Les participants au séminaire sur la «Prévention contre les risques et inondations et leur gestion dans les zones urbaines», organisé par l’INESG, ont proposé la création d’un haut conseil de la gestion des crises. Le directeur général de l'INESG, Abdelaziz Medjahed, a annoncé l'organisation «prochaine» d'une conférence nationale sur la prévention et la gestion des risques majeurs.
L'Algérie a été touchée par des séismes et inondations ayant causé des pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants, ainsi qu'un nombre record de feux de forêt, selon des experts de la Délégation nationale aux risques majeurs (DRNM), relevant du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales.
Cette instance ne suffirait plus, à elle seule, à gérer ces catastrophes, d'où la nécessité de mettre en place un «haut conseil de la gestion des crises». C'est du moins ce qu'ont proposé, ce jeudi, les participants au séminaire sur la «Prévention contre les risques et inondations et leur gestion dans les zones urbaines», organisé par l'Institut national des études de stratégies globales (INESG).
«Les catastrophes se sont démultipliées et se sont complexifiées. Aujourd'hui, la DRNM ne suffit plus ; ainsi nous proposons la création d'un haut conseil de la gestion des crises, qui est un outil d'aide à la décision», insiste le Pr Abdelkrim Chelghoum, président du Club des risques majeurs et directeur de recherche à l'USTHB.
Faut-il rappeler à ce sujet qu'en 2021, les services du ministère de l'Intérieur avaient décidé de «revoir» le mode de fonctionnement de la Délégation nationale aux risques majeurs en la dotant des ressources «nécessaires» afin qu'elle puisse s'acquitter pleinement de ses missions. Cette révision aurait permis à la Délégation d'avoir une vision prospective des risques naturels, qui cadre avec les objectifs de la stratégie nationale de prévention et de gestion des risques majeurs.
Ce jeudi, les participants à la rencontre de l’INESG, notamment des experts, chercheurs, représentants de différents départements, ont tous soutenu que l'Algérie est dotée d'un arsenal juridique dans tous les domaines, mais sur le terrain ces textes ne sont pas «appliqués». «La nature n'aime pas être dérangée. Elle a ses lois. Nous avons tous notre part de responsabilité dans les inondations enregistrées dernièrement.
Nous avons tous failli. Le citoyen a sa part de responsabilité, le commis de l'Etat également et aussi les collectivités locales. Malheureusement, nous n'avons pas retenu les leçons du passé. Aujourd'hui, il faut une prise de conscience», réclame Abdelwahab Lebsir, directeur général de l'urbanisme au ministère de l’Habitat, qui a rappelé justement l’existence de textes juridiques régissant tous les aspects liés à l’urbanisme, considérant celui-ci comme étant «un comportement à adopter avec discipline», et ce, en prenant en considération les paramètres de la sécurité et de la résilience.
«78 routes endommagées…»
Dans ce sens, Ali Chakroun, directeur du développement durable et de l'environnement au sein de la Société algérienne d'études et d'infrastructures (Saeti), a noté que les récentes inondations qu'ont connues certaines wilayas ont mis à nu «plusieurs dysfonctionnements au niveau des réseaux d'eau et d'assainissement, ou encore des problèmes de non-conformité de certaines bâtisses aux normes de construction, notamment celles construites sans études techniques».
Il a, de son côté, appelé «à tirer des enseignements des catastrophes que l'Algérie a connues ces dernières années, et à veiller à ce que les routes et les infrastructures ne soient pas endommagées lors des inondations».
Transition toute faite, Khansa Laamache, représentante de la DRNM, a fait état, en dressant une évaluation de l'opération des dégâts et dommages occasionnés par les intempéries enregistrées dans certaines wilayas, de «78 routes endommagées dans six wilayas concernées, dont 48 complètement fermées à la circulation, et de 227 habitations endommagées dans 137 cités au niveau de ces wilayas», indiquant que l'évaluation préliminaire des dégâts matériels liés aux routes dans la wilaya d'Oum El Bouaghi, seule, «s'élève à 639 millions de dinars, tandis que l'opération se poursuit pour les autres wilayas, avec à leur tête celle de Tipasa».
Les intervenants ont tous mis l'accent sur l'aspect préventif et confirment que ces phénomènes sont très intelligents et récurrents puisqu'ils reviennent au même endroit et avec la même puissance.
«Chaque pays est responsable de sa propre prévention. Il n’y a pas de recommandations internationales dès lors que chaque pays a sa spécificité. Nous sommes concernés par tous les types de catastrophe, sauf les volcans, donc nous sommes obligés d'être vigilants et attentifs. Il faut donc protéger, aménager, cartographier et appliquer une stratégie robuste sur le terrain où personne ne doit être au-dessus de la loi», préconise M. Chelghoum, pour qui la télédétection dans le cadre du système de veille et d'alerte précoce est importante, que ce soit pour les feux de forêt, les inondations ou encore l'invasion acridienne…
Conférence «prochaine» sur la prévention et la gestion des risques majeurs
Sur ce chapitre, Abdelaziz Medjahed, directeur général de l'INESG, a annoncé l'organisation «prochaine» d'une conférence nationale sur la prévention et la gestion des risques majeurs et qui verra la participation des représentants des secteurs concernés, ainsi que des compétences nationales dans ce domaine.
Mettant en exergue l'importance de ce rendez-vous, M. Medjahed a fait savoir qu’en perspective de cette conférence, «un travail de prospection des compétences est en cours à travers le territoire national afin de leur permettre de mettre en pratique leurs connaissances au service du pays».
Il a ajouté qu’outre les départements ministériels impliqués, les collectivités localités et les parlementaires prendront part à cette rencontre avec l'objectif de «faire comprendre aux citoyens la responsabilité qui incombe à tout un chacun dans la prévention des risques majeurs».
Enfin, Saâda Madjid, directeur général de l'aménagement du territoire au ministère de l'Intérieur, a abordé la problématique des risques majeurs dans le cadre du Schéma national de l'aménagement du territoire (SNAT), rappelant que celui-ci a été «actualisé» et se trouve «en phase de finalisation». Il a précisé, dans ce sillage, que le SNAT a pour vocation d'identifier l’ensemble des risques et faire en sorte d'en réduire les conséquences.
Lors de ce séminaire, les participants ont rendu un hommage aux agents de la Protection civile…