Guerre des généraux au Soudan : plus d'un Soudanais sur deux a besoin d'aide, rapporte l'ONU

17/05/2023 mis à jour: 00:48
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Vingt-cinq millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire au Soudan, rapporte mercredi l'ONU après plus d'un mois d'une guerre pour le pouvoir entre militaires et paramilitaires que les efforts diplomatiques internationaux ne font pas plier.

Avec près d'un millier de morts, environ 750.000 déplacés et 220.000 réfugiés, et alors que les combats font de nouveau trembler les maisons de plusieurs quartiers de Khartoum, l'ONU a revu à la hausse ses appels de fonds.

Près de trois milliards de dollars

Il lui faut 2,6 milliards de dollars pour assurer son aide humanitaire sur le sol soudanais car désormais plus d'un habitant sur deux en dépend, soit «57% de plus qu'au début 2023». À cela s'ajoute près d'un demi-milliard de dollars pour aider les réfugiés dans les pays voisins, eux-mêmes en proie à de graves crises économique, sécuritaire ou humanitaire. Ces réfugiés seront plus d'un million cette année, assure l'ONU.

Avant la guerre lancée le 15 avril entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, déjà une personne sur trois souffrait de la faim dans le pays, l'un des plus pauvres au monde. Aujourd'hui, les vivres se font de plus en plus rares: les habitants sont terrés chez eux par peur des balles perdues et, avec les banques fermées depuis le premier jour de la guerre, ils sont forcés de se rationner.

Négociations de trêve humanitaire

Quant à l'industrie agro-alimentaire, déjà à genoux après vingt ans d'embargo sous la dictature d'Omar el-Béchir, elle est bombardée comme les maisons, hôpitaux et institutions à Khartoum et dans d'autres villes. L'usine Samil qui produisait «60% des traitements nutritionnels pour les enfants en grande carence alimentaire», selon l'UNICEF, est ainsi entièrement partie en fumée. Malgré le chaos qui règne à Khartoum et surtout dans la région du Darfour frontalière du Tchad, où des combattants tribaux et des civils armés se mêlent aux combats, les négociations pour une trêve humanitaire semblent ne mener nulle part.

Depuis des jours à Djeddah, en Arabie saoudite, les représentants des belligérants sont censés dessiner ensemble des couloirs humanitaires pour laisser sortir les civils et faire entrer l'aide humanitaire, sans avancées. Toujours à Djeddah, où se tient vendredi un sommet de la Ligue arabe, les chefs de diplomatie égyptien et saoudien et le patron de la Ligue arabe se sont aussi penchés sur le conflit au Soudan. Les trois hommes se disent en faveur d'un cessez-le-feu, mais sans en proposer les contours alors que les pays arabes sont profondément divisés sur le Soudan: l'Égypte est alliée au général Burhane, les Émirats arabes unis au général Daglo et Ryad passe pour pouvoir parler aux deux.

La crainte d'une contagion

Si personne n'est parvenu jusqu'ici à forcer les deux généraux à faire taire leurs armes, les efforts diplomatiques tous azimuts (visiblement parallèles) se multiplient car les pays voisins redoutent une contagion. Mais, prévient le Rift Valley Institute, malgré le lancement de discussions à Djeddah, «il est difficile d'imaginer comment (les deux généraux) peuvent être forcés à cesser la violence». «Tous les deux voient l'existence de l'autre comme une menace», affirme le centre de recherche dans un rapport.

Et ils peuvent capitaliser sur des rancunes anciennes pour mobiliser autour d'eux: derrière leur sanglante lutte se joue aussi la compétition entre des populations qui monopolisent historiquement le pouvoir et les ressources, et les composantes les plus marginalisées de cette mosaïque ethnique, expliquent les experts. «Si le conflit se poursuit, il y aura de plus en plus de chances que des acteurs externes soient impliqués», ajoute le Rift Valley Institute, alors que déjà, le Soudan et ses mines d'or sont devenus une destination convoitée par mercenaires et combattants étrangers.

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