Générale de Houwa w hia au TRO : Quatre personnages en quête de vraisemblance

23/12/2023 mis à jour: 02:03
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La pièce Houwa w hia (lui et elle), mise en scène par Yessad Abdelnour, d’après un texte de l’auteur Abdelkader Belkeroui, rassemble en tout quatre comédiens

La cuvée 2023 du théâtre régional d’Oran, Houwa w hia (lui et elle), a eu sa générale mercredi dernier en présence d’un nombreux public oranais. 
 

Rappelons que celle de 2022, El Azeb, avait reçu un franc succès auprès des amateurs du 4e art, aussi bien à Oran qu’à travers les autres wilayas du pays et même à l’étranger, notamment en Tunisie. 

Pour ce qui est de Houwa w hia, ça risquerait d’être un peu plus compliqué car on sort de la légèreté qui avait prévalu dans El Azeb pour s’attaquer à un registre plus complexe, un registre qui, sans être proprement kafkaïen, se complait néanmoins, de temps à autre, dans l’abstrait, voire  dans l’art de suggérer l’idée au lieu de la dire tout à fait. Mise en scène par Yessad Abdelnour, d’après un texte de l’auteur Abdelkader Belkeroui, Houwa w hia rassemble en tout quatre comédiens : d’abord le couple Houria Zaouch et Jahid Din Henane, campant respectivement les rôles d’enseignante universitaires et d’écrivain blasé et survivant, bon an mal an, en compagnie de leur enfant malade, en bas âge, dans une hostilité ambiante qui n’est pas sans évoquer un climat de tension, une atmosphère de guerre. 

Le décor est des plus rudimentaires : des boules de papiers dispersées en tas sur le sol (provenant des ratures de l’écrivain ou même des copies d’élèves que l’enseignante a peut-être jetées tant ces derniers s’adonnaient au copiage), des boîtes de cartons fermées s’empilant les unes sur les autres, un roking chair, un tabouret et une mini-table de travail. Ne se contentant plus d’observer et d’écrire, l’écrivain se décide un jour de prendre part à l’action, s’engager pour la survie de son fils. Il s’en va alors laissant à sa femme le premier jet de son nouveau manuscrit qu’elle se met à lire. 

A ce moment-là, nous entrons dans une mise en abyme et le décor change du tout au tout pour mettre sous les feux des projecteurs Nassima Zabchi et Ahmed El Aouni. Les deux sont en fait les personnages de l’histoire qu’écrit Jahid Din Henane et qu’il n’a du reste pas encore terminé. Nassima Zabchi est infirmière de guerre, humaniste et dotée d’un courage hors du commun. Elle fait face au sanguinaire Ahmed El Aouni, qu’on peut supposer être un terroriste sans pour autant avoir une idée sur le contexte, sur l’époque dans laquelle il se livrait à ses basses besognes. Affaibli par une grave blessure qui lui fait perdre beaucoup de sang, il reste néanmoins dangereux car armé d’un pistolet chargé. 

Cela ne semble pas impressionner outre mesure l’infirmière qui lui assène des «punchlines» à même de le remettre à sa place, mais qui décide quand même de le soigner, en infirmière consciencieuse ayant prêté le serment d’Hippocrate. Bien que s’adoucissant de temps à autre, se déridant par moment, le sanguinaire n’en demeure pas moins une tête de mule qui dérobe à l’infirmière sa sacoche médicale (celle grâce à laquelle, pourtant, elle avait calmé ses douleurs) pour la cacher dans un recoin de l’endroit (on ne sait même pas s’il s’agit d’un maquis ou autre) où il était terré. 

En vérité, cette sacoche contenait également les médicaments que l’infirmière s’administrait pour alléger quelque peu le mal incurable qui la rongeait. Cette femme n’avait peur de rien, pas même de la mort pour se savoir condamnée aussi par la maladie, de fait le terroriste la menaçait de son arme, elle lui répliquait : «Allez chiche ! Tire si tu oses !» Et puis l’histoire s’arrête là pour revenir aux premiers personnages : Houaria Zaouch avait tout simplement cessé de lire car elle était arrivée à là où son l’écriture de son écrivain de mari s’était arrêtée. 

Ce dernier, de retour, se remet à écrire et par la suite, la fin de la pièce se veut ouverte, laissant le spectateur l’imaginer à sa guise, ou l’interpréter comme il le souhaite. Au rang des spectateurs, autant dire que les avis étaient mitigés, entre ceux qui ont apprécié la pièce, ceux qui l’ont tout à fait rejeté, tant «l’invraisemblance» à leurs yeux, étaient de mise et ceux qui l’ont trouvé inachevée, surtout vers la fin. 

L’avis le plus lucide émane d’une spectatrice qui a déclaré, à la fin de la représentation : «Pour se faire une idée exacte sur Houwa w hia, il faut peut-être revoir cette pièce une seconde fois, lui donner une seconde chance. Il y a sûrement des détails, des clins d’œil qui nous ont échappés au premier visionnage de la pièce. 

Pour ce qui me concerne, je sais qu’en revoyant cette pièce encore une fois, je saurais alors exactement si elle est formidable ou si elle ne vaut pas tripette».    
 

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