époque coloniale où il a joué aux côtés d’autres comédiens locaux, dont certains sont encore en vie, des pièces de Molière avec, en prélude, des chants patriotiques, exécutés  au nez et à la barbe de l’administration de l’époque», témoignent ceux qui l’ont côtoyé. Rappelant qu’une grande partie de sa production reste méconnue du grand public. Un appel est donc lancé aux acteurs et responsables du secteur de la culture.  

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