Grarem Gouga (Mila) : La trémie qui cache la forêt

16/08/2023 mis à jour: 19:00
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Le projet a fait sortir cette commune de l’anonymat - Photo : D. R.

Les habitants de la ville réclament des projets de développement, mais aussi un hôpital, une gare routière, un marché de gros, des espaces verts et des lieux de distractions.

Depuis le lancement des travaux de la trémie sur la RN27, la commune de Grarem Gouga, carrefour important situé sur la RN27 entre Constantine et Jijel, et la RN79A, route de Mila, distante de 37 km au nord du chef-lieu de la wilaya, est sortie subitement d’un anonymat dans lequel elle était plongée durant des années.

A la faveur de ce projet, qui se réalise sur un passage névralgique, puisque Grarem Gouga demeure un passage obligé pour le mouvement des passagers et des marchandises entre la région Est et le port de Djendjen dans la wilaya de Jijel, mais aussi entre ce dernier et l’autoroute Est-Ouest, toute la région est au centre d’une opération médiatique menée au quotidien, notamment sur le site officiel de la wilaya de Mila, qui rend compte régulièrement des visites d’inspection à ce projet effectuées presque chaque jour, et parfois même durant la nuit par le wali, Mostefa Koraiche.

Si le projet est d’une telle importance, les autorités de la wilaya en avaient fait un défi majeur pour l’achever dans les délais, après avoir traîné durant des années de gel, puis il sera relancé, avant de connaître des balbutiements dus à la bureaucratie administrative au point de devenir un véritable casse-tête. Cet intérêt accordé à ce projet n’est passé sans provoquer la réaction des habitants de la ville de Grarem, qui demeure quand même une région importante et chef-lieu de daïra, comptant l’agglomération du chef-lieu et les deux agglomérations secondaires d’Anouche Ali et de Sibari.

Créé en 1885 comme centre de colonisation dépendant du département de Constantine, le village de Grarem connaîtra une grande extension après l’indépendance. La ville, qui portera le nom d’un de ses enfants, le martyr Ammar Gouga, ancien maréchal-ferrant, militant nationaliste, devenu officier de l’ALN et tombé au champ d’honneur le 23 mars 1960, sera élevée au rang de commune en 1988.

Depuis, la commune n’a pas bénéficié de projets structurants pour répondre aux aspirations d’une population dépassant aujourd’hui 53 000 habitants. Sur les réseaux sociaux, on ne cesse de critiquer les lenteurs du projet de la trémie, qui a été lancé à quelques mois de la saison estivale, ironisant même sur la volonté des autorités de la wilaya à vouloir le réceptionner le 5 juillet dernier.

Pour de nombreux citoyens, la commune a besoin aussi de projets de développement par la création d’une zone industrielle abritant des unités capables d’absorber une partie des jeunes chômeurs en quête d’emplois, mais aussi la réhabilitation du réseau routier qui se trouve en mauvais état et réaliser des routes pour désenclaver plusieurs localités.

Des appels ont été également lancés pour la réalisation d’un hôpital qui demeure l’une des principales revendications de la population, mais aussi une gare routière, un marché de gros, un siège pour la sûreté urbaine dans la ville et un autre pour la brigade de gendarmerie dans la zone extra-muros.

La population ne manquera pas de rappeler qu’elle demeure encore sevrée d’espaces verts dans une ville qui suffoque, alors que les jeunes ne trouvent plus où passer leurs vacances faute de lieux de distraction, et qu’il y a un manque flagrant de piscines, ce qui pousse cette catégorie à aller se baigner dans les plans d’eau, avec tous les risques que cela comporte sur leurs vies. Alors, le projet de la trémie de Grarem Gouga est-il l’arbre qui cache la forêt ?

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