Hasna El Becharia décède à l’âge de 74 ans : L’icône de la chanson diwane tire sa révérence

04/05/2024 mis à jour: 13:50
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Hasna El Becharia a enchanté des générations d’Algériens - Photo : D. R.

Hasna El Becharia, l’icône de la chanson traditionnel diwane, est décédée à l’âge de 74 ans, le 1er mai à Béchar.

Le milieu de l’art musical traditionnel dans la région du sud-ouest-est en deuil. Hasna El Becharia, l’icône de la chanson traditionnel diwane, est décédée laissant sa famille et son public inconsolables. La nouvelle de sa disparition a jeté la consternation de la population et de ses admirateurs. Sa vie a été consacrée à la chanson.

Le parcours musical de Hasna est atypique. Autodidacte, elle a appris toute seule la musique et les instruments musicaux traditionnels qu’elle maniait avec doigté, tels le gumbri et la guitare électrique. Elle est apparue dans les années 1970 à une période où l’art musical était exclusivement réservé à la gent masculine.

Elle avait donc brisé un tabou, tout en s’imposant dans le milieu artistique créant, toujours dans les années 1970, la première troupe musicale féminine bousculant ainsi les idées reçues de l’époque et utilisant ses instruments musicaux préférés le gumbri et la guitare. Progressivement, ses fans et admirateurs, au début peu nombreux, découvrent au fil des années son talent inné de mettre en transe toute la scène et son cercle d’admirateurs s’élargit.

Elle intègre la troupe musicale Lemma Becharia, composée de quatre tableaux interprétés par 12 artistes femmes qui revisitent le répertoire de quatre styles de musique de la Saoura (ferda, djebbariate, diwane et hadra), créée, rappelons, par l’artiste et musicienne Souad Asla en 2015.

Son répertoire musical s’enrichit et sa célébrité prend de l’élan au point d’atteindre toutes les régions du pays (Alger, Oran Annaba, etc.) et même en Europe (France en particulier) et en Amérique (Canada) où souvent elle a été invitée comme dans les manifestations nationales.

Pour ceux et celles qui la connaissent, ils témoignent que la diva de la chanson diwane était restée modeste et accompagnait toujours des familles qui faisaient  appel à elle pour animer des soirées dans les  mariages et autres événements. La musique de la regrettée Hasna El Becharia se targue d’allier les sonorités traditionnelles des gnawas et du folk-rock du désert.

A l’issue  d’une carrière, riche d’une trentaine d’années, Hasna El Becharia a enregistré cinq albums dont Djazair Djawhara, Smaa Smaa,  Desert Blues et Couleurs du désert. Dans son album mythique Djazair Djawhra, elle a su mêler ingénieusement le sacré et le profane, et ce, en jouant d’une main de maître à la  guitare électrique, au  luth, du banjo et surtout du gumbri.

Il est à noter que la réalisatrice canado-algérienne Sara Nacer avait consacré  à la défunte, en 2022, un  long métrage documentaire intitulé La Rockeuse du désert, d’une durée d’une heure 15 minutes. Pour la réalisatrice - qui  avait tourné et réalisé sur une période de presque dix ans -  Hasna El Becharia avait opéré à la fois «une révolution musicale et des mœurs».

Ce long métrage a décroché plusieurs prix et récompenses internationales dont le prix du meilleur long métrage documentaire catégorie Regards d’ici au Festival international Vues d’Afrique de Montréal (Canada) en 2022, prix du meilleur long métrage documentaire au San Francisco (USA) Arab film-festival en 2022.

Il a également reçu le prix du meilleur film réalisé par une femme au Swedish International Film Festival (Suède) en plus du grand prix du jury du film documentaire (Bantu du jury) au Festival international de films africains et afro-descendants Bangui : Fait son Cinéma, (République centrafricaine). 

 

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