Les pouvoirs publics encouragent les opérateurs à s’engager dans l’industrie de la transformation afin de mettre en valeur et absorber l’excédent des produits agricoles, en nette croissance depuis quelques années.
Béjaïa dispose d’un verger d’agrume s’étendant sur de 2300 hectares qui devrait générer cette saison une production de 330 000 quintaux, prévoit la direction des services agricoles. Une production prévisionnelle jugée «exceptionnelle» par les professionnels du secteur.
Toutefois, cela pose le problème de la commercialisation de cette grande quantité d’agrumes, car malgré l’effondrement du prix qui s’en est suivie, le marché demeure «figé», selon les fellahs, préoccupés par la mévente de leur production qui doit s’accentuer à l’avènement du mois sacré où l’on enregistre souvent un recul de la demande sur ces fruits.
Dans ce sens, les pouvoirs publics encouragent les opérateurs à s’engager dans le créneau de la transformation afin d’absorber le surplus de production des produits agricoles, en net croissance depuis quelques années.
Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a déjà lancé un appel à ceux qui souhaitent investir dans ce domaine de la transformation, «porteur d’une valeur ajoutée au produit national et facilitant sa diffusion sur les marchés internationaux de prendre attache avec l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI)», après la promulgation, début 2024, d’une nouvelle loi incitative à cet effet.
Cette importante production, également observée dans une vingtaine de zones productrices d’agrumes, telles que Blida, Tipasa, Alger, Chlef, Boumerdès, Ain Defla, Tizi Ouzou, Bouira et plus récemment El Oued, El Menia et Ouargla, est surtout attribuée à une bonne répartition des précipitations cette saison dans la partie nord du pays.
Cela est également dû au soutien gouvernemental par le biais de diverses subventions et la multiplication des forages pour l’irrigation. L’un des éléments clés de l’augmentation de la production au cours des dernières années est l’émergence notable de l’agriculture intensive, souvent appelée «agriculture assistée».
Car cela implique l’utilisation d’engrais, une lutte soutenue contre les nuisibles et les maladies, un système d’irrigation performant, entre autres. Dans ce modèle de culture intensive, on peut planter 1000 à 1200 arbres, car elle demande peu d’espace entre chaque sujet contrairement à la variété locale.
Les agriculteurs se battent contre vents et marées afin de maintenir au moins ce niveau de production et de la qualité pour assurer la disponibilité des agrumes à des prix abordables. Mais pour ce faire, ils préconisent la mise en place d’une coopérative, estimant que c’est la meilleure solution pour maîtriser les prix et assurer la vente de la production.
Se structurer en coopérative leur permettra aussi d’aller vers l’exportation de l’excédent et surtout de collaborer légalement avec les transformateurs locaux. Ainsi, des entreprises économiques installées dans la région, comme Toudja et Cevital, contribuent partiellement à cet effort d’intégration de la production locale en transformant des produits agricoles soit en matières premières destinées au industrielles soit directement en produits finis.
Environ 2500 tonnes transformées par an
Invités récemment par notre confrère Mohand Cherif Ranebi, de la radio locale, les responsables des deux entreprises ont décliné les ambitions de leurs entités économiques dans le domaine de la transformation des agrumes.
Cette démarche, qui est de nature à satisfaire les agriculteurs de Béjaïa et des autres wilayas, absorbe quelque 2500 tonnes d’oranges et de mandarines par an, une capacité pouvant connaître une tendance croissante avec la consolidation des performances des entreprises, notamment en matière de stockage pour les uns et d’assouplissement des procédures administrative pour les autres, en attendant que les agriculteurs se conforment aux cadres réglementaires.
Ainsi, au début janvier 2025, l’usine de Toudja a acheté auprès des producteurs d’oranges de Béjaïa quelque 150 tonnes afin d’entamer la production de la matière première comme la purée d’orange, la pulpe ou le concentré, destinée à la fabrication des jus.
L’objectif de l’entreprise cette année, selon la même responsable, est de transformer 1400 tonnes selon un programme bien défini. L’orange est achetée auprès de fellahs à 60 DA cette année, un tarif plutôt satisfaisant pour de nombreux agriculteurs, mais assez élevé pour d’autres entreprises.
De son côté, le représentant de l’usine de jus et de conserves de Cevital d’El Kseur, qui traite pas moins de 1000 tonnes par an, compte entamer la saison avec la transformation en jus, de 280 tonnes d’orange et d’environ 200 tonnes de mandarines.
Enfin, pour donner une idée sur la mercuriale des agrumes ces jours-ci le coût de la mandarine varie entre 80 et 140 DA, le kilo du citron est vendu entre 80 et 100 DA, tandis que celui de l’orange est déterminé selon les variétés et le calibre, oscillant entre 80, 100 et 120 DA le kilogramme.