Ghaza, guerre et paix

06/06/2024 mis à jour: 07:31
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Un accord sur la libération des otages serait imminent. Il pourrait conduire à une trêve de quelques semaines dans les combats à Ghaza, mais ne ramènera pas une paix durable dans l’enclave, en Cisjordanie et dans toute la région. 

Pour le court terme, cet accord arrangera pleinement l’administration Biden soucieuse de contrebalancer l’opinion négative du lectorat démocrate à son égard dans la gestion du conflit à Ghaza. Et également de revaloriser son image de marque auprès de l’opinion publique mondiale révoltée par son soutien militaire et diplomatique «inconditionnel» à Tel-Aviv. 

Washington, qui fait un intense forcing auprès de Tel-Aviv et des négociateurs sur les otages, entend impliquer le Conseil de sécurité de l’ONU. De son côté, le mouvement Hamas s’est dit favorable au plan Biden sur les otages, soucieux de voir s’arrêter les souffrances des Ghazaouis soumis quotidiennement aux bombardements. Mais Hamas craint que les Israéliens ne soient enclins, une fois les otages libérés, à poursuivre leur guerre, notamment à Rafah, Netanyahu n’ayant cessé de réaffirmer que la priorité reste pour lui l’éradication totale du mouvement de résistance palestinien. 

Il faut dire que le Premier ministre joue sa survie politique et juridique en même temps. Ses alliés d’extrême droite, conduits par Ben Gvir, le représentant des colons de Cisjordanie, lui ont clairement signifié que tout arrêt de l’offensive à Ghaza conduirait à leur retrait de la coalition gouvernementale, ce qui aboutirait à une crise politique majeure susceptible de le pousser à la démission. Netanyahu est empêtré dans un dilemme cornélien, le décès récent de quatre otages venant lui compliquer la tâche et lui rappeler que chaque jour qui passe est une menace pour les survivants, alors même que s’accentue le forcing des familles d’otages qui défilent quasi quotidiennement à Tel-Aviv, parfois se heurtant aux forces de police. 

Il faudra donc attendre les termes exacts de l’accord sur les otages pour savoir ce qu’il décidera pour résoudre l’équation qui se pose à lui : il doit rassurer ses alliés de l’extrême droite de la coalition gouvernementale, en même temps satisfaire les familles d’otages, ne pas mécontenter Washington et enfin sauver sa peau. Car outre son poste de Premier ministre qu’il perdra, en cas d’éclatement de la coalition gouvernementale, il devra répondre des actes de corruption que lui reproche la justice de son pays. Il pourrait enfin devenir un paria, si la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale le déclarent coupable de crimes contre l’humanité et de génocide à l’égard des Palestiniens. 

Ce qui guide Netanyahu depuis toujours, c’est de préserver et sauver sa carrière politique, une obsession pour laquelle il n’a pas hésité à commettre un assassinat de masse, près des 37 000 Palestiniens tués, deux tiers sont des femmes et des enfants, plus de 83 000 blessés, des séquelles et des traumatismes psychologiques sur plusieurs générations, voire à vie. 

En même temps, il a déchiré la société israélienne en l'entraînant dans une aventure coloniale à Ghaza et en Cisjordanie, l’exposant de ce fait à la riposte légitime des occupés, c’est-à-dire des Palestiniens. Il a fait de l’armée israélienne une machine de guerre génocidaire, lui faisant perdre toute crédibilité et occasionnant de lourdes pertes dans les rangs des officiers et des soldats. Il a rendu difficile, voire impossible toute solution politique à deux Etats, en piégeant la Cisjordanie occupée. 

Aidés par les militaires et les milices armées, près d’un million de colons ont accaparé les terres des Palestiniens, usant de la force et l’intimidation. Enfin, il a fait d’Israël un Etat détesté dans le monde entier, y compris en Occident. A l’ONU, seule une petite poignée de pays soutiennent cet Etat porté à bout de bras par les Etats-Unis qui, par effet boomerang, se voient pointés du doigt, isolés et en crise interne. Enfin, même si la question des otages est réglée et que s’installe le cessez-le-feu, rien n’indique que le Hamas sera éliminé de Ghaza. 

Sa résistance sur le terrain prouve qu’il tient encore militairement et que s’il a perdu nombre de ses combattants, il a engrangé un gain politique et moral considérable, plus particulièrement auprès des jeunes Palestiniens qui ont subi la guerre.

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