Ghaza, le coup de grâce de Trump

05/12/2024 mis à jour: 07:31
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Le monde entier est pétrifié par l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche à cause de ce qu’il va entreprendre pour assouvir son obsession de faire des Etats-Unis le  gendarme de la planète. La zone qu’il va privilégier sera le Moyen-Orient, ayant d’autres projets moins destructeurs pour le conflit Russie - Ukraine.  Il vient de déclarer que si «les otages à Ghaza ne seront pas libérés avant le 20 janvier 2025, le prix à payer sera ''terrible'' au Moyen-Orient, et pour les responsables qui ont perpétré ces atrocités contre l’humanité».

Comme il ne cite pas la responsabilité d’Israël dans la tragédie de Ghaza et d’une manière générale dans le drame palestinien, on en déduit qu’il va s’aligner résolument  sur  Tel- Aviv, faire ce qu’a fait Biden, c’est-à-dire déverser des armes et des dollars et envisager toutes sortes d’autres mesures d’appui à  la stratégie israélienne. Netanyahu l’a chaleureusement félicité pour cette déclaration comme il l’a fait pour les congressistes américains qui l’ont applaudi il y a quelques mois.

Le drame du monde actuel est qu’il n’y a aucun moyen de contrer l’administration américaine, tant celle-ci a les moyens de sa politique. En outre, Washington a une arme favorite : son droit de veto au Conseil de sécurité pour contrecarrer toutes les tentatives internationales de faire cesser le carnage de Ghaza et dire non à toute résolution visant à hisser le statut de la Palestine au rang d’Etat membre et non plus de simple observateur.

Nombre d’initiatives dans le monde ont échoué dans leur volonté de réformer cette injustice historique qui est le droit de veto octroyé à une poignée de grands pays. Une récente rencontre à Oran, en Algérie, a souligné la nécessité et l’urgence de l’octroi à l’Afrique d’un siège permanent au Conseil de sécurité disposant des mêmes droits et devoirs que  les autres membres.  Aucune réaction positive n’est venue des membres permanents du Conseil sécurité, leur souci majeur reste toujours de conserver ce précieux outil, le droit de veto, pour servir leurs intérêts.

Tout comme Biden, Trump se montre totalement insensibles au coût humain terrifiant de  Ghaza qui est de  45 000 morts, dont les deux tiers sont des femmes et des enfants, 90 000 blessés et la destruction de plus de 80% des infrastructures. Le soutien total à tout ce que fait Israël est inscrit dans la philosophie politique de l’establishment américain, bien qu'elle ne fasse pas toujours l’unanimité au sein de la population américaine, notamment de sa jeunesse. Et Washington, qui ne se soucie  aussi guère de l’embrasement de la région, est resté insensible à l’attaque du Liban avec son cortège de morts et de destructions.

Il est établi qu’il encourage indirectement l’opération actuelle  de déstabilisation de la Syrie par des groupes djihadistes, dont le premier à tirer profit est Israël qui a maintes fois bombardé la Syrie, au prétexte qu’ elle aide le Hezbollah libanais.

Sur la tragédie de Ghaza, il est utile de rappeler c’est la  rapporteure spéciale de l’ONU, Francesca Albanese, qui a eu des mots justes et poignants en disant  que «dans le camps de concentration le plus grand et le plus honteux du XXIe siècle, Israël génocide les Palestiniens, un  quartier à la fois, un hôpital à la fois, une école à la fois, un camps de réfugiés à la fois, une ''zone de sécurité'' à  la fois». Avec des armes européennes et américaines, et dans l’indifférence de toutes les «nations civilisées».

Un autre écho intéressant, celui de l’ancien ministre de la Défense et vice-Premier ministre israélien de Netanyahu  qui  a alerté sur les crimes de guerre commis par l’armée israélienne à Ghaza, en affirmant que la route «empruntée actuellement est la conquête, l’annexion et le nettoyage ethnique».

Le général Moshé Yaalon a révélé, sur la base de témoignages d’officiers sur le terrain à Ghaza, des crimes de guerre et d’épuration ethnique sont commis dans l’enclave. «J’assume ce que j’ai dit. L’armée israélienne n’est pas la plus morale du monde», a-t-il ajouté,  accusant  Benyamin Netanyahu de mener le pays vers «la ruine» avec l’appui de ministres extrémistes, citant celui des Finances «fier de pouvoir réduire de moitié la population de Ghaza.

Comment peut-on appeler cela ? Il n’a aucun problème moral à tuer deux millions de Ghazaouis». Le témoignage de  ce haut responsable israélien, somme toute bien courageux, vient en écho à  la déclaration de guerre contre Ghaza de Trump. Mais son impact ne peut être que moral, loin de suffire à changer la donne. 
 

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