Guerre contre Ghaza : Les zones déclarées sûres sous les bombes israéliennes

24/06/2024 mis à jour: 20:21
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Photo : D. R.

Les abris gérés par l’UNRWA elle-même, qui est le principal groupe fournissant de l’aide aux personnes déplacées à Ghaza, ont également été touchés à plusieurs reprises, causant la mort de plus de 500 personnes qui s’y abritaient. Il s’agit là de lieux censées être protégées par le droit humanitaire.

Les attaques israéliennes sur des zones déclarées sûres s’ajoutent à une longue liste des crimes israéliens. Israël a récemment mené des frappes meurtrières dans les camps de Shati et al-Mawasi à Ghaza, tuant des dizaines de personnes.

La tragédie de ces assauts réside dans le fait qu’ils ont eu lieu - une nouvelle fois - dans des zones que les forces d’occupation avaient déclarées sûres et vers lesquelles ils avaient encouragé les gens à se déplacer. «Ils déclarent maintenant vouloir cibler les bases du Hamas dans ce contexte», affirme le professeur Sultan Barakat de l’Université Hamad Ben Khalifa au Qatar.

«Rien de tout cela ne peut être justifié. Même lorsque Israël affirme cibler des individus liés au Hamas, la manière dont ils les visent - avec l’ampleur des bombes - signifie qu’ils savent pertinemment qu’il est inévitable, étant donné la densité des camps, que de nombreux civils soient touchés.»

Les témoignages des survivants révèlent l’ampleur de la destruction causée par l’attaque israélienne sur le camp de réfugiés de Shati. Depuis le 7 octobre, ce camp a été largement ciblé, la plupart de ses infrastructures civiles ayant été touchées. L’armée israélienne a justifié son attaque en prétendant vouloir éliminer un haut responsable militaire du Hamas.

De son côté, le Hamas a affirmé que l’armée israélienne ciblait des zones civiles. Selon les équipes de la défense civile de Ghaza, la grande majorité des personnes tuées étaient des civils, notamment des enfants. Des dizaines de Palestiniens sont encore coincés sous les débris des bâtiments détruits.

Le chef de l’équipe de défense civile a déclaré qu’ils font face à des «défis insurmontables» pour secourir les blessés. Antony Loewenstein, auteur de «The Palestine Laboratory», un livre sur l›industrie militaire et de surveillance israélienne, affirme que les autorités israéliennes doivent être sanctionnées et tenues responsables des meurtres et abus illégaux dans les territoires palestiniens.

Il a commenté un incident où un Palestinien a été attaché à un véhicule blindé et utilisé comme bouclier humain par des soldats israéliens. Israël a promis d›enquêter sur cet incident qui a provoqué l’indignation. «Il y a une longue histoire de troupes israéliennes utilisant des Palestiniens comme boucliers humains en Cisjordanie occupée et à Ghaza, voire en Israël même», a déclaré Loewenstein à Al Jazeera.

«Cela va au cœur de ce que l›occupation fait à une population, cela les déshumanise.» En réponse à la déclaration de l’armée d’occupation israélienne selon laquelle ce comportement constitue une «violation de ses valeurs», Loewenstein répond : «Il n’y a pas de valeurs sous l’occupation par définition... Israël occupe la Palestine depuis plus d’un demi-siècle».

Ballottés entre le nord, le centre et le sud, au gré des bombardements israéliens, les Palestiniens de Ghaza ne savent plus où s’abriter. Le commissaire général de l’agence des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a maintes fois exprimé son inquiétude face au déplacement persistant des Palestiniens de leurs foyers, suggérant qu’il n’y a pas de zones de sécurité à Ghaza. «Les autorités israéliennes continuent de donner des ordres de déplacement forcé, également appelés ''ordres d’évacuation''. Cela oblige les habitants de Rafah à fuir n’importe où», a déclaré Philippe Lazzarini sur X.

Pour le responsable onusien, depuis le début de la guerre en octobre dernier, la plupart des habitants de Ghaza ont déménagé à plusieurs reprises et «ont désespérément cherché une sécurité qu’ils n’ont jamais trouvée». «L’affirmation de zones de sécurité est fausse et trompeuse. Aucun endroit n’est sûr à Ghaza. Point final», a-t-il martelé.

L’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), citant le Global Education Cluster, affirme que 69 % de toutes les écoles abritant des familles déplacées à Ghaza ont été «directement touchées ou endommagées» pendant la guerre.

Les abris gérés par l’UNRWA elle-même, qui est le principal groupe fournissant de l’aide aux personnes déplacées à Ghaza, ont également été touchés à plusieurs reprises, selon l’agence, causant la mort de plus de 500 personnes qui s’y abritaient. Il s’agit là de lieux censées être protégées par le droit humanitaire. «Ce mépris flagrant du droit humanitaire doit cesser. Nous avons besoin d’un cessez-le-feu maintenant», a déclaré hier l’UNRWA dans une publication sur X.

Les forces israéliennes ont lancé hier des raids aériens et des attaques d’artillerie sur Rafah, dans le sud de Ghaza. Des responsables palestiniens rapportent cinq morts dans la ville de Ghaza Nord à la suite de plusieurs attaques.

Ces assauts surviennent après une journée de bombardements incessants qui ont tué au moins 101 Palestiniens dans toute la bande de Ghaza, marquant le jour le plus violent dans l’enclave depuis que les troupes israéliennes ont tué 274 personnes en libérant quatre otages à Nuseirat plus tôt ce mois-ci.

Une attaque israélienne sur une maison dans le quartier Sabra de Ghaza a tué au moins huit personnes et en a blessé des dizaines d’autres, selon l’agence de presse Wafa. Une autre attaque près d’une centrale électrique dans la région centrale de Nuseirat a tué deux autres personnes et blessé plusieurs autres. 

 

 

 

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