C’est la débâcle politique en Israël, où les appétits de pouvoir s’aiguisent au sein du cabinet de guerre et du gouvernement. Les deux rivaux, Netanyahu et Benny Gantz, se mènent une guerre ouverte.
Ce qui a accéléré la déconfiture politique c’est bel et bien la déroute militaire de l’armée israélienne à Ghaza sur fond d’isolement international profond de Tel-Aviv. Quotidiennement, tombent des soldats et des officiers et brûlent des engins de guerre, dont les fameux chars Merkava censés être invincibles. Les scènes filmées par la résistance, dont quelques-unes diffusées par Al Jazeera, montrent des résistants palestiniens sans tenue militaire, sortir brusquement des tunnels ou des habitations en ruine, tirer des roquettes de mortiers bien dissimulés sous les arbres, des salves de fusils d’assaut de recoins des gravats. Parfois avec une hardiesse absolue, ils déposent des bombes à quelques mètres des soldats israéliens.
Dans leur lourd équipement, ces derniers sont souvent pris au dépourvu, la plupart sont des jeunes soumis au service militaire obligatoire sans expérience, avec une formation pratique sommaire. Ils sont devenus une chair à canon au service forcé de leurs dirigeants politiques aventuriers, que l’ivresse de pouvoir et de puissance a transformés en suprématistes et génocidaires. Par contre, ce qui caractérise les résistants palestiniens, c’est leur incroyable courage puisé dans la légitimité de leur cause, celle de la libération de leur terre spoliée par Israël avec le soutien occidental.
C’est leur volonté de ne pas fléchir face à l’armada guerrière déployée sur Ghaza, sans le souci d’avoir à payer de leur vie. Nombre de combattants palestiniens ont été tués, mais quand il en tombe un, il est immédiatement remplacé par un autre. C’est le principe même de la grande et noble résistance observée dans maintes contrées, notamment au Vietnam des années 1960 et 1970, et en Algérie durant sa Guerre de libération. Les combattants palestiniens ont réapparu au nord et au centre de Ghaza, alors que l’armée israélienne claironnait qu’ils ont été «éradiqués» dans ces zones. Actuellement, ils défendent chaque pouce de Rafah palestinienne soumise depuis quelques jours à l’offensive israélienne. Ils sont galvanisés par Abou Oubeida, leur porte-parole militaire, qui, dans ses fulgurantes interventions télévisées, conforte leur foi combattante tout comme Ismail Haniyeh leur leader politique.
Aucun «gain» n’a été engrangé par la société israélienne des pertes considérables en vies humaines de leurs soldats, si ce n’est la mort tragique par les armes de quarante mille Ghazaouis, les deux tiers étant des femmes et des enfants. L’image d’Israël est ternie à tout jamais. Les générations à venir d’Israéliens traîneront ce traumatisme toute leur vie, tandis que les enfants palestiniens ne penseront qu’à la vengeance, sauf en cas de rebondissement politique majeur qui ferait revenir la paix, mettrait fin à la colonisation et aux injustices de l’histoire. Cela reste utopique pour l’instant tant en Israël le credo n’est qu’à la guerre, à la vengeance et au génocide. Cela n’a pas échappé au reste du monde qui n’arrête pas de crier sa colère face à ce plus grand carnage du début du XXIe siècle.
La jeunesse qui est particulièrement touchée brave les autorités politiques des Etats pour exprimer sa solidarité envers Ghaza. D’abord en pointant la responsabilité des Etats-Unis d’Amérique devenus maîtres en duplicité et en impostures. D’un côté Washington met en place un pont aérien militaire avec Israël, c’est-à-dire des bombes à larguer sur les enfants, de l’autre elle construit un port à Ghaza pour acheminer de l’aide humanitaire. En réalité, les Etats-Unis ne veulent en aucun cas désavouer leur allié stratégique israélien dans sa folie à Ghaza. Toute honte bue, ils s’accommodent de recevoir, de temps en temps, des gifles politiques des maîtres de Tel-Aviv. Idem des pays arabes embourbés dans leur silence complice et qui, pour se donner bonne figure, font de dérisoires appels au cessez-le-feu et à l’acheminement de l’aide humanitaire.
Ce fut le cas au dernier sommet de Bahreïn, où ils se sont dérobés à leur devoir de protection du peuple palestinien qui passe par la rupture totale des liens diplomatiques et politiques tissés avec Tel-Aviv et par la remise en cause des accords de rapprochement liant la Jordanie, les Emirats arabes unis et le Maroc avec Israël. Cela se fera peut-être un jour, lorsque le dernier des Ghazaouis aura disparu.