Grève de la faim des détenus d'opinion : Le collectif des avocats réagit au «démenti» du parquet

01/02/2022 mis à jour: 02:20
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Le collectif de défense des détenus d’opinion a réagi, dimanche, au communiqué publié la veille par le procureur général près la cour d’Alger dans lequel celui-ci avait démenti les informations faisant état de la décision de plusieurs détenus d’opinion de la prison d’El Harrach d’entamer une grève de la faim.

«Le démenti du parquet est soit basé sur des contre-vérités, soit omet de dire toute la vérité», lit-on dans ce communiqué publié, entre autres, par l’avocat Abdelghani Badi. Le collectif a d’abord tenu à rappeler que «nombre d’avocats ont pris connaissance de la décision de certains détenus d’entamer une grève de la faim, à compter du vendredi 28 janvier, à l’occasion des visites qu’ils leur ont rendues mercredi et jeudi».

Certains parmi les détenus, précise la même source, «ont entamé leur grève bien avant ce vendredi». A cet effet, les grévistes de la faim ont saisi l’administration pénitentiaire, comme l’exige l’article 64 du code de l’organisation pénitentiaire, mais celle-ci aurait «refusé de réceptionner» les notifications.

Le collectif signale que ces détenus ont «entamé leur grève de la faim, malgré ce refus». Les avocats affirment avoir pris connaissance, dimanche 30 janvier, que l’administration de la prison a fini par «accuser réception» de certaines déclarations, alors que «d’autres sont restées pendantes».

Pour le procureur général près la cour d’Alger, la grève de la faim n’a jamais eu lieu. «En application des dispositions de l’article 11 du code de procédure pénale, le parquet général près la cour d’Alger et par souci d’éclairer l’opinion publique, dément ces informations tendancieuses dans la mesure où aucun mouvement de grève n’a été enregistré au sein de cet établissement pénitentiaire», avait précisé le parquet dans son communiqué rendu public le samedi 29 janvier.

Et de préciser qu’il est «important de rappeler que la diffusion de fausses informations pouvant impacter la sécurité et la stabilité des institutions comme il est établi dans le cas de figure, pourrait voir engagée la responsabilité pénale de ses auteurs dans la mesure où les informations de cette nature ont pour but d’impacter négativement l’ordre public et les institutions».

Ce dernier passage a suscité la réaction du collectif de défense qui le considère comme une «forme de pression» exercée sur ses membres.

«S’agissant de l’insinuation de poursuites contre le collectif de défense, qui a relayé l’information relative à la grève de la faim, en s’appuyant sur les déclarations de leurs mandants, nous considérons que le fait d’informer l’opinion publique sur la situation de certains détenus d’opinion est un devoir professionnel, moral et humanitaire, au cœur des missions de la défense comme le dispose la Constitution, notamment en ses articles 175 et 176», a mis en avant le collectif dans son communiqué.

Ce dernier considère, par conséquent, que «la menace de poursuites est une forme de pression honnie par la loi et à la Constitution et qui nous éloigne de l’Etat de droit». Il faut rappeler que le collectif de défense a annoncé, en fin de semaine dernière, l’entrée en grève de la faim d’une quarantaine de détenus d’opinion, incarcérés à la prison d’El Harrach. 

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