Pendant qu’une nouvelle offre israélienne pour un accord de cessez-le-feu devrait être discutée aujourd’hui ou demain, l’armée sioniste a mené des raids intensifs et ininterrompus contre de nombreuses zones de l’enclave pour faire pression sur le mouvement de résistance et les négociateurs.
Alors qu’Israël pousse chaque jour plus loin les limites de la guerre génocidaire qu’il mène contre Ghaza depuis plus de 17 mois, ses dirigeants évoquent un nouveau projet d’accord de cessez-le-feu et de libération des otages, mettant de côté celui présenté par l’Egypte et qui aurait eu l’approbation du mouvement de résistance palestinienne Hamas.
Une réunion devait regrouper, tard dans la journée d’hier, des responsables égyptiens avec les représentants du Hamas, au Caire, pour des discussions autour de la proposition israélienne. Celle-ci est arrivée après les violentes critiques qui ont ciblé le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, un des plus proches collaborateurs de Netanyahu, lui reprochant d’avoir ralenti les pourparlers pour un cessez-le-feu depuis sa désignation en tant que chef des négociateurs à la place de Ronen Bar, chef du Shin, écarté par le Premier ministre.
Hier, le Hamas a affirmé n’avoir reçu «aucune nouvelle proposition concernant un cessez-le-feu ou un échange de prisonniers», a indiqué l’AFP, citant un haut responsable du Hamas, sans le nommer. «L’occupation poursuit son agression, continue de perturber l’accord et continue de tromper les familles des prisonniers ennemis détenus par la résistance», a ajouté le même média.
Pendant que des raids intensifs et ininterrompus de l’armée sioniste ciblaient de nombreuses zones de l’enclave, le mouvement de résistance Hamas a affirmé dans un communiqué que «l’escalade sioniste contre les civils est un message sanglant pour faire pression sur la résistance, avec l’arrivée de notre délégation au Caire, les mouvements des médiateurs et les discussions sur les nouvelles propositions», ajoutant : «Netanyahu et son gouvernement ne feront aucun progrès sur la question des prisonniers sans aucun accord d’échange, l’escalade est un pari perdu au détriment des otages.» Pour le Hamas, «ces derniers ne seront pas restitués par une escalade militaire, mais plutôt par une décision que Netanyahu refuse de prendre».
Samedi dernier, le journal hébreu Times Of Israel avait affirmé, en citant «deux responsables proches du dossier» sans les identifier, que Tel-Aviv avait revu à la baisse sa demande de liberté de 11 otages dans le cadre d’un accord avec le Hamas devant relancer un cessez-le-feu qu’Israël avait interrompu le 18 mars dernier, après avoir exigé la restitution de 11 otages, alors que l’accord ne portait que sur la libération de cinq. Les négociations n’ont pas pu aboutir et, pendant ce temps, l’armée d’occupation a intensifié et élargi son offensive militaire dans l’enclave, transformant celle-ci en enfer sur terre.
Israël réduit le nombre de 11 otages et des prisonniers palestiniens à libérer
La semaine écoulée, l’Egypte, en tant que médiateur, a présenté une nouvelle proposition de libération de 8 ou 9 otages vivants, pour relancer les pourparlers autour d’un accord. Une proposition acceptée par le Hamas, mais contre toute attente, Israël a annoncé «une nouvelle offre améliorée dans les négociations», a écrit samedi dernier The Times of Israel. Le journal a précisé que le Premier ministre israélien a revu «à la baisse ses précédentes demandes de libération de 11 otages» après sa rencontre, la semaine écoulée, avec le président américain, Donald Trump, à Washington.
Selon la même source, Israël aurait «soumis aux médiateurs égyptiens sa réponse à la dernière proposition du Caire et réduit légèrement le nombre de 11 otages dont il exigeait la libération le mois dernier». Dans cette nouvelle offre, l’Etat hébreu veut que «les otages vivants soient libérés au cours des deux premières semaines du cessez-le-feu de 45 jours, rejetant les précédentes demandes du Hamas selon lesquelles les libérations devaient avoir lieu périodiquement pendant la durée de la trêve», a révélé la même source.
La proposition israélienne a également réduit le pourcentage des prisonniers palestiniens, y compris ceux condamnés à perpétuité, devant être libérés en contrepartie de la restitution de chaque otage. Israël demande, en outre, la remise de 16 corps d’Israéliens décédés, détenus à Ghaza, en contrepartie de la restitution des corps de Palestiniens tués et détenus par l’entité sioniste. Israël accepterait également, a ajouté le journal hébreu, de permettre la reprise de l’entrée de l’aide humanitaire à Ghaza et de retirer ses troupes là où elles étaient positionnées dans l’enclave avant la rupture du cessez-le-feu, le 18 mars. «Dans sa réponse, Israël a accepté de tenir des négociations sur les termes d’un cessez-le-feu permanent une fois la trêve rétablie», ont déclaré «deux responsables» au journal.
Le Hamas reste cependant prudent sachant qu’Israël risque de ne pas tenir un tel engagement, comme il l’a fait lors de l’exécution de la 1re phase de l’accord de cessez-le-feu, qui s’est terminée sans aller vers la 2e étape, qui aurait consacré une trêve permanente, la libération de tous les otages et la fin de la guerre. D’autres médias israéliens ont révélé que l’envoyé spécial américain au Moyen-Orient, Steve Witkoff, a affirmé aux médiateurs arabes que le président américain «serait prêt à publier une déclaration publique exprimant l’engagement de Washington à tenir des négociations pour un cessez-le-feu permanent à Ghaza». Mais, la réponse du Hamas sera connue une fois qu’il aura entre les mains l’offre d’Israël.
Opposition israélienne à la poursuite de la guerre
Une réunion avec les médiateurs égyptiens est prévue aujourd’hui ou demain et déjà les sources de Times of Israel ne s’attendent pas à une réponse positive du Hamas, et ce, malgré son refus de prolonger la première phase de l’accord, soulignant que toute libération d’otages supplémentaires ne se fera que dans le cadre de la 2e étape de l’accord, qui prévoit une trêve permanente et la libération de tous les otages.
Le mouvement s’est même déclaré prêt à libérer tous les otages, dans le cas où Israël mettrait fin définitivement à la guerre. Mais, Netanyahu, appuyé par une coalition extrémiste qui le menace de l’abandonner en cas de trêve, a toujours refusé d’arrêter sa machine de guerre.
Aujourd’hui, il présente une offre de trêve de 45 jours pour libérer un nombre d’otages durant les premières semaines. Netanyahu veut aller vers une seule étape, durant laquelle tous les otages seront restitués, en contrepartie d’un cessez-le-feu et de l’entrée de l’aide humanitaire, mais sans aucune garantie de l’arrêt définitif de la guerre et le retrait des troupes militaires de l’enclave.
Il a réduit le nombre de prisonniers palestiniens, y compris ceux condamnés à perpétuité, devant être libérés en échange de chaque otage et prévoit l’entrée de l’aide humanitaire à Ghaza et le retrait des troupes de Ghaza. La nouvelle proposition intervient dans un contexte marqué par une opinion interne de plus en plus opposée à la poursuite de la guerre, particulièrement au sein de l’armée notamment, où de nombreuses pétitions ont été lancées pour exiger la restitution des otages et la fin de la guerre.
En effet, des centaines de réservistes de l’unité des renseignements se sont joints à l’appel de 2000 membres de l’armée de l’air et de la marine à la fin de la guerre et au retour des otages. Mais, le Hamas est resté fidèle aux revendications concernant la libération des otages en contrepartie de celle des prisonniers et détenus palestiniens et un cessez-le-feu définitif.
Dans un communiqué rendu public hier, le mouvement de la résistance palestinienne a affirmé que «chaque jour de retard signifie davantage de morts parmi les civils palestiniens sans défense et un sort inconnu pour les otages» et souligné que «les enfants de Ghaza et les prisonniers de l’occupation sont victimes des ambitions de Netanyahu de rester au pouvoir et d’échapper aux poursuites».
Pour l’instant rien n’indique que la proposition de Netanyahu sera acceptée par le Hamas, d’autant plus qu’elle ne garantie pas l’essentiel des revendications du mouvement de résistance, à savoir la fin de la guerre et le retrait de l’armée d’occupation de l’enclave surtout que le gouvernement extrémiste de Netanyahu n’a pas caché son intention d’annexer Ghaza et de déporter ses habitants, sous le titre de départ volontaire, auquel il a mis en place un département au sein du ministère de la Défense, chargé de son exécution rapide. S. T.