Le distributeur français Casino, en difficulté, a annoncé hier avoir reçu pour le renflouer deux offres rivales émanant de groupements menés par des milliardaires, grands noms du monde des affaires, qui ont promis de lui apporter de l’argent frais.
Les prétendants au sauvetage ou à la reprise de Casino avaient jusqu’à hier pour soumettre leurs offres, alors que le distributeur français est dans une situation critique : il a demandé lundi des «délais de grâce» pour ne pas honorer certaines dettes, le temps de négocier avec ses créanciers.
A l’heure actuelle, l’endettement net du groupe – qui emploie 200 000 salariés, dont un quart en France, et compte parmi ses enseignes Monoprix, Franprix ou Cdiscount – se chiffre à 6,4 milliards d’euros et celui de sa maison-mère Rallye à environ 3 milliards d’euros.
Casino avait indiqué précédemment espérer «finaliser un accord de principe sur les termes de la restructuration financière d’ici le 27 juillet». La première offre vient d’un duo formé par ses actionnaires Daniel Kretinsky (un entrepreneur tchèque qui a massivement investi dans les médias, la distribution et l’industrie en France) et Marc Ladreit de Lacharrière (propriétaire de la holding Fimalac, active dans le numérique, l’hôtellerie, les loisirs...), qui, selon des sources au fait du dossier, promettent une recapitalisation à hauteur de 1,8 milliard d’euros au total, dont 500 millions d’euros de conversion de dette en capital.
Une autre offre émane du trio d’hommes d’affaires Xavier Niel (fondateur de l’opérateur de téléphonie Free), Matthieu Pigasse (banquier d’affaires ayant notamment investi dans les médias et la culture) et Moez-Alexandre Zouari (actif dans la distribution et l’alimentaire). Ce dernier prendrait la direction de Casino si leur projet est retenu, selon un communiqué.
Le trio Niel-Pigasse-Zouari prévoit d’investir «avec ses partenaires financiers» 900 millions d’euros avec un «projet industriel et social de long terme». Les deux propositions devaient être étudiées par le conseil d’administration de Casino hier, puis par les créanciers du groupe aujourd'hui, a précisé le distributeur dans un communiqué. «Aucune décision relative à ces propositions ne sera prise» avant concertation avec les créanciers.
Le détail des offres sera rendu officiellement public aujourd'hui après la clôture de la Bourse de Paris, a promis le groupe basé à Saint-Etienne (sud-est). Casino souhaite une conversion massive de sa dette en capital, portant sur plus de 3 milliards d’euros de dettes non sécurisées et entre 1 milliard et 1,5 milliard d’euros de dettes sécurisées.
Les détenteurs de ces créances (grandes banques, fonds, institutionnels...) deviendraient ainsi des actionnaires de Casino, au lieu de récupérer leur argent. Le groupe veut aussi pouvoir au moins préserver l’activité en France. Casino espère une augmentation de capital «d’au moins 900 millions d’euros», pour avoir les «liquidités adéquates» permettant de mener à bien son plan stratégique 2023-25.